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Le Labour, source d’inspiration pour la gauche radicale européenne

Avec environ 550.000 militants et le soutien de mouvements populaires et de syndicats, le Labour, principal parti d'opposition britannique, suscite…

Avec environ 550.000 militants et le soutien de mouvements populaires et de syndicats, le Labour, principal parti d’opposition britannique, suscite l’envie d’autres partis de gauche en Europe.

« En termes d’organisation et de nombre de militants, c’est un parti qui va très très bien et c’est tout à fait original et différent de ce que connaissent la plupart des partis sociaux-démocrates qui, à l’instar du PS, vont mal », souligne Philippe Marlière, professeur de sciences politiques à l’University College de Londres, interrogé par l’AFP.

En Europe, « le seul autre exemple d’un parti social démocrate qui va bien c’est au Portugal », estime-t-il.

Après avoir dû s’imposer à la tête du parti, où sa ligne très à gauche et son passé de rebelle lui ont valu des attaques et une motion de défiance, Jeremy Corbyn est désormais bien installé.

Il est sorti renforcé des élections législatives de juin 2017 et peut compter sur le soutien de Momentum, un mouvement populaire qui entend rendre le Labour plus « ouvert » et « démocratique ».

Intrigués par le succès de Momentum, plusieurs responsables politiques européens de la gauche radicale sont venus participer à son festival politique et culturel organisé en marge du congrès du Labour à Liverpool.

Des représentants de Die Linke (Allemagne), Podemos (Espagne) et Syriza (Grèce) ont planché sur l’avenir de la gauche en Europe samedi tandis que le lendemain des membres de Syriza et du groupe catalan En Comu s’interrogeaient sur une possible « alliance radicale ».

Jean-Luc Mélenchon, le chef de La France Insoumise, a rencontré Jeremy Corbyn lundi avant de faire un discours dans la soirée devant les militants de Momentum.

Il a dit voir des parallèles entre leurs deux parcours. L’un est toutefois resté dans son parti qu’il a orienté à gauche quand l’autre a claqué la porte du PS.

L’ascension de Jeremy Corbyn « est un cas unique où la social-démocratie a été investie par la vague +dégagiste+ », qui a « viré l’ancienne élite dirigeante », a déclaré le responsable politique français à la presse.

– Diversité –

Si le Labour est l’un des rares partis social-démocrates qui s’en sort en Europe, c’est parce que son chef, « en tenant un discours social et plus à gauche sur les questions économiques a séduit un électorat qui s’abstenait » jusqu’alors, analyse Philippe Marlière.

En outre, « il y a eu une volonté (…) de développer des modes de fonctionnement et de militantisme souples, démocratiques, et ouverts à tous. On essaie d’attirer les jeunes, les femmes, les minorités ethniques et on leur donne des postes à responsabilité », ajoute-t-il, estimant que c’est une « baffe » infligée au militantisme traditionnel de gauche, « un monde d’hommes blancs d’âge mûr ».

Si plusieurs représentants de la gauche radicale sont venus à Liverpool pour échanger et piocher des idées, les partis sociaux démocrates étaient, eux, aux abonnés absents.

« Nulle part en Europe la gauche ne s’est réinventée elle-même comme le Labour au Royaume-Uni », s’est enorgueilli le député travailliste Jon Trickett, membre du gouvernement « fantôme » du Labour, lors d’un discours devant les militants de Momentum.

S’il veut pouvoir former le prochain gouvernement britannique et chasser les conservateurs du pouvoir, il va toutefois lui falloir convaincre au-delà de l’audience que son positionnement très à gauche lui a valu, en particulier chez les jeunes et les abstentionnistes.

Or pour l’instant, le Labour reste au coude à coude dans les sondages avec les Tories, et ce malgré les graves divisions sur le Brexit qui déchirent le parti de la Première ministre Theresa May.

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