InternationalAFP




Le gouvernement comorien propose l’impunité aux rebelles d’Anjouan contre leurs armes

Après quatre jours d’affrontements entre rebelles et forces régulières dans Mutsamudu, capitale de l’île comorienne d’Anjouan, le gouvernement des Comores…

Après quatre jours d’affrontements entre rebelles et forces régulières dans Mutsamudu, capitale de l’île comorienne d’Anjouan, le gouvernement des Comores a proposé vendredi l’impunité à ses opposants contre la remise de leurs armes.

Un protocole d’accord dont l’AFP a obtenu copie stipule que le président Azali Assoumani « est disposé à accorder l’impunité à toute personne civile qui remettra son arme aux autorités militaires (…) entre 6h du matin et 18h », ce vendredi.

Il précise que « cette personne ne sera pas poursuivie et pourra partir librement vers la destination de son choix ».

L’accord a été signé entre le gouvernement comorien, l’exécutif de l’île d’Anjouan, contrôlé par l’opposition, et une délégation de la ville de Mutsamudu.

Les pourparlers et la signature du protocole d’accord ont eu lieu dans un hôtel de Mutsamudu. La délégation gouvernementale était conduite par le ministre de l’Education nationale Mahamoud Salim.

Une cérémonie de remise des armes des rebelles, au nombre d’une quarantaine selon un opposant, était prévue en fin d’après-midi à la mairie de la ville.

Dès vendredi matin, jour de prières, les habitants de Mutsamudu s’étaient réveillés dans le calme et avec le rétablissement de l’alimentation en eau, a constaté l’AFP.

« Coincé » au sein de la médina toujours sous contrôle des rebelles et assiégée par les militaires comoriens, un habitant de Mutsamudu avait indiqué à l’AFP par téléphone « qu’après 4 jours de tirs nourris », les coups de feu avaient cessé.

Il avait confirmé que l’alimentation en eau, coupée depuis lundi, avait été rétablie mais de manière sporadique. L’électricité, en revanche, était toujours coupée, ce qui commençait à poser problème pour communiquer vers l’extérieur avec ordinateurs et téléphones portables.

Cet habitant de Mutsamudu, qui a pu faire évacuer sa famille hors de la médina, avait également indiqué que les militaires laissaient sortir les femmes et les enfants – de moins de 14 ans seulement pour les garçons.

Mais « certains habitants ne veulent pas quitter leur maison car ils ont peur des pillages » et craignent également des violences de la part des militaires.

« Les habitants doutent de la sincérité des militaires » et ont entendu parler « d’arrestations arbitraires », a-t-il expliqué, avant d’ajouter, pessimiste: « On ne sait pas à quelle heure on va nous exterminer. Il faut s’y attendre. Ça va mal tourner de toute façon. On ne s’attend pas à un miracle ».

Une Anjouanaise, enseignante à Mayotte, jugeait vendredi matin « grave, très grave », ce qui se passe à Anjouan.

Si elle estimait « pas claires » les revendications des rebelles, l’enseignante se disait « certaine que c’est la situation qui prévaut qui les a amenés à prendre les armes ».

– ‘Du travail!’-

« Nous voulons qu’ils gagnent », lançait un jeune, en parlant des rebelles. « Ceux qui détournent des millions sont en liberté, quand celui qui chaparde une banane pour survivre va passer des mois en prison. S’ils veulent la paix, qu’ils nous donnent du travail »!, renchérissait un jeune révolté, qui haranguait une quinzaine de jeunes sur le trottoir du quartier Shell, à la sortie Sud de la ville.

Depuis lundi, des affrontements ont opposé ces rebelles à l’armée comorienne à Mutsamudu, faisant trois morts, selon les autorités. Au moins six personnes ont été grièvement blessées, d’après une source hospitalière à Mutsamudu.

Les autorités accusent le parti Juwa, de l’opposant et ancien président de l’archipel Abdallah Sambi, originaire d’Anjouan, d’être à l’origine des violences qui ont éclaté quand les manifestants ont érigé des barricades et que les forces de l’ordre les ont démantelées.

Les opposants, qui accusent le président Assoumani de se comporter en dictateur « de république bananière » et de vouloir se maintenir au pouvoir, renvoient la responsabilité de la situation au gouvernement.

Le climat politique s’est dégradé aux Comores depuis le référendum constitutionnel du 30 juillet dernier. Ce scrutin aux allures de plébiscite (92,74% de oui) a renforcé les pouvoirs du président Assoumani, notamment en l’autorisant à accomplir deux mandats successifs au lieu d’un.

Depuis 2001, la présidence était attribuée tous les cinq ans à un représentant de l’une des trois îles du pays (Grande-Comore, Anjouan et Mohéli). Il était ainsi prévu qu’Anjouan prenne la prochaine présidence.

Mais Azali Assoumani, ex-putschiste élu en 2016, a annoncé son intention d’organiser un scrutin présidentiel anticipé l’an prochain, ce qui lui permettrait de remettre les compteurs électoraux à zéro et de régner sur l’archipel, en cas de victoire, jusqu’en 2029.

Depuis le référendum, des dizaines d’opposants, qui ont boycotté le scrutin de juillet, ont été arrêtés, dont Abdallah Sambi, inculpé dans une affaire de corruption et assigné depuis cinq mois à résidence à Moroni.

Suivez l'information en direct sur notre chaîne