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L’Amérique fonce dans le mur si Trump n’obtient pas le sien

Le temps presse à Washington pour éviter vendredi une rupture brutale du financement des services publics américains: Donald Trump exige…

Le temps presse à Washington pour éviter vendredi une rupture brutale du financement des services publics américains: Donald Trump exige le déblocage de 5 milliards de dollars pour son mur frontalier anti-migrants, faute de quoi il brandit la menace d’une paralysie budgétaire.

La date butoir pour parvenir à un accord est le 21 décembre à minuit. Il restait donc lundi moins de cinq jours pour trouver un terrain d’entente entre la majorité parlementaire républicaine et l’opposition démocrate.

Mais sur la colline du Capitole où siège le Congrès, les élus campaient sur leurs positions, renforçant le spectre du « shutdown ». Ce mot, qui désigne le blocage de l’administration fédérale, agite régulièrement l’actualité politique américaine, où chaque rallonge budgétaire fait l’objet de compromis âprement négociés.

Cette fois-ci, la donne est un peu différente, car le président républicain est conscient que sa marge de manoeuvre va se réduire dès janvier, quand entrera en session la nouvelle majorité démocrate à la Chambre des représentants, issue du scrutin du 6 novembre.

– Forcing de Trump –

Donald Trump a donc engagé un forcing inédit, à coups de tweets et de déclarations solennelles, invoquant la sécurité nationale des Etats-Unis.

Les 5 milliards qu’il demande lui permettraient de lancer l’immense chantier de son fameux mur de séparation avec le Mexique, probablement sa proposition de campagne la plus controversée. Si celle-ci demeurait lettre morte, cela pourrait lui coûter cher dans la perspective de la réélection à la Maison Blanche dont il rêve.

Particulièrement virulent sur le thème de l’immigration clandestine, le conseiller de la Maison Blanche Stephen Miller a prévenu dimanche que le gouvernement ferait « tout ce qui est en son pouvoir pour bâtir le mur frontalier ».

Et, a-t-il ajouté, si cela doit passer par une mise à l’arrêt des agences fédérales, alors, « en dernier ressort », l’exécutif est prêt à s’y résoudre.

Toute loi budgétaire devant franchir un seuil de 60 voix au Sénat, où les républicains ne disposent que de 51 sièges sur 100, rien ne passera sans un ralliement partiel de démocrates.

Le président « n’obtiendra pas le mur sous quelque forme que ce soit », a averti dimanche sur NBC le chef des démocrates au Sénat, Chuck Schumer. Son parti propose de débloquer une enveloppe de seulement 1,6 milliard de dollars pour la sécurité aux frontières, sans en allouer une partie pour financer le mur.

En outre, la fenêtre législative pour agir ne s’ouvrira que brièvement: les sénateurs doivent revenir à Washington lundi, mais les représentants ne sont pas attendus au Capitole avant mercredi soir. Il restera deux jours avant vendredi soir.

« Chaque fois que vous entendez un démocrate dire qu’il est possible d’avoir une bonne sécurité à la frontière sans le mur, considérez-le comme bon pour la casse », a tweeté lundi Donald Trump.

Contrairement à d’autres précédentes paralysies des administrations, un « shutdown » pour Noël aura une portée limitée, le Congrès ayant déjà adopté un financement plus durable pour 75% des branches de l’exécutif fédéral.

Les effets demeurent toutefois difficiles à prévoir: les ministères de la Sécurité intérieure, de la Justice, de l’Intérieur, du Logement et le département d’Etat seront notamment perturbés, avec des dizaines de milliers de fonctionnaires de facto placés en congé sans solde.

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