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Le glyphosate, un herbicide controversé massivement utilisé

Source d'inquiétudes pour ses effets sur la santé et l'environnement, le glyphosate est un herbicide massivement utilisé à travers le…

Source d’inquiétudes pour ses effets sur la santé et l’environnement, le glyphosate est un herbicide massivement utilisé à travers le monde, notamment sous la marque Roundup.

L’Agence de l’environnement française Anses a annoncé mardi l’interdiction avec effet immédiat de l’utilisation du Roundup 360 à la suite d’un jugement annulant son autorisation de mise sur le marché.

C’est l’herbicide « le plus fréquemment utilisé, à la fois dans le monde et dans l’UE », indiquait en 2017 la Commission européenne. En France, 8.800 tonnes de glyphosate ont été vendues en 2017.

Ce désherbant « à large spectre » a été classé comme « cancérogène probable » en mars 2015 par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), agence dépendant de l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

Mais en novembre 2015, l’Autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa) estimait « improbable » qu’il présente un danger cancérogène pour l’homme, et l’Agence européenne des produits chimiques (Echa) était allée dans le même sens en 2017.

Un nombre croissant d’organisations militent pour son interdiction. La France s’est engagée à sortir du glyphosate d’ici à 2021.

Au niveau européen, les États membres de l’UE ont décidé en novembre 2017 d’autoriser pour cinq ans supplémentaires l’herbicide au terme de deux ans de débats difficiles.

– Utilisation mondiale décuplée –

Commercialisé depuis 1974 par Monsanto sous le nom de Roundup, son usage a explosé dans le monde à partir du milieu des années 90 quand la firme américaine s’est mise à vendre des semences génétiquement modifiées pour résister à son action.

Son utilisation mondiale a été multipliée par près de 15 entre 1994 et 2014 pour s’établir à environ 826.000 tonnes, selon un travail de l’universitaire américain Chuck Benbrook, publié en 2016 dans la revue Environmental Sciences Europe.

Le brevet détenu par Monsanto est tombé dans le domaine public en 2000. Aujourd’hui, il est produit sous des noms divers par de nombreuses firmes.

– Interdit au Sri Lanka –

Soupçonné de provoquer une nouvelle maladie des reins parmi les habitants des zones de production de riz, l’herbicide a été interdit au Sri Lanka en juin 2015 à la suite d’une promesse électorale du président Maithripala Sirisena.

Mais la communauté scientifique sri-lankaise souligne l’absence d’étude associant directement le glyphosate à cette « maladie rénale chronique » et l’interdiction a été partiellement levée en mai 2018, avec une autorisation d’utilisation dans les plantations de thé et d’hévéa.

Au Salvador, il a fait partie d’une liste de 53 produits pour l’agriculture interdits en 2013. Mais l’interdiction a ensuite été levée pour cet herbicide et dix autres produits, tandis qu’une commission était instaurée pour en évaluer les risques.

Au Brésil, la justice a demandé en 2015 à l’Agence nationale de surveillance sanitaire (Anvisa) d’évaluer « en toute urgence » sa toxicité en vue d’une éventuelle interdiction. Le puissant lobby agricole brésilien voit d’un mauvais œil une éventuelle restriction.

– Restrictions locales, partielles –

Dans plusieurs pays européens, l’utilisation glyphosate est objet de restriction locale ou partielle. En Italie, son usage est interdit depuis 2016 dans les zones fréquentées par la population comme les parcs, terrains de sport, aires de jeux pour enfants…

Aux Pays-Bas, il est interdit de l’utiliser sur les revêtements et l’asphalte depuis 2016, ce qui a entraîné une réduction du taux de l’herbicide dans les eaux de surface et eaux souterraines.

En France, son utilisation par les collectivités dans les espaces ouverts au public est interdite depuis le 1er janvier 2017 et son usage est banni depuis le 1er janvier 2019 pour tous les usages non professionnels, en particulier pour les jardiniers amateurs.

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