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La médiatique Kellyanne Conway, farouche gardienne du trumpisme

Dans un an ira aux urnes une Amérique divisée comme jamais. Une polarisation dont témoigne plus que quiconque l'inébranlable Kellyanne…

Dans un an ira aux urnes une Amérique divisée comme jamais. Une polarisation dont témoigne plus que quiconque l’inébranlable Kellyanne Conway, fidèle parmi les fidèles de Donald Trump, apparemment immunisée contre le syndrome qui fait limoger les conseillers de la Maison Blanche.

Le jour, Mme Conway, 52 ans, dépense une énergie inépuisable à polir le discours abrasif du président républicain.

De Fox News à CNN en passant par les autres « networks » du pays, on la voit défendre bec et ongles la parole de son mentor. Un exercice dans lequel elle excelle, au prix de fréquentes entorses à la réalité.

Le soir venu, l’élégante blonde se retrouve confrontée à un autre type de discours, tout aussi virulent: celui de son mari, l’avocat conservateur George Conway, anti-Trumpiste aux piques acérées et au compte Twitter scruté par toutes les élites de Washington.

« Je trouve proprement stupéfiant qu’un tel nombre de gens soient encore prêts à sacrifier leur honneur et leur réputation pour défendre un homme dénué de valeurs morales », a par exemple récemment tweeté l’époux franc-tireur. Sans craindre apparemment de causer du tort à sa femme.

D’autres auraient perdu les pédales sur ce tandem familial tirant dans des directions opposées. Mais pas la fine Kellyanne, qui s’est au contraire révélée une redoutable coureuse de fond: l’ex-directrice de campagne du milliardaire républicain n’est-elle pas là depuis le début, inoxydable survivante d’un peloton décimé?

– Imperméable au trac –

Il faut la voir en ce jour d’octobre, à l’extérieur de la Maison Blanche, cernée par un essaim de journalistes, durant l’un de ces échanges animés voire houleux auxquels elle est rompue.

« Vous n’avez pas répondu à la question », l’accuse un reporter. « Et que dites-vous de celle-ci. Quelle est votre réponse? », la presse un autre. Enquête en destitution, relation avec Pékin, ravages des cigarettes électroniques, les questions pleuvent… La mise sur le gril dure ainsi 25 minutes.

Mais l’as du tac-au-tac semble imperméable au trac. Ou à la pression des caméras. Sans se départir de son sourire, Kellyanne Conway rétorque, irrite avec ses sarcasmes, martèle ou esquive.

Mais au moins elle est là, soldat de tous les fronts médiatiques ouverts par le président américain. Les médias lui en savent gré, dans un exécutif qui a plutôt tendance à tirer les verrous.

Est-ce cette loyauté qui vaut à la mère de quatre enfants d’être toujours à la Maison Blanche, porte-parole de circonstance du programme « l’Amérique d’abord »? Probablement. Et aussi parce qu’elle y joue un rôle de caution féminine difficilement remplaçable auprès d’un président accusé de multiples abus par des femmes.

Dans une capitale fédérale un peu conformiste, la conseillère tranche aussi par son sens de la mode et ses tenues hautes en couleur. Arborant une robe au motif de peau de serpent, elle peut apparaître le lendemain dans une autre d’un rouge éclatant.

Juriste issue d’un milieu catholique, consultante politique spécialisée dans les sondages, Kellyanne Conway a de l’avis général largement contribué à faire élire Donald Trump en 2016. On s’attend à ce qu’elle joue de nouveau un rôle important ces douze prochains mois.

Surtout que la page semble tournée sur diverses bourdes qu’elle a pu commettre, comme cette interview où elle avait maladroitement façonné et défendu un concept de « faits alternatifs ».

Ou encore lorsqu’elle était apparue agenouillée avec désinvolture sur un sofa dans le Bureau ovale, gardant ses chaussures, tandis que le président recevait des universitaires noirs.

A d’autres moments, l’influente conseillère a suscité un respect opposé, comme lorsqu’elle a révélé avoir été victime d’agression sexuelle.

Quand elle se retrouve en posture délicate, sous le feu de questions d’une conférence de presse particulièrement fiévreuse, Mme Conway a tendance –comme son patron– à opter pour l’attaque, sur un mode toutefois plus civil.

Mais, à un journaliste qui l’interrogeait récemment sur le schisme idéologique avec son mari, elle a adopté un ton agressif, se voyant même reprocher d’avoir menacé l’intervieweur.

« Je n’ai menacé personne », a plus tard répliqué la quinquagénaire. « Quand je menacerai quelqu’un, vous le saurez, OK? », a-t-elle ajouté. Pendant ces quelques secondes, elle ne souriait plus.

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