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Le « grand remplacement », une thèse complotiste aux origines néonazies

La thèse du "grand remplacement" de la population européenne par une population immigrée, citée par l'auteur de la tuerie en…

La thèse du « grand remplacement » de la population européenne par une population immigrée, citée par l’auteur de la tuerie en Nouvelle-Zélande, a été conçue par d’anciens nazis après la guerre, avant d’être popularisée après les attentats de 2001, débarrassée de ses arguments antisémites mais toujours complotiste.

L’extrême droite radicale va développer la thématique de la destruction de l’Europe par une « colonisation » d’immigrés africains après 1945, en la disant œuvre du complot juif, explique l’historien Nicolas Lebourg dans Médiapart. Après le 11 septembre 2001, ses partisans vont en extraire « l’argumentaire antisémite, pour le faire seulement mythe mobilisateur raciste et islamophobe ».

Le manifeste du tueur de Christchurch, intitulé « Le grand remplacement », fait référence à un « génocide blanc », une formule utilisée depuis 40 ans par l’extrême droite radicale anglo-saxonne et « synonyme » de la première, selon ce spécialiste des droites extrêmes.

« Dès 1946, des groupes d’anciens Waffen-SS affirmaient que désormais toute l’Europe était occupée par les +nègres+ (les soldats américains) et les +mongols+ (les soldats russes), et qu’il s’agissait de libérer le continent de +l’occupation+ par +une nouvelle résistance+ », rappelle-t-il.

Mais c’est l’ancien trotskyste et ancien Waffen-SS français René Binet qui va diffuser, sur le plan international, la thématique d’un grand remplacement organisé par les juifs.

Après les attentats du 11 septembre 2001, les partisans de cette thèse accusent le « multiculturalisme », au lieu du métissage, pour avancer que les populations immigrées musulmanes vont « remplacer » les populations « blanches et chrétiennes ».

Cette thèse comporte toujours un aspect complotiste car le « remplacement » est présenté actuellement « comme sciemment organisé par les +représentants de la superclasse mondiale+ », note l’historienne Valérie Igounet dans une étude pour la Fondation Jean Jaurès.

L’écrivain Renaud Camus l’a popularisée dans un ouvrage publié en 2011 intitulé « Le grand remplacement », où il « insiste sur une +colonisation démographique+ qui +touche à l’identité même de la nation, et (qui) dans très peu d’années (…) sera irréversible+ ». « En d’autres termes, la France s’apprêterait à passer sous domination musulmane », explique Mme Igounet.

Parmi les mesures proposées par M. Camus pour faire échec au « remplacisme » figurent notamment la suppression du droit du sol, l’abrogation du regroupement familial, l’interdiction d’adopter des enfants extra-européens, la création d’un haut-commissariat à la Remigration, ou l’attribution exclusive des aides sociales aux nationaux et ressortissants européens.

Renaud Camus a dénoncé vendredi les attaques contre les mosquées en Nouvelle-Zélande, en les qualifiant de « terroristes, épouvantables, criminelles, désastreuses et imbéciles ».