InternationalAFP




Josep Borrell, de la diplomatie espagnole à la diplomatie européenne

En étant choisi mardi pour le poste de Haut représentant pour les affaires étrangères de l'UE, l'Espagnol Josep Borrell, 72…

En étant choisi mardi pour le poste de Haut représentant pour les affaires étrangères de l’UE, l’Espagnol Josep Borrell, 72 ans, revient au premier plan sur la scène européenne où il avait rebondi il y a quinze ans en prenant la présidence du parlement européen.

Cette nomination à Bruxelles est une consécration pour le socialiste à la chevelure blanche qui avait signé son retour aux affaires l’an dernier comme ministre des Affaires étrangères du socialiste Pedro Sanchez après plusieurs années passées loin de la politique.

Peu adepte de la langue de bois, Borrell a été très actif ces derniers mois sur le dossier vénézuélien et s’est montré régulièrement critique de l’administration Trump, accusée notamment de jouer les « cowboys » dans le pays latino-américain.

M. Borrell peut parfois aussi se montrer irritable comme en mars lorsqu’il avait interrompu, furieux, une interview sur une chaîne allemande face à la remise en question de l’indépendance de la justice espagnole dans le dossier catalan.

Se plaçant à l’aile gauche du Parti socialiste, Josep Borrell avait crée l’événement en avril 1998 en étant désigné candidat à la présidence du gouvernement pour les législatives de 2000 avec le soutien de la base séduite par son charisme.

Ascension de courte durée puisqu’il jette l’éponge en mai 1999 après avoir été éclaboussé par un scandale de fraude fiscale impliquant deux de ses anciens collaborateurs au secrétariat d’Etat aux Finances, un poste auquel il avait été nommé par le chef du gouvernement Felipe Gonzalez en 1984 avant de se voir confier en 1991 le ministère des Transports et Travaux publics.

Passé à côté de son destin national, Borrell, amateur de trekking qui s’est souvent défini comme « un coureur de fond », se convertit aux questions européennes. Représentant du Parlement espagnol en 2002 à la Convention européenne, il devient président du Parlement européen de 2004 à 2007.

– Anti-indépendantiste –

Catalan fermement anti-indépendantiste, Josep Borrell s’est illustré ces dernières années par son opposition aux séparatistes dans sa région natale, prenant notamment la parole lors de manifestations pour l’unité de l’Espagne à Barcelone en 2017, année de la tentative de sécession de la Catalogne.

Après être entré au gouvernement, il a mis sur pied un secrétariat d’Etat chargé de défendre la réputation de l’Espagne face aux indépendantistes catalans, accusés de mener « une campagne orchestrée de désinformation ». Sa nomination à la tête de la diplomatie espagnole avait été mal reçue par les séparatistes dont l’ex-président catalan Carles Puigdemont qui l’avait accusé d’alimenter « la haine » des Catalans.

Né le 24 avril 1947 dans un petit village des Pyrénées catalanes, Pobla de Segur, Josep Borrell est fils de boulanger et avait l’habitude d’accompagner son père pour distribuer le pain dans les villages à dos d’âne.

Obtenant de nombreuses bourses, il a fait de brillantes études. Après un cursus d’ingénieur aéronautique à Madrid, il décroche un master à Stanford aux Etats-Unis, un master à l’Institut français du Pétrole et un doctorat en Sciences économiques.

Père de deux enfants issus d’un premier mariage avec une Française qu’il avait rencontrée alors qu’il travaillait dans un kibboutz en Israël, Borrell est en couple depuis vingt ans avec l’ancienne ministre et actuelle présidente du parti socialiste espagnol, Cristina Narbona.

Avant de retrouver la politique l’an dernier, M. Borrell avait été membre du conseil d’administration du groupe d’énergie Abengoa.

A ce titre, il a écopé l’an dernier d’une amende de 30.000 euros pour délit d’initié après avoir vendu en 2015 des actions de la société, peu avant qu’elle annonce se diriger vers le dépôt de bilan.

Suivez l'information en direct sur notre chaîne