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« La vie continue » malgré tout pour les survivants du typhon Haiyan

Il y a cinq ans aux Philippines, le catastrophique typhon Haiyan enleva tout à Juvilyn Luana et Joel Aradana, conjoint,…

Il y a cinq ans aux Philippines, le catastrophique typhon Haiyan enleva tout à Juvilyn Luana et Joel Aradana, conjoint, enfants et maison. Mais ils se sont trouvés l’un l’autre et sont repartis de zéro pour fonder une nouvelle famille.

« Peu importe le nombre de tempêtes, nous avons toujours de l’espoir car la vie continue », dit Juvilyn à l’AFP, le bébé d’un an du couple dans les bras. « C’est dur de perdre espoir car il y a tant de choses sur lesquelles compter », poursuit la jeune femme de 35 ans.

Juvilyn et Joël, 45 ans, furent parmi les survivants rencontrés par l’AFP après la tempête puis de nouveau à l’occasion du cinquième anniversaire du typhon le plus meurtrier à frapper un archipel pourtant coutumier des catastrophes naturelles.

Depuis le super typhon, Juvilyn comme Joel ont peu à peu surmonté la douleur.

Le 8 novembre 2013, Juvilyn perdit son époux, avec lequel elle était mariée depuis 13 ans, et ses six enfants. Elle eut des envies de suicide.

En 2014, elle avait raconté à l’AFP qu’elle n’avait pas mis à exécution son funeste projet, faute d’avoir trouvé quelque chose de suffisamment haut pour y accrocher une corde récupérée dans les débris.

Mais elle rencontra Joel dans le cadre d’un programme d’aide aux survivants — du liquide en échange de travail –, et commença à reprendre goût à la vie. Joel avait lui perdu son épouse et deux de ses cinq enfants.

– Procession pour remercier Dieu –

Pour survivre, il faut toutefois se battre tous les jours. La tempête qui a balayé les îles du centre des Philippines a rasé des villages entiers. Des millions de personnes se sont retrouvées sans domicile, particulièrement à Tacloban, localité déjà parmi les plus pauvres de l’archipel.

Joel Aradana est ouvrier du bâtiment et gagne moins de 10 dollars par jour. Luana s’occupe des enfants.

La famille vit dans un logement construit par une organisation caritative, loin de leurs anciennes maisons situées dans une zone à risques, mais près d’une décharge. Ils peinent à trouver de l’eau potable.

Une autre survivante, Elsie Indic, 46 ans, avait été photographiée par l’AFP quelques jours après la tempête alors qu’elle participait à une procession pour remercier Dieu d’avoir épargné Opong, son village.

Cette photographie, devenue le symbole de la ferveur et de la force de résistance des survivants du typhon, avait remporté le premier prix dans la catégorie Spot News aux prestigieux World Press Photo Awards. Time magazine l’avait citée comme étant l’une des images les plus marquantes de 2013.

Plus de 80% des 100 millions de Philippins sont des catholiques pratiquants, héritage de la colonisation espagnole.

Elsie Indic, son mari et leurs quatre enfants avaient été épargnés par les vagues géantes déclenchées par la tempête mais leur vie quotidienne reste très difficile.

Depuis qu’il a été victime d’un accident vasculaire cérébral en 2016, son époux ne peut pas travailler. Pour survivre, Elsie et ses enfants, aujourd’hui adolescents ou jeunes adultes, doivent réunir leurs maigres ressources.

– « Une vie meilleure » pour les enfants –

Elle place tous ses espoirs dans ses enfants, et prie chaque jour avant de se lever qu’ils pourront finir l’université et trouver un bon travail.

« Je ne demande pas à être riche. Je demande des faveurs modérées. Je prie pour qu’Il leur accorde (aux enfants) une vie meilleure. C’est tout ce que je demande à Dieu ».

Emelie Ortega, 26 ans, espère également tout de ses enfants.

Son aînée est née quelques jours après la tempête sur un sol jonché de débris, dans l’aéroport en ruines de Tacloban. L’AFP et d’autres médias étaient présents.

Aujourd’hui, Bea va avoir cinq ans et elle a un petit frère de un an.

Emelie Ortega explique que la seule façon de subvenir à leurs besoins est de les confier à son mari et de travailler comme domestique en Arabie saoudite, comme 1,5 million de Philippines qui sont employées de maison à l’étranger.

Elle s’inquiète d’être rarement là pour défendre sa fille quand les gens l’appellent par un affreux surnom.

« Ma fille se met en colère quand les gens l’appellent Yolanda », le nom donné au typhon Haiyan par les Philippins. « Je leur dit de ne pas faire ça, Yolanda était cruelle ».

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