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Kaaris, marquis du rap hardcore

Le rappeur Kaaris, jugé jeudi pour violences aggravées comme son rival Booba après leur bagarre à Orly, est un des…

Le rappeur Kaaris, jugé jeudi pour violences aggravées comme son rival Booba après leur bagarre à Orly, est un des poids lourds du rap dit « hardcore » en France, avec ses paroles crues et ses basses d’afro-trap.

Peu connu du grand public, le musicien de 38 ans, est pourtant parmi les rappeurs les plus écoutés de France avec cinq albums et de nombreux tubes dont « Tchoin » (2016), qui approche les 100 millions de vues sur YouTube.

Le colosse au crâne rasé et à la barbe épaisse, qui a été révélé notamment par un duo avec Booba, se présente sous le nom de « Zongo le dozo » (le « chasseur beau-gosse »).

Il est un des fers de lance de l’afro-trap, mélange de basses et synthétiseurs empruntés à l’électro et de sonorités africaines. Et rappe un univers de rues sombres, entre drogue, grosses cylindrées, gros calibres et « putes » (son gimmick hurlé à longueur de chansons).

« Je ne cherche pas à choquer, mais j’écris sur ce que je connais », expliquait-il en 2015 dans une interview à l’AFP. « Ma musique, c’est un défouloir, du divertissement, il faut prendre ça au second degré (…) Si on devait transposer ça dans une autre musique, disons que ce serait du métal par rapport au rock ».

Né en Côte d’Ivoire le 30 janvier 1980, de son vrai nom Okou Gnakouri, Kaaris est orphelin de père très tôt et grandit à Paris et Sevran (Seine-Saint-Denis). Après des débuts dans la danse et le graffiti, il se lance dans le rap en 1999.

Entre des tubes très crus, le rappeur s’autorise quelques morceaux plus « doux » comme la chanson-titre de son 3e album, « Le bruit de mon âme » où Kaaris, qui se dit musulman croyant, s’interroge « sur le bien et le mal ». Père d’une petite fille, il a également lancé sa marque de vêtements « Jeune riche ».

– De « Kalash » au clash –

Le rappeur de Sevran explose en 2012 grâce à sa collaboration avec Booba, intitulée « Kalash ».

« C’était un échange de bons procédés », explique le rappeur au site Clique en 2015. « J’avais besoin que les gens découvrent ce que je faisais, et Booba avait besoin des lumières de la street ». Leur relation dérape fin 2014 quand Booba se moque de Kaaris sur une vidéo Instagram.

Kaaris lui répond immédiatement sur Facebook, avec ce verbe haut travaillé dans les « battles », ces joutes verbales entre rappeurs. Il lui intime de venir l’affronter dans la rue et pas sur internet, lui promettant de lui « briser les os » et « boire (son) sang ».

Le « Duc de Boulogne », qui dépasse largement le « dur » de Sevran en termes de ventes de disques et de notoriété, en remet une couche début 2018 dans une interview aux Inrocks: « il a du talent et un potentiel, mais ça reste un produit brut qui a cru à tort qu’il pouvait me détrôner », dit-il de son ancien protégé.

Les deux rappeurs et leurs proches, qui se sont affrontés le 1er août dans un hall de l’aéroport d’Orly, ont été incarcérés pendant trois semaines.

Libérés le 23 août, ils restent sous contrôle judiciaire jusqu’au procès qui s’ouvre jeudi au tribunal de Créteil. Ils doivent répondre de violences aggravées et de vols en réunion avec destruction dans un lieu d’accès aux transports collectifs, des faits passibles d’une peine pouvant aller jusqu’à dix ans de prison.

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