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Le chef de la diplomatie grecque chez Haftar et au Caire, contre l’accord Tripoli-Ankara

Le chef de la diplomatie grecque Nikos Dendias a effectué dimanche un périple éclair en Méditerranée sur fond de tensions…

Le chef de la diplomatie grecque Nikos Dendias a effectué dimanche un périple éclair en Méditerranée sur fond de tensions créées par la signature d’un accord maritime entre la Turquie et le gouvernement de Tripoli.

Il s’est notamment rendu à Benghazi, dans l’est de la Libye, où il a rencontré le maréchal Khalifa Haftar, puis au Caire et à Chypre.

Parallèlement, Athènes a annoncé que l’accord sur le gazoduc EastMed serait signé avec Chypre et Israël le 2 janvier.

Le périple de M. Dendias et cette annonce soudaine interviennent alors que le gouvernement libyen d’union (GNA), basé à Tripoli (ouest) et reconnu par l’ONU, a signé fin novembre deux accords controversés avec Ankara: l’un porte sur la coopération militaire que la Turquie pourrait apporter au GNA, et l’autre sur la délimitation maritime entre les deux pays.

Ce dernier accord a été condamné par Athènes qui y voit une « violation du droit maritime international et des droits souverains de la Grèce et d’autres pays », dont Chypre et l’Egypte.

Dans ce contexte, M. Dendias s’est rendu dimanche au quartier général du maréchal Haftar, l’homme fort de l’est libyen, avec lequel il a évoqué ces deux accords « dénués de fondement », et contraires au droit international, selon un communiqué du ministère grec des Affaires étrangères.

Il s’était entretenu préalablement à l’aéroport de Benghazi avec deux responsables des autorités parallèles de l’est de la Libye, un pouvoir rival de celui du GNA: le chef de ce gouvernement, Abdallah Al-Thini, et son ministre des Affaires étrangères, Abdulhadi Al-Houeij.

– « Seule perdante » –

Ce gouvernement basé dans l’est libyen ne reconnait pas la légitimité du GNA de Fayez al-Sarraj, qui fait face depuis avril à une offensive du maréchal Haftar sur la capitale libyenne Tripoli.

Après ces premières discussions, M. Dendias a redécollé pour l’Egypte où il s’est entretenu avec son homologue égyptien, Sameh Choukri, d’après un responsable de l’aéroport du Caire.

M. Dendias a ensuite rencontré en soirée son homologue chypriote Nikos Christodoulidis, à Larnaca (Chypre), ont indiqué les autorités chypriotes.

L’accord signé entre Tripoli et Ankara permet à la Turquie d’étendre ses frontières maritimes dans une zone de Méditerranée orientale où d’importants gisements d’hydrocarbures ont été découverts ces dernières années autour de Chypre.

Mais la Grèce a appelé le 10 décembre l’ONU à condamner cet accord, qu’elle a qualifié de « perturbateur » pour la paix et la stabilité dans la région.

Dans une interview dimanche à l’hebdomadaire grec Real News, M. Dendias a cependant écarté que « la Turquie agisse de manière imprudente (…) car elle sera la seule perdante », selon lui.

Il a également noté que la Grèce est en négociations avec des pays voisins, comme l’Egypte et l’Italie, pour délimiter également les zones maritimes.

« La Grèce n’hésitera pas à défendre ses droits et intérêts souverains de quelque manière que ce soit, toujours dans le cadre de ses obligations constitutionnelles et du droit international », a-t-il poursuivi.

– « Provocations » –

La détermination d’Athènes s’est illustrée également avec l’annonce de la signature dans moins de deux semaines de l’accord sur EastMed. Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et le président chypriote, Nikos Anastasiades doivent y participer. L’Italie est également partie prenante.

« Il est très important que les pays de cette zone montrent, dans un délai aussi court, qu’ils ont des réflexes devant les provocations de la Turquie », a commenté dimanche le porte-parole du gouvernement grec, Stelios Petsas.

Ce gazoduc de 2.000 km sera capable d’acheminer vers la Grèce entre 9 et 11 milliards de m3 de gaz par an depuis les réserves offshores du bassin levantin, au large de Chypre et d’Israël, et vers l’Italie et d’autres pays du sud-est de l’Europe grâce aux gazoducs Poseïdon et IGB.

Ce projet devrait faire des trois pays un maillon important de la chaîne d’approvisionnement énergétique de l’Europe et bloquer les tentatives de la Turquie pour étendre son contrôle sur la Méditerranée orientale.

L’accord de coopération militaire conclu entre Ankara et le GNA, qui fait figure de pendant de l’accord de délimitation maritime, ouvre par ailleurs la voie à une implication militaire turque accrue en Libye.

Les forces du maréchal Haftar accusent déjà Ankara de fournir des armes et des conseillers militaires à leurs rivales du GNA. En juin, elles avaient menacé de s’en prendre aux intérêts turcs en Libye.

Samedi soir, les forces pro-Haftar ont annoncé avoir saisi un cargo turc battant pavillon de la Grenade au large de l’est de la Libye, pour procéder à sa fouille.

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