InternationalAFP




La droite européenne s’apprête à sanctionner le populiste Orban

Tiraillée sur le cas de Viktor Orban et ses dérapages populistes contre Bruxelles ou l'immigration, la droite européenne se réunit…

Tiraillée sur le cas de Viktor Orban et ses dérapages populistes contre Bruxelles ou l’immigration, la droite européenne se réunit mercredi pour sanctionner le dirigeant hongrois, à deux mois du renouvellement du Parlement européen.

Le Parti populaire européen (PPE), qui réunit les formations de droite et du centre-droit de l’UE, comme la CDU de la chancelière allemande Angela Merkel ou les Républicains en France, devrait décider d’une suspension temporaire ou d’une exclusion définitive du parti de M. Orban, le Fidesz. La décision est attendue en fin d’après-midi à l’issue d’une réunion à Bruxelles.

Dans un entretien mercredi matin à la radio allemande Deutschlandfunk, le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, a réclamé une fois de plus l’exclusion du Fidesz.

« Depuis des années », a estimé M. Juncker, le parti présidé par Viktor Orban « s’éloigne des valeurs démocrates-chrétiennes ». Par conséquent, « sa place est hors du PPE », a estimé M. Juncker, membre de ce parti mais qui ne participera pas à cette réunion.

Certains craignent cependant qu’exclure l’, une première dans l’histoire de cette formation, la plus importante du Parlement européen, n’ouvre la voie à une scission entre l’Est et l’Ouest du continent.

Ils s’inquiètent également de le voir se jeter dans les bras du vice-Premier ministre italien et ministre de l’Intérieur, Matteo Salvini, le chef de la Ligue, parti d’extrême droite. C’est pourquoi une suspension serait préférée à une exclusion.

Cela fait des mois que la conservatrice se divise sur le cas Orban, âgé de 55 ans et au pouvoir depuis un peu moins de 9 ans.

Mais, en lançant une campagne d’affichage le 19 février contre M. Juncker, appartenant lui aussi au PPE, le Premier ministre hongrois a dépassé les bornes aux yeux de ses critiques.

Sous le slogan: « Vous avez aussi le droit de savoir ce que Bruxelles prépare », ces affiches montraient Juncker, ricanant aux côtés du milliardaire américain juif d’origine hongroise, George Soros, et l’accusaient de soutenir l’immigration sur le Vieux continent.

Furieux, treize partis membres du PPE originaires de dix pays différents, réunis autour d’un noyau dur constitué par les pays du Benelux et de la Scandinavie, ont réclamé début mars « l’exclusion ou la suspension » du Fidesz.

Le chef de file pour les élections européennes du PPE, Manfred Weber, a également accentué la pression sur Viktor Orban, lors d’une visite la semaine dernière à Budapest. M. Orban est devenu une source d’embarras croissant pour l’Allemand qui brigue la succession de M. Juncker.

Le Bavarois a posé trois conditions pour le maintien du dialogue: l’arrêt de la campagne anti-Bruxelles, des excuses auprès des autres partis membrests du PPE et le maintien à Budapest de l’Université d’Europe centrale (CEU) fondée en 1991 par Georges Soros.

– Compromis –

Depuis, le Premier ministre hongrois a fait retirer les affiches controversées et a lancé une nouvelle campagne visant à promouvoir la famille.

Il a également présenté jeudi dernier ses excuses au PPE, même si elles ont été jugées insuffisantes, selon une source proche de Manfred Weber.

Mais concernant l’Université d’Europe centrale, sa bête noire, M. Orban n’a pas bougé. Cet établissement de droit américain, s’estimant chassé par le Premier ministre nationaliste, va déménager l’essentiel de ses activités à Vienne.

Samedi, le président du PPE, Joseph Daul, a affirmé « préparer un compromis ». Selon plusieurs sources, il plaiderait pour une suspension de « plusieurs mois » assortie de conditions pour une éventuelle réintégration.

Selon une source proche de M. Weber, il sera proposé de priver le Fidesz de ses droits de vote dans toutes les réunions du PPE et de lui interdire de proposer des candidats à des postes.

La décision devra être prise par l’Assemblée politique du PPE, réunissant M. Daul, les dix vice-présidents, les présidents d’honneur, le secrétaire général et le trésorier, la direction du groupe au Parlement européen et un représentant de chaque parti membre.

M. Orban pourra défendre sa position devant les 261 délégués, qui voteront à bulletin secret. Une majorité simple est nécessaire.

Suivez l'information en direct sur notre chaîne