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La Maison Blanche verdit chaque année pour la Saint-Patrick

Cravate verte de circonstance autour du cou, Donald Trump recevra jeudi un bol de trèfles des mains du Premier ministre…

Cravate verte de circonstance autour du cou, Donald Trump recevra jeudi un bol de trèfles des mains du Premier ministre irlandais Leo Varadkar. Une tradition qui remonte aux années 1950 et qui offre chaque année à l’Irlande pour la Saint-Patrick un accès à la Maison Blanche sans équivalent pour un si petit pays.

L’Irlande, jeune nation, est encore très discrète sur la scène diplomatique lorsque son ambassadeur aux Etats-Unis, John Hearne, se rend à la Maison Blanche le 17 mars 1952 pour offrir à Harry Truman une boîte de trèfles, symboles de son île.

Pas de chance, le président américain est en vacances en Floride. Mais le diplomate irlandais, opiniâtre, a plus de succès l’année suivante avec Dwight Eisenhower, qui le reçoit officiellement pendant une quinzaine de minutes pour réceptionner les fameux trèfles et discuter brièvement des relations entre leurs deux pays.

La tradition n’a presque pas connu d’interruption jusqu’à aujourd’hui, les présidents des Etats-Unis –dont tous peuvent revendiquer un héritage irlandais plus ou moins éloigné– s’y prêtant plutôt de bonne grâce. Notamment Ronald Reagan.

« Il adorait la Saint-Patrick (fête célébrant le saint patron de l’Irlande) », explique à l’AFP Matthew Costello, historien de l’Association historique de la Maison Blanche. « Il aimait raconter des blagues irlandaises sur sa famille. Une année, il s’est éclipsé pour aller déjeuner et boire une pinte à Alexandria (près de Washington) sans le dire à personne. Le patron du bar a seulement été prévenu une heure avant que le président allait venir ».

– Les bonbons de Reagan –

Fontaine de la Maison Blanche colorée en vert (une idée de Michelle Obama), repas, échanges de bons mots, la visite annuelle du Premier ministre irlandais à Washington est surtout l’occasion de célébrer joyeusement les liens particuliers qui unissent les deux pays depuis l’émigration massive outre-Atlantique au 19ème siècle d’Irlandais fuyant la famine.

Mais elle offre aussi à l’Irlande, moins de 5 millions d’habitants, une plateforme diplomatique dont aucun autre pays de cette taille ne peut bénéficier auprès de la première puissance mondiale.

Les dirigeants irlandais en ont notamment fait usage dans les années 1990 pour plaider leur cause auprès de Bill Clinton dans les délicates négociations sur le processus de paix en Irlande du Nord.

L’actuel « Taoiseach » (Premier ministre irlandais) Leo Varadkar, accompagné cette semaine aux Etats-Unis de plusieurs membres de son gouvernement et de chefs d’entreprise du pays, devrait également profiter de son face-à-face avec Donald Trump ce jeudi pour aborder plusieurs questions diplomatiques, comme l’impact du Brexit sur l’île d’Emeraude.

Les deux hommes, que tout oppose humainement –M. Varadkar, 40 ans, est métis et homosexuel–, avaient notamment évoqué l’an dernier lors de leur première rencontre le sort des milliers d’Irlandais vivant clandestinement aux Etats-Unis, avant de clore la journée par la traditionnelle « cérémonie des trèfles ».

Pour des raisons de sécurité, ces derniers « doivent être détruits », note Matthew Costello depuis les bureaux de son association, à quelques pas de la Maison Blanche.

Les présidents américains peuvent en revanche conserver le bol en cristal dans lequel les trèfles sont généralement présentés. Ronald Reagan, raconte l’historien, avait ainsi trouvé à l’élégant récipient une utilité de la plus haute importance: entreposer les bonbons dont il était notoirement friand.

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