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La conférence sur la Libye fragilisée dès son ouverture

Les acteurs principaux de la crise libyenne se sont retrouvés mardi matin, en marge de la conférence sur la Libye…

Les acteurs principaux de la crise libyenne se sont retrouvés mardi matin, en marge de la conférence sur la Libye à Palerme, boudée par le maréchal Khalifa Haftar, l’homme fort de l’est du pays.

Cette réunion, à laquelle a participé M. Haftar, selon un responsable italien, a débuté dans la matinée en présence du président du Conseil italien Giuseppe Conte.

Egalement présents, le président égyptien Abdel Fattah al Sissi, le chef du gouvernement d’union nationale (GNA) internationalement reconnu, Fayez al-Sarraj, le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian, le Premier ministre russe Dimitri Medvedev, le président tunisien Beji Caïd Essebsi, le Premier ministre algérien Ahmed Ouyahia, l’émissaire des Nations unies pour la Libye Ghassan Salamé et le président du Conseil européen Donald Tusk.

M. Haftar, accueilli lundi soir par M. Conte à la Villa Igiea, avait refusé de participer au dîner avant de faire savoir qu’il ne participerait pas à la session planière de cette conférence qui devait s’ouvrir vers 11H00 (10H00 GMT).

Dans son entourage on explique que ce militaire qui a fait de l’extrémisme islamiste sa bête noire refuse de s’asseoir avec certains des participants à la conférence qu’il juge proche de cette mouvance.

« Haftar a fait le difficile comme il l’a fait plusieurs fois dans le passé (…). C’est une attitude à double tranchant car elle produit un effet sensationnel qui le met en valeur sur le moment, mais les interlocuteurs qu’il humilie ainsi s’en souviennent toujours », a jugé Jalel Harchaoui, spécialiste de la Libye à l’université Paris-VIII, interrogé par l’AFP.

Une dizaine de chefs d’Etat et de gouvernement participent à cette conférence, à laquelle ont été conviés une trentaine de pays dont l’Algérie, la Tunisie, l’Egypte, le Qatar, l’Arabie saoudite, la Turquie, le Maroc, la France, l’Allemagne, la Grèce, ou l’Espagne. L’Union européenne est représentée par Donald Tusk et la cheffe de la diplomatie européenne Federica Mogherini.

Côté libyen, outre MM. al-Sarraj et Haftar, sont également présents le président du Parlement, Aguila Salah, celui du Conseil d’Etat, équivalent d’une chambre haute à Tripoli, Khaled al-Mechri, ainsi que des représentants de certaines milices.

– « Dépasser l’impasse » –

Le gouvernement italien entendait faire de ce rendez-vous de Palerme, qui fait suite à la conférence de Paris sur la Libye en mai dernier, l’occasion pour la communauté internationale de resserrer les rangs derrières les Nations unies dont la feuille de route a été présentée jeudi à New York par l’émissaire de l’Onu pour la Libye, Ghassan Salamé.

« L’Italie et la communauté internationale soutiennent le travail de l’Onu. Il faut dépasser l’impasse dans laquelle le processus politique libyen est englué depuis trop longtemps », a déclaré M. Conte dans un entretien lundi avec le journal La Stampa.

En lever de rideau à cette conférence, des réunions axées sur la sécurité ont eu lieu lundi après-midi entre M. Conte et M. Salamé et des participants libyens.

A cette occasion, Stephanie Williams, l’adjointe de M. Salamé, s’est félicitée des réformes entreprises par le gouvernement de M. al-Sarraj pour rétablir de l’ordre dans la capitale, après des affrontements meurtriers de septembre près de la capitale libyenne, affirmant toutefois il « reste encore beaucoup à faire ».

La conférence de Palerme, minée par les tensions entre factions libyennes, l’est aussi par les divisions entre les différents pays qui s’intéressent de près à la Libye.

Dans une interview à l’AFP jeudi, M. al-Sarraj a ainsi souhaité que la conférence débouche sur « une vision commune vis-à-vis du dossier libyen », soulignant « la nécessité d’unifier les positions » de Paris et Rome.

Après la rencontre de Paris, Rome avait reproché à la France de vouloir faire cavalier seul sur la Libye, dirigée aujourd’hui par deux entités rivales: le GNA, issu d’un processus onusien, basé à Tripoli et une autorité installée dans l’Est soutenue par un Parlement élu en 2014 et une force armée dirigée par M. Haftar.

En mai, Paris avait fortement plaidé pour la tenue d’élections en décembre, rencontrant très vite le scepticisme côté italien, mais aussi côté américain.

Des doutes partagés par M. Salamé qui a indiqué jeudi devant le Conseil de sécurité de l’Onu qu’une conférence nationale devrait se tenir début 2019, enterrant de facto la perspective d’élections avant la fin de l’année.

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