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Le désarroi des déplacés yéménites de Hodeida

Certaines sont arrivées par bus, d'autres en taxi mais toutes ces femmes déplacées à Sanaa ont du désarroi dans le…

Certaines sont arrivées par bus, d’autres en taxi mais toutes ces femmes déplacées à Sanaa ont du désarroi dans le regard. Elles disent avoir fui la ville de Hodeida pour ne pas exposer leurs enfants aux violences.

Fraîchement arrivées dans la capitale du Yémen en guerre, elles tentent de s’adapter à leur nouveau refuge, une école à la sortie sud de Sanaa, construite à l’ombre d’une montagne rocailleuse.

Ces Yéménites et leurs familles ont fui la ville portuaire clé de Hodeida, à 150 km plus au sud-ouest et cible depuis le 13 juin d’une offensive des forces progouvernementales qui veulent en déloger les rebelles Houthis.

« La situation était très, très mauvaise avec des bombardements, des raids aériens et des tirs de roquettes. Nous ne pouvions ni dormir, ni manger et on s’est ensuite enfui à Sanaa avec nos enfants », raconte Dorrah Ismaïl, une mère de famille.

Elle vient du « quartier des Indiens » situé à la périphérie sud de Hodeida proche de la ligne de front, non loin de l’aéroport de la ville, conquis mercredi par les forces progouvernementales soutenues dans leur opération par une coalition sous commandement saoudien.

Leur objectif est de contrôler le port de la ville, principal point d’entrée des importations du Yémen et de l’aide humanitaire tant nécessaire dans ce pays pauvre en proie à une guerre dévastatrice depuis 2015.

Ces forces n’ont pas néanmoins commencé un assaut sur la ville de 600.000 habitants, affirmant ne pas vouloir mettre en danger la population civile.

« C’est ma première fois à Sanaa et je le dois au conflit à Hodeida », ajoute Mme Ismaïl, mi-amère, mi amusée.

– Pas de quoi manger ou boire –

Selon le bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA), plus de 30.000 personnes ont été déplacées depuis le 1er janvier, par les combats dans la province de Hodeida, dont 3.000 de la ville et chef-lieu éponyme.

« Toujours plus de gens fuient les zones de combat à la recherche d’un refuge dans des zones plus sûres, y compris la capitale Sanaa » contrôlée par les insurgés, a indiqué jeudi ce bureau.

« Ils (les Houthis) ont tiré sur nos maisons, coupé les rues et l’eau. On n’avait pas de quoi manger ou boire », déclare une autre déplacée qui se présente sous le nom d’Oum Ahmed et veut taire le nom de son quartier de Hodeida.

« Nous enfants avaient faim et n’arrêtaient pas de pleurer », dit-elle.

Dans la ville, les rebelles ont coupé les principaux axes avec des monticules de sable et ont creusé des tranchées, selon des habitants.

Le Conseil norvégien pour les réfugiés a indiqué que l’eau ne parvenait plus depuis mardi à plusieurs quartiers de la ville.

« Les habitants comptent désormais sur l’eau fournie par les mosquées », a ajouté l’ONG, exprimant son inquiétude face à une « situation d’urgence humanitaire à cause du choléra » qui a déjà fait plus de 2.000 morts en près d’un an au Yémen.

– « Pleurs des petits » –

« On était incapable d’envoyer quelqu’un au marché pour acheter de la nourriture en raison des tirs », renchérit Sabah Mohammed, une autre femme ayant fui Hodeida.

« On entendait des explosions et on ne pouvait pas dormir (…) J’ai décidé avec mes filles de quitter la ville. Je ne pouvais rien faire d’autre même si la taxi m’a coûté 32.000 riyals ».

Ce montant, soit environ 60 dollars, est équivalent au salaire mensuel moyen d’un fonctionnaire au Yémen.

En attendant d’être pris en charge par une ONG ou un service gouvernemental, les nouveaux déplacés, des membres d’environ 70 familles, ont pris place dans les salles de classe et les couloirs de l’école Abou Bakr al-Siddiq.

Des voisins leur ont apporté vivres, couvertures et vêtements, un signe de solidarité dans un pays pourtant éprouvé dans la guerre qui a fait près de 10.000 morts en plus de trois ans et provoqué une catastrophe humanitaire décrite par l’ONU comme la « pire au monde ».

Dans la cour de l’école, une femme déplacée avec ses enfants, se lamente: « On avait peur, pour nos enfants et pour nous-mêmes. Le bruit des avions déclenchait les pleurs des plus petits ».

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