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Joko Widodo, un musulman modéré élu pour un second mandat en Indonésie

Joko Widodo, vu comme un musulman modéré en Indonésie où l'islam conservateur progresse, a remporté un second mandat présidentiel grâce…

Joko Widodo, vu comme un musulman modéré en Indonésie où l’islam conservateur progresse, a remporté un second mandat présidentiel grâce à une popularité intacte entretenue par de grands travaux d’infrastructures et des mesures sociales.

Arborant souvent une chemise en batik et un sourire affable, celui qui est aussi surnommé « Jokowi » a sillonné sans relâche le vaste archipel indonésien pendant la campagne. Il s’est prêté volontiers aux selfies et a tweeté à tout va dans ce pays accro aux réseaux sociaux.

Le président sortant de 57 ans avait choisi comme candidat à la vice-présidence le prédicateur conservateur Ma’ruf Amin afin de donner des gages à l’électorat musulman religieux et contrer ceux qui voulaient le discréditer en le présentant comme un chrétien ou un chinois.

Face à l’ancien général Prabowo Subianto, un homme à poigne qui s’était rapproché des groupes islamiques radicaux, il est vu comme un défenseur de la démocratie et en rempart face aux islamistes les plus extrêmes.

– Des origines modestes –

Issu d’un milieu modeste, l’homme politique qui a grandi dans une cabane de bambou, a connu une ascension politique rapide.

Fils de charpentier, Jokowi a grandi dans les environs de Solo, une ville moyenne. Il y a vendu des meubles et créé une société d’import-export qui lui a permis d’acquérir une notoriété et une indépendance financière.

Il se lance en politique en 2005 et décroche la mairie de Solo où il est réélu triomphalement. Cet homme charismatique est propulsé en 2012 gouverneur de Jakarta, un poste qui lui sert de tremplin pour la présidence où il sera élu en 2014.

Ce fan de heavy metal a aussi séduit les électeurs pour son apparence modeste dans un pays miné par la corruption.

Considéré comme un outsider quand il est arrivé au pouvoir dans un paysage politique jusque là monopolisé par de grandes familles et l’élite issue de la dictature de Suharto, il a su vite trouver des alliés.

Au pouvoir, il a encouragé un boom des infrastructures avec la construction de routes, d’aéroports et de liaisons ferroviaires dans l’archipel de 17.000 îles.

Il a aussi renforcé la couverture sanitaire et sociale de la population et fourni une aide aux agriculteurs les plus pauvres.

– Bilan décevant sur les droits de l’homme –

Mais le bilan de son premier mandat sur les droits de l’homme n’a pas été à la hauteur des espoirs suscités par celui qui était présenté comme l' »Obama indonésien » pour ses origines modestes et une certaine ressemblance physique.

Les ONG de défense des droits de l’homme critiquent les arrestations d’activistes et de nouvelles lois qui permettent d’interdire les organisations de masse ou limitent la liberté d’expression sur internet.

Elles soulignent aussi qu’il a peu réagi face à la montée de l’intolérance envers la communauté LGBT ou la multiplication des discriminations contre les minorités religieuses dans ce pays qui compte la plus grande population musulmane au monde.

Les électeurs des minorités religieuses, comme à Bali où la majorité est hindouiste, ont toutefois voté en masse en sa faveur, estimant qu’il saurait mieux garantir leurs intérêts.

Ce père de trois enfants, apparaît en public aux côté de sa femme Iriana, qui ne porte pas le voile. Et il s’est volontiers affiché en grand-père gâteau dans les médias en jouant avec son petit fils.

Depuis le scrutin du 17 avril, il s’est abstenu de proclamer sa victoire avant la fin du décompte officiel, mais a annoncé des projets à long terme comme un projet de déménagement de la capitale hors de Jakarta, afin de marquer son autorité.

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