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Le candidat de Trump éliminé de la course à la tête de l’agence des migrations de l’ONU

Le prochain directeur général de l'agence de l'ONU pour les migrations ne devrait pas être Américain, pour la première fois…

Le prochain directeur général de l’agence de l’ONU pour les migrations ne devrait pas être Américain, pour la première fois depuis les années 1960, alors que le candidat controversé par Donald Trump a été éliminé vendredi de l’élection.

Le poste de directeur de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), une agence dont les Etats-Unis sont l’un des principaux contributeurs avec les Européens, a été occupé depuis la création de l’institution en 1951 par un Américain, avec une seule exception de 1961 à 1969 avec le Néerlandais Bastiaan Haveman.

Mais à l’issue du troisième tour de scrutin, le candidat américain Ken Isaacs, dont les propos polémiques sur les musulmans semblent avoir terni son image, est arrivé dernier et a donc été éliminé, a constaté l’AFP.

Deux candidats restent en lice: en tête, le Portugais Antonio Vitorino, ex-commissaire européen à la Justice et ancien ministre de l’actuel secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, suivi de près par la Costa-Ricaine Laura Thompson, actuelle directrice adjointe de l’OIM.

Une victoire d’un candidat européen interviendrait alors que les pays de l’Union européenne ont conclu vendredi, après neuf heures de discussions, un accord sur le traitement des migrations qui propose une « nouvelle approche » avec la création de « plateformes de débarquements » de migrants en dehors de l’UE pour dissuader les traversées de la Méditerranée.

Le futur patron de l’OIM, organisation qui compte 172 Etats membres et ne cesse de défendre l’apport que représentent les migrations pour les différents pays du monde, succèdera à l’Américain William Lacy Swing, qui a effectué deux mandats de 5 ans à la tête de l’OIM après avoir été le représentant spécial du secrétaire général de l’ONU en République démocratique du Congo (RDC) de mai 2003 à janvier 2008.

L’élection du directeur général de l’OIM par les Etats membres de l’organisation présents dans la salle se fait à bulletin secret et nécessite les deux tiers des votes. Sauf si les pays décident de changer les règles.

– Tolérance zéro américaine –

Si M. Isaac a été critiqué pour ses propos polémiques sur les musulmans, l’ombre de la politique migratoire de Trump, qui prône la « tolérance zéro », a aussi plané sur la candidature de l’Américain.

Sur l’épineux dossier des migrations, les Etats-Unis font en effet l’objet de vives critiques de l’ONU, pour son interdiction permanente d’entrée sur le territoire américain aux ressortissants de six pays, pour la plupart à majorité musulmane, et pour sa récente décision de séparation des enfants de migrants entrés illégalement sur le territoire américain. Une politique désormais abandonnée après un déluge de critiques.

Accusé d’être anti-musulman et climato-sceptique – alors que de nombreuses migrations sont liées à des facteurs climatiques – M. Isaacs avait choisi lui de faire face aux critiques pendant la campagne électorale et avait assuré à l’AFP qu’il ne prenait « jamais » en compte la foi des personnes dans le besoin.

Choisi début février, M. Isaacs, ancien vice-président de l’ONG humanitaire chrétienne Samaritan’s Purse (Bourse du Samaritain), avait eu fort à faire ces derniers mois après que la publication par le Washington Post d’une série de commentaires antimusulmans, postés entre 2015 et 2017 mais retirés depuis, sur les réseaux sociaux.

Dans des tweets, Ken Isaacs affirmait par exemple que le Coran « ordonne » aux musulmans de commettre des actes de violence et suggérait que les réfugiés chrétiens devraient avoir la priorité sur eux, exprimant des doutes sur le fait que l’islam soit une religion de paix.

M. Isaacs avait exprimé ses « regrets » pour ces commentaires « imprudents » et le Département d’Etat avait jugé « approprié » qu’il présente ses excuses.

Dans un courrier à l’AFP, il avait aussi fait valoir son passé de travailleur humanitaire pendant plus de 30 ans dans des régions difficiles comme la Somalie, le Soudan du Sud et l’Afghanistan.

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