InternationalAFP




La justice internationale va se prononcer sur le sort des îles Chagos

L'organe judiciaire principal de l'ONU donnera lundi son opinion dans un litige opposant le Royaume-Uni et l'île Maurice, qui se…

L’organe judiciaire principal de l’ONU donnera lundi son opinion dans un litige opposant le Royaume-Uni et l’île Maurice, qui se disputent depuis plus de cinq décennies l’archipel des Chagos, où se situe une importante base militaire américaine.

Les Chagos se trouvent au coeur d’un différend depuis la décision britannique de séparer de l’île Maurice cet archipel en 1965 et d’y installer une base militaire commune avec les Etats-Unis sur l’île principale de Diego Garcia.

Le Royaume-Uni avait expulsé environ 2.000 Chagossiens vers l’île Maurice et les Seychelles pour faire place à la base militaire.

Les anciens habitants des Chagos luttent depuis pour leur retour à travers une série de procédures judiciaires, dont la première avait été introduite en 1975.

Coup dur diplomatique pour Londres, l’assemblée générale de l’ONU avait adopté en 2017 une résolution présentée par l’île Maurice et soutenue par les pays africains réclamant que la Cour internationale de justice (CIJ) donne son opinion sur l’avenir des îles Chagos.

Les juges de la CIJ rendront un avis consultatif non contraignant lundi à 15H00 (14H00 GMT) sur le sort de cet archipel britannique de l’océan indien, dont la souveraineté est revendiquée par l’île Maurice.

– « Décolonisation incomplète » –

Le Royaume-Uni avait séparé l’archipel des Chagos de l’île Maurice trois ans avant que Port-Louis obtienne son indépendance en 1968, donnant naissance à un différend encore d’actualité aujourd’hui.

Pour Eric De Brabandere, professeur en droit international à l’Université de Leiden, la question principale sera de savoir si cette séparation constituait « à l’époque une violation du droit international, dans le sens où cela ne respectait pas le droit à l’autodétermination des Chagossiens ».

Lors d’audiences tenues début septembre à la Cour basée à La Haye, les représentants mauriciens avaient revendiqué devant les juges que « le processus de décolonisation de l’île Maurice reste incomplet », plus de 50 ans après l’indépendance.

Historiquement, l’archipel des Chagos « appartient clairement au territoire mauricien », avaient-ils argumenté, recevant notamment le soutien de l’Inde.

« Je pense que la Cour va dire quelque chose à propos du droit à l’autodétermination des Chagossiens et la nécessité d’achever le processus de décolonisation aujourd’hui », a expliqué M. De Brabandere à l’AFP.

L’issue de cette affaire reste cependant « comme d’habitude difficile à prévoir », a-t-il nuancé.

– Non contraignant –

Londres avait exprimé en septembre ses « regrets » pour la « manière honteuse » dont les habitants des Chagos avaient été traités en 1965, tout en estimant que la Cour n’était pas l’endroit adéquat pour régler son différend avec l’île Maurice.

Les Etats-Unis avaient quant à eux affirmé que la CIJ avait « le devoir de refuser » de prendre position sur le sort réservé à l’archipel des Chagos.

Alors que la guerre froide s’intensifiait avec l’Union soviétique, le Royaume-Uni avait établi au début des années 1970 une base militaire conjointe avec Washington à Diego Garcia, la plus grande et la plus connue des îles Chagos.

Cette base, dont le bail expire en 2036, a depuis joué un rôle clé dans les opérations militaires américaines.

Créée en 1946 pour régler les différends entre Etats membres, la CIJ donne généralement des avis consultatifs à des organes de l’ONU tels que l’assemblée générale.

Même si l’avis de la Cour sera non contraignant, celui-ci possède un poids significatif et pourrait renforcer la position de l’île Maurice dans des négociations futures sur l’avenir de l’archipel des Chagos.

Suivez l'information en direct sur notre chaîne