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La bioraffinerie de La Mède, fruit d’une restructuration de l’activité raffinage de Total

La bioraffinerie Total de La Mède, près de Marseille, dont l'activité vient de démarrer est née de la décision du…

La bioraffinerie Total de La Mède, près de Marseille, dont l’activité vient de démarrer est née de la décision du groupe de restructurer son activité de raffinage, mais une récente disposition des parlementaires sur l’huile de palme, jugée « défavorable » par le pétrolier, menacerait déjà sa viabilité.

A la mi-décembre, les députés ont supprimé l’avantage fiscal dont pouvaient bénéficier les biocarburants à base d’huile de palme, menaçant, selon Total, la pérennisation des 250 emplois directs sur les 430 que comptait le site avant sa restructuration, et 1.000 emplois indirects.

Sur un marché européen du raffinage alors plombé par des surcapacités, la raffinerie de La Mède lourdement déficitaire (plus de 100 millions d’euros par an) annonçait en avril 2015 sa reconversion en un site « d’activités tournées vers l’avenir », selon la direction de Total, via un investissement initial de 600 millions d’euros – 200 millions à La Mède, et 400 pour moderniser une autre raffinerie, celle de Donges, en Loire-Atlantique.

Mais l’annonce de la suppression de 180 emplois entraîne un mouvement de grève sur le site à l’appel de la CGT, qui appelle aussi au blocage des stations-service Total.

Finalement, Total revendiquera un investissement total de 275 millions d’euros pour convertir La Mède, qui cesse de raffiner du pétrole brut fin 2016, et installe sur le site un dépôt pétrolier, une ferme solaire capable d’alimenter 13.000 habitants, un centre de formation et la bioraffinerie elle-même, qui doit à terme produire 500.000 tonnes de biodiesel par an.

Dès le départ, le projet s’attire des critiques d’associations écologistes: en juin 2015, les Amis de la Terre s’inquiètent de la consommation prévue d’huile de palme, appelant la ministre de l’Ecologie de l’époque Ségolène Royal à « prendre position » contre le projet.

En avril 2018, les Amis de la Terre et Greenpeace diffusent un document de la préfecture des Bouches-du-Rhône détaillant le plan d’approvisionnement en huiles de l’établissement, et dénoncent un projet « qui fera bondir les importations françaises d’huile de palme de 64%, (qui) démontre l’incohérence totale du gouvernement français », alors que la production d’huile de palme est régulièrement dénoncée pour les ravages écologiques, notamment la déforestation, qu’elle cause dans les pays producteurs (Malaisie, Indonésie).

Un maximum de 300.000 tonnes de cette huile fera tourner la bioraffinerie de Total à La Mède. La direction souligne que « 100% des huiles traitées à La Mède sont certifiées durables selon les critères exigées par l’Union européenne ».

Ces 300.000 tonnes d’huile de palme couvriront moins de 50% de l’approvisionnement total de La Mède, selon Total. La bioraffinerie aura en effet besoin de jusqu’à 650.000 tonnes de matières premières en tout par an, incluant d’autres huiles végétales dont 50.000 tonnes de « colza français », ainsi que des huiles alimentaires usagées, des graisses animales et autres huiles résiduelles.

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