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Le parlement grec s’apprête à voter sur le nouveau nom de la Macédoine

Le parlement grec se préparait vendredi à rendre l'une des décisions diplomatiques les plus importantes de l'histoire récente de la…

Le parlement grec se préparait vendredi à rendre l’une des décisions diplomatiques les plus importantes de l’histoire récente de la Grèce, en entérinant le changement de nom de la Macédoine voisine, malgré l’opposition d’une grande partie de l’opinion publique.

Au moment où les Grecs étaient à nouveau appelés à manifester malgré la pluie devant la Vouli (le parlement), les députés devaient mettre un terme à près de 30 ans de dispute entre les deux voisins.

« Avec cet accord, la Grèce (…) retrouve son histoire, ses symboles, sa tradition », a plaidé le Premier ministre Alexis Tsipras jeudi soir devant la chambre.

Par ce vote prévu pour 12H30 GMT, il a appelé à mettre fin à « 30 ans d’inertie ».

« Il est temps maintenant de briser le cercle vicieux du nationalisme et de regarder la future coopération » entre les deux pays, a exhorté Alexis Tsipras, estimant que « l’opinion publique grecque a été continuellement trompée ».

Anecdotique dans ses termes pour la plupart des Occidentaux, l’accord dit de Prespes (ou Prespa) rebaptise le pays voisin en « République de Macédoine du Nord ». Mais il constitue aussi la porte d’entrée de l’UE et de l’Otan pour cette ancienne république yougoslave, coincée entre l’Albanie, le Kosovo, la Serbie, la Bulgarie et la Grèce. Athènes a mis son veto à cette adhésion tant que l’accord ne serait pas ratifié.

Mais le texte gréco-macédonien, signé le 17 juin sous l’égide de l’ONU, est loin d’être anodin pour la population grecque.

La mobilisation ne faiblit pas contre le nouveau nom de la Macédoine, à en croire la détermination des manifestants que l’accord est capable de déplacer.

« Jusqu’au bout, nous nous opposerons à cet accord. Même s’il est voté par le parlement, nous continuerons à montrer notre mécontentement », a affirmé Michalis, un trentenaire habitant dans le Péloponnèse ayant répondu jeudi soir à l’appel des organisations défendant « la grécité » de la Macédoine.

Cette manifestation de quelques milliers de personnes s’est soldée par de brèves échauffourées devant le parlement, où les députés continuaient de débattre depuis mercredi.

Dimanche, de violents incidents avaient éclaté au cours d’un rassemblement de 60.000 à 100.000 protestataires sur la place Syntagma. Le gouvernement avait pointé du doigt des extrémistes du parti néonazi Aube Dorée qui tentaient de pénétrer dans le parlement.

– « Une nouvelle page de l’histoire » –

Pour les Grecs, le terme Macédoine n’appartient qu’à leur patrimoine historique et à la province éponyme du nord de leur pays, terre natale d’Alexandre le Grand. Certains redoutent même que le petit Etat balkanique voisin n’ait des velléités d’annexer cette région grecque qui ouvre sur la mer Egée, un accès dont il est privé.

L’accord entre Alexis Tspiras et son homologue macédonien Zoran Zaev suscite en Grèce l’opposition de 62% des personnes interrogées selon les résultats d’un sondage Pulse SKAI TV rendus publics jeudi. Ils étaient 69,5% contre, d’après une précédente enquête de Proto Thema diffusée dimanche.

La majorité des partis politiques sont farouchement opposés à l’accord, de l’extrême droite aux socialistes du Kinal et aux communistes du KKE, en passant par la grande formation de droite Nouvelle-Démocratie (78 députés).

Malgré tout, l’accord devrait en principe être validé par la majorité absolue des députés, soit au moins 151 sur 300.

Pour le quotidien centriste Ethnos vendredi, c’est « une certitude » que 153 élus voteront en faveur de l’accord, le pays s’apprêtant à « tourner une nouvelle page de l’histoire ».

Outre les élus de son parti de gauche Syriza (145), Alexis Tsipras peut compter sur au moins six autres députés, des dissidents de son ancien allié au gouvernement, le parti souverainiste des Grecs indépendants Anel, ou de partis du centre gauche (les socialistes de Kinal et Potami).

Voté le 11 janvier par le parlement macédonien, l’accord requiert l’approbation du parlement grec pour entrer en vigueur.

Dans le cas contraire, « les conséquences de l’échec seront importantes » et « une nouvelle négociation prendrait des années », a prévenu mercredi Matthew Nimetz, le médiateur onusien sur la question.

Mais le principal leader de l’opposition Kyriakos Mitsotakis ne cesse de réclamer des législatives anticipées et promet « une nouvelle négociation » de l’accord controversé, en cas de « non » de la Vouli. A condition qu’il remporte les prochaines élections pour l’instant prévues pour octobre.

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