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Le Pakistan en plein chaos électoral, Imran Kahn donné vainqueur

Le Pakistan s'est réveillé en plein chaos électoral jeudi, le parti du gouvernement sortant dénonçant des "fraudes flagrantes" et rejetant…

Le Pakistan s’est réveillé en plein chaos électoral jeudi, le parti du gouvernement sortant dénonçant des « fraudes flagrantes » et rejetant les premiers résultats officieux des législatives, qui suggèrent une victoire de l’ex-champion de cricket Imran Khan.

Le dépouillement des bulletins a pris énormément de retard. Selon les médias locaux, à peine la moitié des votes avaient été comptés environ 18 heures après la fin du scrutin.

La Commission électorale pakistanaise (ECP) a justifié cette lenteur par des « problèmes techniques » liés à l’utilisation d’un nouveau logiciel électoral.

« Ces élections ne sont pas entachées. (…) Elles sont à 100% justes et transparentes », a affirmé son directeur, Sardar Muhammad Raza, lors d’une conférence de presse, la troisième pour l’ECP au cours de cette nuit électorale hors du commun.

L’ECP n’a pas avancé de date pour la publication des résultats.

Les projections officieuses et partielles des médias donnaient jeudi Pakistan Tehreek-e-Insaf (PTI), parti d’Imran Khan, vainqueur du scrutin avec a minima 100 sièges de députés, loin devant son rival, le parti PML-N. Une majorité de 137 sièges est nécessaire à la formation d’un gouvernement.

« Imran khan en passe de devenir Premier ministre », assurait le quotidien Dawn en une jeudi.

Ni l’intéressé, ni l’armée, qui est soupçonnée de l’avoir soutenu par toutes sortes de manoeuvres en sous-main ces derniers mois, ne se sont exprimés publiquement dans l’immédiat.

Mais les retards dans le dépouillement ont renforcé les soupçons de manipulations. Mercredi soir, le PML-N, parti au pouvoir ces cinq dernières années, a lancé a annoncé « rejeter intégralement les résultats (…) du fait d’irrégularités manifestes et massives ».

« Les résultats ont été comptés en l’absence de nos agents électoraux », a-t-il protesté.

Son dirigeant Shahbaz Sharif, frère de l’ancien Premier ministre Nawaz Sharif, actuellement emprisonné pour corruption, a dénoncé « des fraudes si flagrantes que tout le monde s’est mis à pleurer ».

Il a ensuite averti sur Twitter que les « résultats basés sur un truquage massif causeront des dommages irréparables au pays ».

Le chef du PPP (Parti du peuple pakistanais, au pouvoir de 2008 à 2013) Bilawal Bhutto-Zardari, a abondé dans son sens en qualifiant d' »inexcusable et scandaleux » le dénouement de l’élection.

« Mes candidats se plaignent que nos agents électoraux ont été expulsés des bureaux de vote dans tout le pays », a tweeté le fils de la Première ministre Benazir Bhutto, assassinée en 2007. D’autres partis politiques ont également fait état de fraudes.

La controverse fait suite à une campagne déjà considérée par certains observateurs comme l’une des plus « sales » de l’histoire du pays en raison de ces nombreuses manipulations présumées, et marquée par une visibilité accrue des partis religieux extrémistes.

– ‘Tourmente’ –

« C’est le chaos complet », a observé l’analyste politique Azeema Cheema, de déclarant « très préoccupée » par le tour que pourraient désormais prendre les évènements.

« Cela dépendra de comment sera organisée la désobéissance civile. Il pourrait y avoir des émeutes spontanées parmi les militants politiques. Ou les partis politiques pourraient organiser des sit-ins et des manifestations », a-t-elle expliqué à l’AFP.

« Peu importe comment il sera géré, le climat post-électoral immédiat sera assez tendu », a de son côté estimé Michael Kugelman, analyste du Centre Wilson à Washington, qui ne voit « aucune façon d’éviter une période de tourmente ».

« La plupart des observateurs s’attendaient à un vote serré rendant la formation d’une coalition nécessaire, ce qui aurait pris plusieurs jours et aurait pu être assez tendu. Au lieu de cela, on a le problème inverse, avec un parti qui a pris le large, ce qui rend ses rivaux suscipicieux », a-t-il souligné.

Les élections de mercredi, placées sous très haute sécurité, constituaient une rare transition démocratique d’un gouvernement civil à un autre dans ce jeune pays au passé ponctué de coups d’Etat militaires. Le Pakistan, puissance nucléaire, a été dirigé par son armée pendant près de la moitié de ses 71 ans d’histoire.

Des partisans du PTI, souvent jeunes, ont célébré une bonne partie de la nuit la victoire attendue de leur champion. Imran Khan « a motivé la jeunesse », s’enthousiasmait l’un de ses fans, Fahad Hussain, 21 ans.

Souvent présenté comme un séducteur impéninent en Occident, l’ancien sportif de haut niveau se montre sous un jour bien plus dévot au Pakistan, où il a fait de la lutte contre la corruption son cheval de bataille électoral.

Quelque 800.000 militaires et policiers avaient été déployés pour assurer la sécurité.

Plusieurs attaques contre le scrutin se sont pourtant produites. La plus importante, un attentat suicide revendiqué par le groupe Etat islamique (EI), a fait au moins 31 morts et 70 blessés près d’un bureau de vote de Quetta, dans la province du Baloutchistan (sud-ouest).

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