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Kenya: les survivants ont cru leur dernière heure arrivée

Quand une explosion et les premiers coups de feu ont retenti mardi dans un complexe hôtelier huppé de Nairobi, les…

Quand une explosion et les premiers coups de feu ont retenti mardi dans un complexe hôtelier huppé de Nairobi, les gens se sont cachés dans leurs bureaux, leurs voitures ou les toilettes, pour certains pendant les 20 heures du siège.

Voici des récits de survivants de cette attaque revendiquée par les islamistes somaliens shebab, affiliés à Al-Qaïda.

– Un dernier mot d’amour –

« S’il vous plaît, dites à ma famille que je l’aime », a écrit sur Twitter Ronald Ng’eno, 38 ans, faisant ses adieux à son épouse et ses deux enfants, blotti dans des WC.

Secouru 11 heures plus tard, ce chargé de communication a expliqué à l’AFP qu’il était à son bureau quand il a entendu « une énorme explosion suivie par des tirs sans fin ».

Lui et ses collègues ont tenté de fuir, avant de comprendre que des assaillants étaient déjà là.

« Ils ont commencé à tirer directement sur nous et c’est là qu’on a changé de direction et couru vers les toilettes, situées au premier étage. En entrant dedans, j’ai vu une petite ouverture dans le plafond et je me suis caché là pendant un moment. »

Il a envoyé un premier tweet à la police appelant à l’aide.

« Mais au fur et à mesure que les tirs semblaient se rapprocher, mes espoirs de revoir ma famille s’amenuisaient ».

Il a alors décidé de twitter son dernier message. « Si je meurs, j’aime le Seigneur et je crois que j’irai au Paradis. S’il vous plaît, dites à ma famille que je l’aime, je vous aime Caleb, Mark et Carol ».

Plus tard, il est descendu de son abri pour rejoindre six personnes cachées dans les toilettes.

Il est resté en contact avec la police jusqu’à ce que son téléphone n’ait plus de batterie, vers 23H00 (20H00 GMT).

« Heureusement, la police nous avait dit qu’ils frapperaient à la porte d’une certaine manière pour s’identifier et à 02H30 mercredi, nous les avons entendus frapper et nous savions que l’aide était enfin arrivée. »

Ronald pense que la peur de laisser ses enfants sans père l’a maintenu en vie. « Je voulais survivre pour pouvoir prendre soin de mes enfants. »

– Sauvé par une batterie à plat –

Brian Gatimu, un agent de voyage, estime devoir sa survie à sa batterie de voiture défectueuse.

« J’avais laissé les lumières allumées. C’est la volonté de Dieu », a-t-il raconté à la radio Capital FM News.

Il quittait son bureau et a été retardé sur le parking aérien en cherchant quelqu’un pour l’aider à faire démarrer sa voiture.

Deux minutes après avoir réussi à la faire démarrer, il a entendu une grosse détonation.

« J’ai vu une fumée énorme monter de l’entrée. Je me suis penché sur le toit pour regarder vers le bas. Et j’ai vu une balle briser une vitre ».

Il s’est immédiatement caché dans sa voiture, où il est resté pendant deux heures, appelant à l’aide sur Twitter, avant que des policiers ne viennent à son secours.

– Un café et une cicatrice –

Reuben Kimani, serveur à l’hôtel Dusit, affirme avoir reconnu au moins un des auteurs de l’attentat: il lui avait servi un café dans les jours ayant précédé l’attaque.

« Je connaissais l’un d’entre eux parce qu’il avait une grosse cicatrice sur une main », a-t-il rapporté. « Ils ont tiré sur six de mes amis, quatre ont survécu et deux sont morts. »

D’après lui, avant d’ouvrir le feu, les shebab ont crié: « Pourquoi est-ce que vous tuez nos frères et sœurs en Somalie ? »

Il est resté plusieurs heures piégé dans l’hôtel, avant d’être secouru.

– ‘Chacun pour soi’ –

Cyprian Otieno, un étudiant de 23 ans, prenait un verre avec un ami à l’hôtel Dusit.

« Tout d’un coup, on entend un BOOM assez bizarre suivi par des coups de feu !(…) Là on commence à se demander ce qui se passe. Les services de sécurité à l’entrée hurlaient: +Reculez! Reculez!+ », a-t-il raconté à l’AFP via Twitter.

Après environ une demi-heure, ils ont entendu une voix crier: +Tuez-les, tuez-les » en swahili, et de nouveaux coups de feu.

Avec une vingtaine de personnes terrifiées, il a tenté de s’enfuir par l’arrière de l’hôtel.

« Nous on a pu sauter la barrière. Très désolé, mais à ce moment-là c’était chacun pour soi (…) Même quelques heures après, je ne m’en remets toujours pas! J’écris ça avec des larmes dans mes yeux! Mais Dieu merci!!! »

– Après Westgate, Dusit –

Tracy Wanjiru, 28 ans, tient un salon de beauté dans le complexe DusitD2. Cinq ans plus tôt, et alors enceinte, elle avait déjà survécu à une attaque des shebab, au centre commercial Westgate, non loin de là.

« Je travaillais là-bas (à Westgate) quand ils avaient attaqué. Ce n’était pas facile, comme aujourd’hui. Tout ce que je peux faire, c’est remercier Dieu », a-t-elle déclaré au site d’information Nairobi News.

Après la première explosion, elle a vu « des morceaux de corps humains au milieu des flammes voler en l’air. »

Après son évacuation, elle a brièvement raconté ce qui lui était arrivé sur Facebook.

« Je suis sortie saine et sauve (…) Je remercie tout ceux qui se sont inquiétés pour moi (…) Je remercie juste Dieu d’être en vie. Un mec est venu avec des explosifs (…) Les images dans ma tête sont si effrayantes. »

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