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L’Allemagne peine à accoucher d’un plan sur le climat

Les partis de la fragile coalition gouvernementale d'Angela Merkel peinaient vendredi à se mettre d'accord sur un vaste plan d'action…

Les partis de la fragile coalition gouvernementale d’Angela Merkel peinaient vendredi à se mettre d’accord sur un vaste plan d’action sur le climat malgré une nuit entière de négociations et en pleine grève mondiale sur le sujet.

Après déjà des mois d’âpres discussions entre les conservateurs d’Angela Merkel et leur partenaire social-démocrate, un compromis visant à débloquer au moins 100 milliards d’euros d’investissement dans les dix années à venir et à prendre des mesures pour inciter les Allemands à réduire les émissions polluantes devait être au départ annoncé dans la nuit.

Objectif : permettre au pays, aujourd’hui en retard, d’atteindre ses objectifs de réduction d’émissions polluantes, alors que la pression de l’opinion ne cesse de monter face aux préoccupations environnementales croissantes face au réchauffement climatique.

Vendredi matin, après près de 14 heures de négociations marathon au plus haut niveau à la chancellerie, aucune fumée blanche n’était encore perceptible.

– Pression de l’opinion –

Ce compromis est prévu en principe pour être adopté vendredi en milieu de journée en conseil des ministres, le jour même d’un mouvement mondial de grève pour la défense du climat, une mobilisation qui devrait être particulièrement bien suivie en Allemagne, où les écologistes ont le vent en poupe et enchaînent les succès électoraux.

Selon le projet d’accord en discussion, des investissements d' »un montant à trois chiffres en milliards d’euros », soit au moins 100 milliards d’euros, sont prévus pour d’ici à 2030.

Mais les négociations achoppaient encore vendredi matin sur le détail des mesures. Et en particulier sur un modèle de tarification des émissions de CO2, où l’essence, le diesel, le gaz de chauffage ou le fioul pourraient être intégrés dans un marché national de certificats et voir leur prix monter, d’environ 11 centimes par exemple pour le litre de diesel.

Question centrale : où fixer le curseur pour à la fois avoir un prix suffisamment élevé afin d’inciter les consommateurs à opter pour les solutions les moins polluantes, mais en même temps ne pas provoquer de levée de bouclier de l’opinion, à l’exemple du mouvement des gilets jaunes en France.

Il est question dans les discussions de prix plancher et plafond sur ce marché.

Concrètement, la stratégie du gouvernement comprend une panoplie de mesures destinées à réduire les émissions de gaz à effet de serre dans l’énergie, le bâtiment, l’agriculture, l’industrie et les transports.

Cela va de la promotion des transports publics et des trains, à l’augmentation du prix des voyages en avion en Allemagne, ou à diverses subventions pour le développement des voitures électriques ou pour des chauffages individuels efficaces et propres.

Parallèlement, il s’agit de mettre un coup d’accélérateur sur le développement d’énergie propre (solaire, éolien ou biomasse), dont la part dans la production d’électricité dans le pays doit monter à 65% en 2030 contre 40% actuellement.

– Gouvernement fragile –

La pression pesant sur le gouvernement Merkel est grande : il doit à la fois répondre aux attentes de la mobilisation initiée par les jeunes de FutureforFridays, mouvement crée par l’égérie suédoise Greta Thunberg. Et un accord paraît indispensable également à la survie de la coalition elle-même, très fragile depuis sa difficile constitution l’an dernier.

Le ministre social-démocrate des Finances Olaf Scholz a directement lié la poursuite de la coalition, très impopulaire en Allemagne, à l’élaboration d’un « grand projet climatique ».

L’Allemagne a certes décidé en début d’année d’abandonner le charbon d’ici 2038, mais il lui reste à programmer la fermeture de ses mines et centrales. Un chantier d’autant plus délicat qu’elle doit parallèlement achever d’ici 2022 sa sortie du nucléaire, décidée en 2011 après la catastrophe de Fukushima.

Et sa puissante industrie automobile a longtemps privilégié les véhicules essence ou diesel avant de prendre sur le tard le virage de l’électrique.

Résultat : le pays qui s’était engagé à réduire les émissions de CO2 de 40% comparé à 1990, n’aura atteint qu’un tiers. En 2030, il vise une réduction de 55%.

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