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La Bolivie nomme un ambassadeur à Washington, rompant avec l’ère Morales

La Bolivie a nommé mardi un ambassadeur aux Etats-Unis pour la première fois depuis onze ans, une rupture dans la…

La Bolivie a nommé mardi un ambassadeur aux Etats-Unis pour la première fois depuis onze ans, une rupture dans la politique étrangère du pays andin après le départ de l’ancien président socialiste Evo Morales.

La ministre des Affaires étrangères du gouvernement intérimaire, Karen Longaric, a indiqué sur Twitter avoir « désigné le nouvel ambassadeur (…) auprès du gouvernement des Etats-Unis, Walter Oscar Serrate ».

La nomination de M. Serrate, qui a représenté la Bolivie au Nations-Unies, doit toutefois encore être approuvée par le Sénat, où les représentants du Mouvement vers le socialisme (MAS), le parti de l’ex-président, sont majoritaires.

Evo Morales, arrivé au pouvoir en 2006 et qui briguait un 4e mandat fin octobre, avait expulsé en 2008 l’ambassadeur américain Philip Goldberg au plus fort d’une crise diplomatique avec Washington.

Le chef de l’Etat accusait le diplomate de soutenir les manifestations antigouvernementales qui avaient éclaté dans cinq des neuf départements du pays, et de promouvoir « la division » de la Bolivie en tenant des réunions avec des gouverneurs d’opposition qui, selon La Paz, soutenaient des plans séparatistes dans l’est.

Washington avait répliqué en expulsant l’ambassadeur bolivien Gustavo Guzman. Depuis lors, les deux ambassades étaient dirigées par des chargés d’affaires.

Evo Morales, qui a démissionné le 10 novembre au plus fort de la crise post-électorale et s’est depuis réfugié au Mexique, avait privilégié pendant sa présidence les relations avec l’Iran, la Chine, la Russie, Cuba et le Venezuela.

Rapidement reconnue par Washington comme présidente par intérim, la sénatrice de droite Jeanine Añez, 52 ans, a immédiatement redessiné la politique étrangère du pays andin.

Sa première décision en la matière a été de reconnaître l’opposant vénézuélien Juan Guaido comme président par intérim du Venezuela, à l’instar d’une cinquantaine de pays, Etats-Unis en tête.

Le nouveau gouvernement a également démis tous ces ambassadeurs, nommés sous la présidence Morales, à l’exception de ses représentants au Pérou et au Vatican. Les diplomates vénézuéliens ont également été renvoyés.

– « Cocaleros » radicaux –

Alors que la situation semblait se normaliser progressivement en Bolivie après un mois de crise, les partisans d’Evo Morales les plus radicaux ont continué de manifester mardi dans le Chapare (centre), le fief de l’ex-président, en bloquant des routes.

Ce groupe de paysans, qui continuent de reconnaître comme chef de l’Etat leur « frère Evo », sont « un secteur radical auquel il sera difficile de faire comprendre qu’il doivent suspendre » le mouvement, a déclaré à des journalistes Andronico Rodriguez, 29 ans, le vice-président du syndicat des producteurs de coca.

Les six syndicats de « cocaleros » (cultivateurs de coca) du Chapare, situé sur les contreforts des Andes, ont trouvé un accord avec les autorités pour suspendre les manifestations, mais une partie des producteurs, les plus radicaux, rejettent ce texte.

Signe de la normalisation, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a salué par la voix de son porte-parole « les avancées positives (…) vers une solution pacifique et démocratique à la crise en Bolivie ».

Parallèlement, le ministre des Affaires étrangères a annoncé mardi que 20 ex-responsables politiques proches d’Evo Morales s’étaient réfugiés à l’ambassade du Mexique à La Paz et que quatre d’entre eux dont l’ex-ministre à la Présidence, Juan Ramon Quintanan faisaient l’objet d’un mandat d’arrêt.

MM. Quintana et Morales sont visés par des enquêtes pour « sédition » et « terrorisme ». L’ex-chef d’Etat est accusé d’avoir encouragé ses partisans à bloquer le pays.

La sénatrice de droite Jeanine Añez, qui a fait annuler le scrutin présidentiel de fin octobre, a promulgué dimanche une loi convoquant de nouvelles élections présidentielle et législatives censées pacifier le pays andin. Evo Morales, ne pourra pas se représenter.

Les violences post-électorales ont coûté la vie à au moins 32 personnes depuis le 20 octobre, lorsque s’était tenu le premier tour d’une présidentielle controversée que M. Morales a dit avoir remportée, mais considérée comme frauduleuse par l’opposition.

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