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Le contrat de la coalition droite-écolo en Autriche

Concilier "le meilleur des deux mondes": l'Autrichien Sebastian Kurz ne cesse de marteler cette formule pour décrire le contrat de…

Concilier « le meilleur des deux mondes »: l’Autrichien Sebastian Kurz ne cesse de marteler cette formule pour décrire le contrat de coalition que son parti conservateur a passé avec les écologistes.

Le nouveau gouvernement de la droite et des verts, qui entre en fonction mardi, a un agenda ambitieux pour améliorer le bilan climatique du pays et suivra une ligne de fermeté en matière d’immigration, selon M. Kurz.

Voici un aperçu de son programme :

– La neutralité carbone d’ici 2040

Le gouvernement autrichien veut faire mieux que l’accord récemment adopté entre Etats membres de l’Union européenne pour atteindre la neutralité carbone en 2050.

La neutralité carbone consiste pour un pays à ne pas émettre plus de gaz à effet de serre, responsables du réchauffement climatique, qu’il ne peut en absorber via par exemple les forêts, les sols ou les océans.

En Europe, la Norvège, la Finlande, la Suède se sont déjà fixé un objectif de neutralité carbone avant 2050.

Or le talon d’Achille de l’Autriche, ce sont ses émissions de CO2, particulièrement celles liées au transport: entre 1990 et 2017, l’Autriche a compté avec cinq autres Etats de l’UE parmi les seuls qui ont vu leur émissions de gaz à serre continuer à augmenter, quand elles ont, en moyenne, baissé de 22% dans l’ensemble de l’Union.

Les experts saluent l’ambition climatique du nouveau gouvernement mais soulignent l’ampleur de l’effort à accomplir.

– Verdir les transports, le logement, l’énergie

Alors que les Verts et de nombreux spécialistes appelaient à la mise en place d’une taxe autrichienne sur les émissions de CO2, comme il en existe dans de nombreux pays de l’UE dont l’Allemagne, les conservateurs ont temporisé. Une « task force » doit examiner cette question à partir de 2022.

Le contrat de coalition prévoit en revanche une forte augmentation de la taxe climat sur les billets d’avion qui passera à 12 euros sur les courts et moyens courriers (contre 3,5 et 7,5 euros actuellement).

Pour verdir le rail et la route, le gouvernement veut créer une carte à trois euros par jour permettant d’emprunter les transports en commun dans toute l’Autriche, faire passer la part des déplacements à vélo de 6% à 13%, faire fonctionner tous les nouveaux taxis, véhicules de location et le parc automobile public aux énergies propres.

L’objectif est aussi de consommer 100% d’énergies renouvelables en 2030, de proscrire chauffage au pétrole ou au charbon chez les particuliers et les chaudières au gaz dans les nouvelles constructions.

– Croissance, budget et environnement

Dans un pays prospère, à l’économie dynamique s’appuyant sur un solide tissu de PME, le gouvernement autrichien fait le pari que la croissance n’est pas l’ennemie de l’environnement.

« Les investissements, pour les transports en commun ou la défense du climat, vont également stimuler l’activité », affirme Sebastian Kurz.

Des économistes soulignent cependant que l’équilibre budgétaire pour les différents volets d’investissement en faveur du climat sera délicat à trouver alors que les conservateurs veulent poursuivre le cap des baisses d’impôts, un des marqueurs politiques du jeune chancelier. Des baisses d’impôts sur le revenu et sur les sociétés sont programmées.

– Immigration vs transparence

Le parti conservateur ÖVP estime qu’il a imposé sa ligne sans concession sur les questions d’immigration et de sécurité. Les écologistes revendiquent la paternité d’un ambitieux chapitre sur l’amélioration de la transparence dans la vie publique.

La droite de Sebastien Kurz insiste sur deux mesures emblématiques: l’interdiction du voile à l’école pour les adolescentes jusqu’à 14 ans et la création d’un dispositif de de détention préventive pour des individus jugés dangereux.

La notion de préférence nationale des Autrichiens au détriment des non-nationaux, qui avait inspiré de nombreux projets du précédent gouvernement de M. Kurz avec l’extrême droite, a totalement disparu du nouveau programme de gouvernement.

Parmi les mesures d’amélioration de la transparence, dans un pays qui a récemment été secoué par de nombreux scandales, figurent le renforcement des pouvoirs de la Cour des comptes et un droit d’accès aux documents administratifs.

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