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L’ampleur des blocages des « gilets jaunes », grande inconnue pour les forces de l’ordre

Si plusieurs manifestations des "gilets jaunes" prévues samedi ont été déclarées, les autorités craignent un mouvement spontané de bien plus…

Si plusieurs manifestations des « gilets jaunes » prévues samedi ont été déclarées, les autorités craignent un mouvement spontané de bien plus grande ampleur et évoquent un « risque sécuritaire ».

« Ce qui est difficile, c’est qu’on n’a pas une organisation syndicale – qui a l’habitude de faire une manifestation – qui l’organise. Par exemple, une manifestation, ça se déclare en préfecture. Là, très peu l’ont déclarée » : dès mardi, le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner s’inquiétait ainsi de la difficulté d’encadrer un mouvement qui s’est développé en dehors de tout cadre syndical ou politique.

Les organisateurs avaient jusque 72H00 avant la journée d’action de samedi pour déclarer leurs manifestations en préfecture, « mais il y a sûrement un peu de souplesse », espère une source policière.

« C’est compliqué, car c’est un phénomène hétéroclite, il y a des gens de tous les horizons », confirme Christophe Rouget, du syndicat de police SCSI-CFDT. « Ce sont des gens qui n’ont pas l’habitude des manifestations, qui peuvent ne pas les déclarer. Nos services de renseignement ont un gros travail » à fournir, ajoute-t-il.

À en croire la carte diffusée sur les réseaux sociaux et mise à jour régulièrement par les « gilets jaunes », des centaines de rassemblements sont prévus sur l’ensemble de la France, sans que l’on sache toutefois s’il s’agit de blocages ou de manifestations et combien de personnes seront mobilisées.

« C’est un vrai casse-tête. Sans déclarations, les préfets ne peuvent pas faire une demande précise de renforts policiers, ni savoir combien de forces de l’ordre sont nécessaires, et où », note une source policière.

« Il y a le problème de la mobilisation policière, mais aussi celui des consignes qui seront données », s’inquiète une autre source au sein de la police. « Est-ce qu’il faudra évacuer les manifestants, au risque que ce soit des familles avec enfants, ou verbaliser ? », s’interroge-t-elle.

Mardi, M. Castaner a prévenu qu’aucun « blocage total » ne serait toléré samedi et que les forces de l’ordre interviendraient si les actions posaient un « risque » pour les interventions de sécurité ou la libre circulation.

« Sur le pourtour de l’étang de Berre, personne n’a fait de déclaration en préfecture », affirme Thierry Marre, porte-parole du mouvement à Istres. « Il faut trois cartes d’identité pour déclarer et les gens ont peur, ils craignent des représailles », ajoute-t-il. Lui-même aurait bien déclaré son rassemblement dans les règles mais « personne ne suit derrière ».

À Tarbes (Hautes-Pyrénées), les organisatrices du mouvement ont retiré la demande de manifestation déposée en préfecture, après avoir subi des « pressions de toutes parts » , disent-elles. « Nous risquons de lourdes peines d’emprisonnement ainsi que le dédommagement du manque à gagner », ont-elles justifié, provoquant la colère de manifestants, qui les ont accusées d’être des « collabos » ou de « se faire acheter ».

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