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La presse camerounaise anticipe sur la victoire de Biya à la présidentielle

Pour beaucoup de journaux camerounais parus lundi, il ne fait aucun doute que le chef de l'État sortant, Paul Biya,…

Pour beaucoup de journaux camerounais parus lundi, il ne fait aucun doute que le chef de l’État sortant, Paul Biya, sera proclamé vainqueur, vers la mi-journée par le Conseil constitutionnel siégeant en audience publique, de l’élection présidentielle du 7 octobre 2018.C’est un président tout sourire qui s’affiche en couverture de La Météo, avec le titre sans appel «C’est lui !» puisque, pour l’hebdomadaire, tous les indicateurs sont en sa faveur.

La victoire de Biya est assurée, renchérit Eden : pour cet hebdo de langue anglaise, le Conseil constitutionnel a rejeté tous les recours en annulation de ses adversaires, voguant manifestement comme dans un scénario prévu de longue date.

Sous le titre «Paul Biya, les secrets de la victoire», Défis Actuels avance que ce lundi soir, le candidat du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc, au pouvoir), 86 ans dont 37 ans à la magistrature suprême, pourrait entamer son 7ème mandat à la tête du Cameroun, les recours en annulation du scrutin, seuls obstacles à sa réélection, ayant tous été rejetés par le Conseil Constitutionnel.

Selon des commentateurs, le fait que des chiffres censés provenir des rapports de la Commission nationale de recensement et dont la publication est interdite par la loi, se retrouvent sur l’espace public serait une stratégie politique mise en place par le pouvoir de Yaoundé qui voudrait préparer les Camerounais à accueillir le triomphe du président-candidat.»

La preuve que tout se passe comme prévu, ironise The Guardian Post, c’est que le chef de l’État équato-guinéen, Teodoro Obiang Nguema Mbasogo, sans même attendre le verdict des urnes, s’est hâté d’envoyer une lettre de félicitations à son homologue et voisin.

Avec une photo à fond perdu du concerné, son confrère Repères ne s’attend à aucune «surprise» : cette réélection ne surprend guère les observateurs avertis, qui donnaient presque tous le président sortant vainqueur qui, en dehors de l’avantage psychologique du tenant du titre, dispose largement de plus de moyens que ses adversaires, notamment le Rdpc, considéré comme la plus puissante machine électorale du Cameroun.

Paul Biya est assuré de sa victoire, renchérit le tri-hebdomadaire L’essentiel, le seul suspense résidant sur les scores des 7 autres candidats.

Davantage, la publication salue «ce grand moment de démocratie» pour le pays, après une élection «inoubliable», les Camerounais rejetant et condamnant d’ores et déjà «les appels aux marches et à l’insurrection» des perdants.

«Les Camerounais font chorus» pour le respect des résultats de la présidentielle, prolonge Essingan, affichant un kaléidoscope de portraits de dignitaires du régime, d’alliés et de quelques membres encartés de la société civile, qui tous rejettent d’avance toute manœuvre pouvant mettre à mal la paix et la cohésion sociale.

Et s’il prêtait serment le 6 novembre 2018, spécule L’Épervier, expliquant que cette date coïnciderait alors avec l’avènement de M. Biya aux affaires, en 1982.

Le photomontage du palais présidentiel, avec un gros point d’interrogation sur une tête ombrée, rehaussé du titre «Élection présidentielle : jour de résultats», barre la couverture du quotidien à capitaux publics Cameroon Tribune, rappelant modestement que le contexte est marqué par des appels incessants au respect du verdict et au rejet des tentatives de violence.

Mais comment se fait-il que le camp du vainqueur, plutôt que d’afficher sa sérénité, militarise autant le pays pour préparer la proclamation du nom du vainqueur ? s’interroge lourdement Le Jour, constatant le règne de la terreur, déjà des arrestations ainsi que des menaces de mort qui pèsent sur certains insoumis.

En termes d’arrestations, précise Mutations, une dizaine de personnes, qui dimanche à Douala, la métropole économique, entendaient manifester contre les nombreuses entorses ayant émaillé le processus, sont sous les verrous.

Ledit quotidien préfère toutefois s’attarder sur «les leçons de la présidentielle» : de nouveaux rapports de force au sein du paysage politique, les institutions d’organisation, de gestion et de régulation sur le grill, une abstention record ainsi que l’influence grandissante des réseaux sociaux.

Relativisant sur les critiques, Cameroon Tribune pense que ce qui sera consacré ce 22 octobre, ce n’est pas seulement un vainqueur : «Ce sera aussi le couronnement d’un processus démocratique que les acteurs se sont obligés à conduire avec rigueur et méthode. Même s’il faut reconnaître que qu’il n’est pas absolument sans défaut.»

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