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Juan Guaido, l’outsider qui a « tout essayé » pour évincer Nicolas Maduro

En douze mois, ses tempes ont blanchi. Fort du statut de président par intérim du Venezuela que lui reconnaît une…

En douze mois, ses tempes ont blanchi. Fort du statut de président par intérim du Venezuela que lui reconnaît une cinquantaine de pays, Juan Guaido admet avoir « tout essayé » en 2019 pour évincer Nicolas Maduro, en vain. Mais en 2020, l’outsider compte relancer son offensive.

Physique élancé, voix grave et sourire facile, Juan Guaido, 36 ans, a passé toute l’année dernière à sillonner le Venezuela pour répandre son credo : le président socialiste est un « usurpateur » bardé d’un entourage « corrompu » qui s’est maintenu au pouvoir pour un deuxième mandat à la faveur de la présidentielle « frauduleuse » de 2018.

Dans son entreprise pour bouter l’héritier politique d’Hugo Chavez (1999-2013) hors du palais de Miraflores, Juan Guaido a le soutien des Etats-Unis, du Brésil ou de la France qui le reconnaissent comme président par intérim du pays en crise.

Pour revendiquer ce statut, l’opposant invoque la Constitution qui prévoit que le président du Parlement unicaméral — donc lui — prenne les rênes du pays dès lors que le pouvoir est vacant.

Dimanche, Juan Guaido devrait de nouveau obtenir l’adoubement de ses pairs députés pour rempiler à la présidence de l’hémicycle et ainsi poursuivre sa croisade destinée à mettre fin à deux décennies de pouvoir chaviste.

« Juan est prêt à relever le défi. Il n’y a aucun doute », assure à l’AFP la députée Olivia Lozano, membre, comme lui, de Voluntad popular (Volonté populaire), le parti créé par son mentor, l’opposant Leopoldo Lopez, aujourd’hui réfugié à l’ambassade d’Espagne à Caracas.

Sorti de l’ombre le 5 janvier 2019 à la faveur de son élection à la présidence du Parlement, Juan Guaido vient de la région côtière de Vargas, à une heure en voiture de Caracas. Il se définit lui-même comme un « survivant » de la tragédie qui a frappé sa région en 1999, lorsque des milliers d’habitants ont péri dans de gigantesques glissements de terrain.

De quoi faire dire à la députée d’opposition Delsa Solorzano que Juan Guaido « sait se débrouiller en situation de crise ».

Ingénieur de formation, catholique et père d’une petite fille, il est élu pour la première fois député en 2015.

Très présent sur les réseaux sociaux qu’il utilise pour déjouer des médias officiels corsetés par le pouvoir, il utilise un discours direct. Il taxe Nicolas Maduro de « dictateur » et le rend responsable de la crise humanitaire que traverse le Venezuela.

-« Deuxième chance »-

Mais depuis l’été, la rhétorique de Juan Guaido ne suscite plus l’enthousiasme populaire qu’elle avait éveillé en début d’année. Les manifestations anti-Maduro qui drainaient des centaines de milliers de Vénézuéliens n’attirent plus qu’une poignée de contestataires.

Et les tuiles s’accumulent : son appel au soulèvement de l’armée le 30 avril a fait long feu et des députés de son entourage ont récemment été accusés de corruption.

Mais surtout, Juan Guaido n’est pas parvenu à faire basculer l’état-major de l’armée — pierre angulaire du système politique vénézuélien — toujours loyal à Nicolas Maduro.

Sa popularité s’effrite. Elle est passée de 63% début 2019 à 38,9% en décembre, selon une enquête du cabinet Datanalisis.

En 2019, Juan Guaido admet avoir « tout essayé », mais il compte « poursuivre le combat » en « corrigeant certaines choses et en redoublant d’efforts ».

Avec sa réélection plus que probable dimanche, l’opposant va obtenir « une deuxième chance », croit Benigno Alarcon, politologue à l’université Andres Bello de Caracas.

Mais Juan Guaido va devoir unifier une opposition très divisée. Il devra aussi décider s’il participe ou non aux élections législatives prévues courant 2020 qu’il dit pour le moment vouloir boycotter si elles sont organisées par le pouvoir.

Juan Guaido donne toujours de l’urticaire à Nicolas Maduro, qui le qualifie de « gamin imbécile ». Tout au long de 2019, le pouvoir a sorti son arsenal juridique pour le freiner. Il est accusé, entre autres, de corruption et de liens avec le groupe de paramilitaires colombiens Los Rastrojos, des charges qui pourraient lui valoir 30 ans de prison.

Mais Washington a prévenu Nicolas Maduro : arrêter Juan Guaido serait son « ultime erreur ».

Pour le député chaviste Francisco Torrealba, Juan Guaido va passer une année « insignifiante » de plus au perchoir du Parlement. L’opposant, assure-t-il à l’AFP, n’est qu’un « exécuteur d’ordres » de Leopoldo Lopez et de Washington.

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