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La forêt de Gascogne, entretenue, sûre, mais pas sans vulnérabilités

L'"incendie du siècle" (82 morts en Gironde en 1949) a indirectement contribué à faire de la forêt de Gascogne, plus…

L' »incendie du siècle » (82 morts en Gironde en 1949) a indirectement contribué à faire de la forêt de Gascogne, plus grand massif exploité d’Europe, l’une des plus sûres, mais des risques demeurent: la promiscuité accrue entre la forêt et l’homme et une fragile génération de jeunes pins, legs des tempêtes de 1999 et 2009.

Structure unique en son genre, la collaboration entre associations syndicales de propriétaires forestiers et pouvoirs publics a permis depuis des décennies au massif d’être relativement peu saigné, estime Pierre Macé, directeur de l’Association régionale de Défense des forêts contre les incendies (DFCI).

Q: Quelle était la génèse du « grand incendie » de 1949 ?

R: « 1949, c’est la catastrophe majeure, mais il faut voir que sur la décennie précédente, il y avait eu plusieurs très grands incendies, des sécheresses très marquées, moins de monde en forêt pour l’entretenir (en partie à cause de la guerre, ndlr). L’organisation, à la fois en matière de prévention et de lutte, dans les années 30-40, n’était pas à la hauteur du risque. Pourtant il y avait eu prise de conscience: les années 40 avaient vu la création du corps spécifique des sapeurs-pompiers forestiers, et la collaboration entre le réseau de propriétaires pour gérer aménagement et prévention et les pouvoirs publics (pompiers) pour la lutte. Malheureusement les gens n’avaient pas encore eu le temps de s’organiser, ces structures n’existaient que pour quelques communes ».

Q: Y a-t-il un « avant » et un « après » 1949 dans la lutte contre le feu ?

R: « Il y a eu un coup d’accélérateur spectaculaire, avec généralisation des corps de sapeurs-pompiers forestiers sur la Gironde, les Landes, le Lot-et-Garonne, et de la collaboration entre associations syndicales (exploitants) et pouvoirs publics. Aujourd’hui, quelque 450 communes sont couvertes par ce système. C’est ce qui a permis un aménagement du massif, avec 42.000 km de pistes, allées pare-feu, sentiers d’accès et 5.000 points d’eau. Or une forêt entretenue, valorisée, c’est une forêt protégée. Il faut voir aussi qu’on a un relief (plat) plus facile d’accès pour la lutte contre le feu que d’autres régions. On a aussi des entrées maritimes. Au final, la Gironde est le premier département en France en nombre de départs de feux – à l’échelle du massif, c’est 1.500 feux par an en moyenne depuis 30 ans -, mais une surface brûlée de 1.800 hectares. Ca, c’est surtout le fruit de cette organisation mise en place depuis les grands incendies »

Q: Peut-on parler d’une forêt à l’abri d’incendies majeurs ?

R: « On a aujourd’hui deux points de vigilance majeurs. D’abord l’augmentation de l’interface homme-forêt, avec de plus en plus de monde qui habite, se déplace au sein du massif. Or comme 94% des départs de feu sont liés à l’activité humaine, on a de plus en plus de probabilité de départs de feux. Et du même coup, on a de plus en plus de personnes et maisons présentes, donc exposées. Le deuxième point de vigilance, ce sont les jeunes peuplements de pins, plantés après les tempêtes de 1999 et 2009. On sait que jusqu’en 2030, on a 350.000 ha de jeunes pins, soit un tiers du massif, particulièrement vulnérables aux incendies. A la fois à la cause des branches proches du sol, d’où un risque de propagation du sol à la cime, mais aussi car la densité des jeunes pins rend l’accès pompiers plus difficile. Et tout cela, dans un contexte de réchauffement climatique… »

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