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La Turquie libère un scientifique américain, mais le noeud des missiles russes demeure

La Turquie a libéré mercredi un scientifique américain de la Nasa dont la détention contribuait à la dégradation des relations…

La Turquie a libéré mercredi un scientifique américain de la Nasa dont la détention contribuait à la dégradation des relations entre Ankara et Washington, mais les deux pays alliés sont toujours engagés dans un bras de fer à l’issue incertaine au sujet de missiles russes.

« Nous saluons la nouvelle de la libération de prison de Serkan Gölge aujourd’hui », a déclaré la porte-parole du département d’Etat américain Morgan Ortagus devant la presse à Washington.

« Nous allons continuer à suivre de près le cas de M. Gölge », a-t-elle ajouté, appelant la Turquie à laisser le scientifique, qui a la double nationalité turque et américaine, « rentrer chez lui aussi vite que possible ».

Serkan Gölge avait été emprisonné il y a près de trois ans, en juillet 2016, lors d’une visite dans son pays d’origine, au moment où le président Recep Tayyip Erdogan sévissait contre les soutiens supposés du prédicateur Fethullah Gülen, bête noire d’Ankara qui l’accuse d’être derrière la tentative de coup d’Etat qui avait eu lieu le même mois.

Le chercheur avait été condamné en février 2018 à sept ans et demi de prison pour appartenance aux réseaux gulénistes, malgré les protestations des Etats-Unis.

L’annonce de sa libération est intervenue dans la foulée d’un entretien téléphonique, mercredi, entre Recep Tayyip Erdogan et Donald Trump. Et elle apaise l’un des nombreux contentieux entre les deux pays membres de l’Otan, après la remise en liberté par la justice turque, en octobre, d’un autre Américain, le pasteur Andrew Brunson, qui a pu rentrer aux Etats-Unis au terme d’une grave crise diplomatique et d’une intense campagne de pression du président américain.

Mais ce dénouement ne résout pas tous les différends.

– Menace de sanctions –

Washington continue à suivre « de près » le cas de trois employés turcs des missions diplomatiques américaines, a prévenu la porte-parole du département d’Etat: l’un d’entre eux est incarcéré et jugé pour espionnage, un autre est assigné à résidence pour des charges similaires et un troisième a été condamné pour aide à une « organisation terroriste » mais libéré sous contrôle judiciaire.

Surtout, les deux pays semblent foncer tout droit vers une crise d’une toute autre envergure.

Les Etats-Unis veulent tout faire pour empêcher la Turquie d’aller au bout de l’acquisition prévue de systèmes russes de défense antiaérienne S-400, estimant que cela n’est pas compatible avec son adhésion à l’Otan. L’US Army redoute notamment que le système russe ne parvienne à percer les secrets technologiques de ses avions militaire dernier cri F-35, qu’Ankara a également entrepris d’acheter en nombre.

« C’est une affaire conclue », martèlent toutefois en réponse les dirigeants turcs depuis plusieurs semaines, excluant de revenir sur le contrat avec Moscou.

La livraison des missiles russes pourrait avoir lieu cet été et précipiter de dures représailles de la part des Etats-Unis.

« Si elle va au bout de la réception des S-400, la Turquie le paiera très cher », a encore mis en garde mercredi Morgan Ortagus, menaçant une fois de plus de suspendre la vente des F-35 et, surtout, d’imposer des sanctions « très dures » contre Ankara.

Le sujet a d’ailleurs été au coeur de la conversation Trump-Erdogan, selon la présidence turque. Le chef de l’Etat turc a réitéré la proposition d’un « groupe de travail conjoint » pour dissiper les craintes américaines autour des S-400, mise sur la table depuis avril mais restée sans réponse.

Les deux hommes se rencontreront en marge du sommet du G20, fin juin au Japon, pour une ultime tentative de trouver une solution.

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