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Kenya: lourdes peines de prison pour les complices de l’attaque de Garissa

Trois hommes reconnus coupables d'avoir aidé les auteurs de l'attaque contre l'Université de Garissa en 2015, dans le nord-est du…

Trois hommes reconnus coupables d’avoir aidé les auteurs de l’attaque contre l’Université de Garissa en 2015, dans le nord-est du Kenya, ont été condamnés mercredi à de lourdes peines de prison pour leur rôle dans ce massacre perpétré par les islamistes somaliens shebab, qui avait fait 148 morts.

Le juge Francis Andayi a condamné le Tanzanien Rashid Charles Mberesero à la réclusion à perpétuité et les deux Kényans Mohamed Ali Abikar et Hassan Edin Hassan à 41 ans de prison. Ils sont restés impassibles à la lecture de leurs peines, regardant le sol ou le plafond de la salle d’audience, dans laquelle avaient notamment pris place des proches des victimes.

« Justice a été rendue, mais ils auraient pu être condamnés à la pendaison », a réagi Terry Korir, qui a perdu un frère dans l’attaque, à l’issue de l’audience. La peine de mort, prévue par le code pénal kényan, n’a plus été exécutée depuis 1987.

« Ce sont des terroristes et les terroristes n’ont pas leur place dans la société, Qu’ils pourrissent en prison », a pesté Duncan Kandie, qui a perdu une soeur dans l’attaque de Garissa.

Les trois hommes, les premiers à être jugés pour cette attaque, avaient été déclarés coupables le 19 juin de « conspiration pour commettre un acte terroriste » et « commission d’un acte terroriste », alors qu’un coaccusé avait été acquitté.

Le magistrat ne leur a trouvé mercredi aucune circonstance atténuante au moment de déterminer leurs peines. « Personne au monde n’ignore les effets dévastateurs des activités terroristes », a-t-il déclaré. « De nombreuses vies ont été perdues et les membres du public étaient en panique ».

Le juge Andayi n’a pas précisé comment les trois hommes avaient aidé les auteurs de l’attaque, mais a expliqué les différences de peine par le fait que le Tanzanien, contrairement aux deux autres, avait été arrêté sur le lieu de l’attaque.

Durant le procès, l’accusation avait mis en avant des contacts, notamment téléphoniques, que les trois hommes avaient eus avec les assaillants. Le Tanzanien avait par ailleurs été vu sur le campus universitaire trois jours avant l’attaque et avait été retrouvé sous un lit de la résidence universitaire le jour de l’attaque sans pouvoir expliquer sa présence.

Le procureur Duncan Ondimu avait requis la perpétuité pour les trois hommes, demandant à la Cour de « prendre en compte le traumatisme psychologique subi par les victimes, qui n’ont pas pu riposter, avant d’être massacrées ».

– Cerveau –

A l’aube du 2 avril 2015, un commando était entré dans l’université en ouvrant le feu au hasard, avant de pénétrer dans la résidence universitaire, séparant musulmans et non-musulmans, laissant partir les premiers et gardant les seconds, des étudiants chrétiens en majorité.

Les quatre assaillants avaient été tués dans l’assaut des forces de sécurité. Le cerveau présumé de l’opération, Mohamed Mohamud alias « Kuno », un Kényan ancien professeur dans une école coranique de Garissa, avait été tué en 2016 dans le sud-ouest de la Somalie.

L’attaque de Garissa a été la plus meurtrière sur le sol kényan depuis l’attentat contre l’ambassade des États-Unis à Nairobi (213 morts) en 1998, alors revendiquée par le réseau Al-Qaïda, auquel les shebab sont affiliés depuis 2012.

Les shebab visent le Kenya notamment en raison du déploiement des forces kényanes depuis 2011 en Somalie, où elles combattent les islamistes au sein de la mission de l’Union africaine dans ce pays (Amisom).

En 2013, les shebab avaient mené un assaut contre le centre commercial Westgate, à Nairobi, faisant 67 morts. Le 15 janvier, le Kenya a connu sa pire attaque depuis Garissa, quand un commando shebab a visé un complexe de Nairobi regroupant l’hôtel Dusit et des bureaux, faisant 21 morts.

La réponse des forces de sécurité à l’attaque du Dusit avait été louée pour son efficacité par la presse kényane et les spécialistes des questions de sécurité, qui ont noté un contraste saisissant avec la réponse catastrophique apportée à l’attaque du Westgate.

Depuis 2013, d’importants efforts ont été réalisés pour former les unités amenées à être déployées dans ce genre de situation.

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