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La BEAC table sur «une accélération moins que prévue » de l’économie en zone CEMAC

La Banque des États de l'Afrique centrale (BEAC) a annoncé, dans un rapport publié vendredi, «une accélération moins que prévue…

La Banque des États de l’Afrique centrale (BEAC) a annoncé, dans un rapport publié vendredi, «une accélération moins que prévue des activités» économiques dans la sous-région en 2018.Ses projections mises à jour tablent ainsi sur un taux de croissance de 1,7%, contre +0,2% en 2017, une progression du niveau général des prix autour de 1,7% en moyenne annuelle, contre 0,9% en 2017, un accroissement de l’excédent du solde budgétaire base engagements, dons compris, à 0,5% du produit intérieur brut (PIB), contre -3,1% du PIB en 2017.

Dans le même temps, prévoit la Banque centrale, le déficit du compte courant de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC) se contracterait à -3,7% du PIB, contre -4,2% du PIB en 2017 ainsi qu’un accroissement de la masse monétaire de 6,3%, pour un taux de couverture extérieure de la monnaie qui se maintiendrait à 59,7% environ.

Ces données contrastent fortement avec les prévisions révisées pour 2018 de la situation économique monétaire et financière des États membres de la CEMAC, présentée le 25 juillet dernier par le Comité de politique monétaire (CPM) et qui misaient sur une accélération des activités, avec un taux de croissance de 2,5%, contre une prévision initiale de +1,9%.

À l’époque, l’Institut d’émission planchait également sur une progression du niveau général des prix à 1,6% en moyenne annuelle, contre 0,9% en 2017, un excédent du solde budgétaire base engagements, dons compris, à 0,5% du PIB, contre -3,3% du PIB en 2017, tandis que le déficit du compte courant était attendu à -4,3% du PIB, contre -4,0% du PIB en 2017 et une hausse de la masse monétaire de 7,1%, avec un taux de couverture extérieure de la monnaie qui s’établirait alors à 60,7%.

Selon la BEAC, les hypothèses sur lesquelles se basent les évolutions attendues du cadre macroéconomique pour 2018 portent, au plan externe, sur un redressement plus important des cours mondiaux de pétrole brut, une dépréciation du dollar américain de 5,9% à 546,9 FCFA/dollar, moins importante que celle précédemment envisagée (-8,9%% à 529,1 francs CFA/dollar).

Les mêmes projections prévoient une forte amélioration des termes de l’échange et, au plan intérieur, la hausse de la production pétrolière, le repli de la production de gaz ainsi que la poursuite des réformes macroéconomiques et structurelles par les États de la CEMAC.

L’Institut d’émission met toutefois en garde contre le risque pesant sur la non signature d’un programme financier du Congo avec le Fonds monétaire international (FMI), susceptible d’avoir un effet négatif sur la stabilité monétaire en raison de la faible mobilisation des ressources extérieures qui découlerait d’un tel événement.

«L’accélération de la croissance économique mondiale contribuerait à l’augmentation en volume des échanges mondiaux d’environ 4,2% en 2018 et 4,0% en 2019, contre 5,2% en 2017 et profiterait aux économies de la CEMAC à moyen terme, en dépit d’une détérioration prévisible des termes de l’échange, en liaison principalement avec l’évolution défavorable des cours du pétrole, entre 2019 et 2020.»

Les perspectives économiques et financières sous-régionales, établies par la BEAC, prévoient un taux de croissance réel de l’activité qui devrait s’établir à 3,4% en 2019, avant de redescendre à 3,0% et 3,1% respectivement en 2020 et 2021, contre 1,7% en 2018, grâce principalement aux performances du secteur non pétrolier, une évolution qui résulterait du développement du secteur agricole, des services, du bâtiment et des travaux publics (BTP) et des industries manufacturières.

En soutien à l’activité dans le secteur non pétrolier, la Banque centrale mise sur le rétablissement de la sécurité en République centrafricaine et aux frontières du Tchad et du Cameroun avec le Nigeria, ainsi que dans les régions du Nord et Sud-Ouest du Cameroun, mais aussi sur la mise en œuvre du Programme de réformes économiques et financières (PREF-CEMAC) et des retombées, positives, de l’application des mesures de consolidation budgétaire contenues dans les programmes signés par les États avec le FMI.

A moyen terme, les prévisions d’inflation établies par les services de la Banque s’inscrivent à la hausse, tout en demeurant sous la norme communautaire de 3%, grâce à la progression de la fiscalité, la vigueur de la demande intérieure, soutenue par l’augmentation des recettes budgétaires et le relèvement des prix du carburant au Gabon et leur progression continue dans la sous-région, en raison de leur indexation sur les cours mondiaux de pétrole brut.

Sur la période 2019-2021, les finances publiques de la CEMAC demeureraient excédentaires, tandis que les comptes extérieurs auraient du mal à se redresser au fil des années et que le taux de couverture extérieure de la monnaie passerait de 63,5% en 2019, à 65,2% en 2020 et à 67,7% en 2021, après 59,7% en 2018, en relation avec la poursuite de l’accroissement des avoirs extérieurs nets en variation annuelle de 13,4% en 2019, 7,0% en 2020, et 14,3% en 2021 après 19,9% en 2018.

Quelques risques subsistent cependant sur ces prévisions, relatifs à un dérapage dans l’exécution des programmes avec le FMI, une chute brutale et imprévue des prix du baril de pétrole brut, un resserrement plus rapide que prévu de la politique monétaire de la Réserve fédérale aux États-Unis.

Au regard de la situation économique et financière qui ne s’améliorerait que très légèrement, et en droite ligne avec l’orientation stratégique de sa politique monétaire pour l’année 2018, la BEAC prévoit de continuer de resserrer sa politique monétaire pour faire remonter ses avoirs de réserves à un niveau adéquat, soit à un niveau minimal correspondant à 3 mois de couverture des importations de biens et services et du service de la dette publique extérieure.

Compte tenu des perspectives macroéconomiques favorables de la sous-région, et en appui à sa soutenabilité extérieure, le CPM a annoncé, le 31 octobre dernier, sa décision de relever le taux d’intérêt des appels d’offres (TIAO) de 2,95% à 3,50%, celui de la facilité marginale de prêt de 4,70% à 5,25%, de maintenir inchangé le taux de la facilité marginale de dépôt, de relever le taux de pénalité aux banques pour le porter de 7,00% à 7,55% et de maintenir inchangés les coefficients des réserves obligatoires.

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