InternationalAFP




Kosovo: Clinton en invité d’honneur pour fêter « vingt ans de liberté »

Le Kosovo a invité l'ancien président américain pour fêter mercredi le 20e anniversaire de l'intervention de l'Otan, qui avait de…

Le Kosovo a invité l’ancien président américain pour fêter mercredi le 20e anniversaire de l’intervention de l’Otan, qui avait de facto mis un terme à la tutelle de Belgrade sur son ancienne province méridionale.

L’ex-président américain est considéré comme un « sauveur » voire le « père de la nation » par les Albanais kosovars: ils lui savent gré d’avoir été décisif dans la décision de déclencher des frappes occidentales sur la Serbie de Slobodan Milosevic.

Après trois mois de bombardements menés par l’Otan sans mandat de l’ONU, l’homme fort de Belgrade jetait finalement l’éponge en ordonnant le 10 juin 1999 le retrait de ses troupes.

Vingt ans après, l’épisode suscite autant l’enthousiasme à Pristina qu’il reste accueilli par l’amertume à Belgrade.

« Les 19 pays les plus puissants ont attaqué un petit pays attaché à la liberté. Ils nous ont causé d’énormes dégâts dont nous sommes encore en train de nous remettre », a commenté cette semaine le président serbe Aleksandar Vucic.

– Plus de 13.000 morts –

La Serbie inscrit toujours dans sa Constitution sa tutelle sur le Kosovo dont elle n’a jamais reconnu l’indépendance.

Si celle-ci devait être proclamée en 2008, c’est ce 12 juin 1999, avec le déploiement des forces de l’Otan, que Belgrade a définitivement perdu le contrôle de ce territoire majoritairement peuplé d’Albanais, placé sous protection internationale par une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU.

La guerre du Kosovo (1998-99) entre forces serbes et guérilla indépendantiste kosovare albanaise a coûté la vie à plus de 13.000 personnes (dont plus de 11.000 Albanais, 2.000 Serbes et quelques centaines de Roms).

Elle a été marquée par des atrocités contre des civils et une campagne d’épuration ethnique qui a poussé sur les routes des centaines de milliers de réfugiés.

Ce fut le dernier chapitre des guerres intercommunautaires qui ont déchiré l’ex-Yougoslavie.

Cette semaine, les responsables kosovars, dont beaucoup sont d’anciens commandants de la guérilla, ont célébré cet anniversaire sur Twitter avec le mot clé en anglais « #Kosovo20yearsFree », « #Kosovo20ansdeliberté ».

– Relations exécrables –

Mais vingt ans après que les armes se sont tues, la situation n’est toujours pas normalisée entre Belgrade et Pristina. Leurs sujets de discorde restent légions et apparaissent comme un obstacle à leur rapprochement avec l’Union européenne que les deux entendent rejoindre.

Depuis fin 2018, Pristina impose des droits de douane de 100% sur les produits d’importation serbe, exigeant une reconnaissance de sa souveraineté.

Et Pristina n’a pas mis en place la « communauté des municipalités » serbes qui était prévue par l’accord de 2013 passé sous l’égide de l’ONU.

Selon les estimations, quelque 120.000 Serbes (sur 1,8 million d’habitants) vivent toujours au Kosovo qu’ils considèrent comme leur berceau historique et religieux.

Si plus de 110 pays –dont la plupart des Occidentaux– ont reconnu son indépendance, la Russie et la Chine s’y refusent, ce qui ferme la porte de l’ONU au Kosovo.

Mais le soutien américain a été indéfectible. La bannière étoilée est partout au Kosovo, y compris dans les administrations officielles. Bill Clinton, qui doit s’adresser à la foule, a même son boulevard et sa statue dans le centre de Pristina.

Un bronze de sa secrétaire d’Etat de l’époque, Madeleine Albright, doit également être dévoilé mercredi.

Mardi, Bill Clinton a été décoré par le président Hashim Thaçi, qui lui a exprimé la gratitude de son peuple pour lui « avoir apporté la liberté ». L’Américain lui a répondu qu’il serait « toujours fier » de sa contribution.

A Washington, l’actuelle administration américaine a appelé lundi la Serbie et le Kosovo à « redoubler d’efforts pour trouver un accord complet centré sur une reconnaissance mutuelle ».

Un récent sommet à Berlin, sous égide européenne, n’a accouché d’aucun résultat concret. Une nouvelle rencontre entre Hashim Thaçi et Aleksandar Vucic, envisagée pour début juillet à Paris, n’a pas encore été officiellement confirmée.

Suivez l'information en direct sur notre chaîne