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Le patronat camerounais alerte sur une «situation d’extrême gravité de pénurie des devises»

Le groupement interpatronal du Cameroun (Gicam) a exprimé, par voie de communiqué parvenu lundi à APA, ses vives préoccupations face…

Le groupement interpatronal du Cameroun (Gicam) a exprimé, par voie de communiqué parvenu lundi à APA, ses vives préoccupations face à la «situation d’extrême gravité de pénurie des devises» dans le pays.Évoquant un phénomène d’une ampleur sans précédent, l’institution déplore le ralentissement considérable des opérations d’importation d’intrants, produits et équipements de production ainsi que de maintenance de l’outil de production des entreprises.

À plus ou moins brève échéance, alerte le patronat, cette pénurie pourrait contraindre lesdites entreprises à suspendre, voire cesser leurs activités du fait d’une perte de confiance dans des relations distendues avec leurs fournisseurs et partenaires extérieurs. Certains prestataires ont déjà suspendu leurs opérations avec le Cameroun au moment où aucune visibilité n’est perceptible à l’horizon, pour rassurer les partenaires.

Mi-juin dernier, signale le Gicam, les demandes de transfert totalisaient plusieurs dizaines de milliards de francs. Les délais d’exécution n’étant plus respectés, variant de plusieurs semaines à plusieurs mois en même temps que les commissions de transfert et d’achat des devises, divers frais bancaires sont à la hausse.

De même, les procédures de transfert sont devenues plus longues et plus complexes avec, au total, des conséquences désastreuses pour les entreprises et pour l’économie nationale, en général.

Le patronat, en liaison avec l’Association professionnelle des établissements de crédit du Cameroun (Apeccam), rappelle avoir attiré l’attention des autorités monétaires, depuis des mois, sur les risques grandissants pesant sur l’économie du pays, du fait de cette pénurie des devises.

«De fait, les entreprises sont exposées à la perte de protection de leurs actifs en lien avec le non-paiement effectif des primes dues aux compagnies de réassurance internationales. Le risque-pays se dégrade et tend à détourner les assureurs-crédit de nos entreprises. Nos efforts sont restés vains malgré la nouvelle règlementation de change qui, pour l’heure, n’a guère permis d’apporter des solutions concrètes aux problèmes des entreprises ni à rassurer les opérateurs économiques, mais s’est caractérisée par des contrôles administratifs accrus préjudiciables aux opérations d’importation », se désole le patronat camerounais.

Face aux menaces réelles de paralysie de l’économie, le Gicam propose des mesures conservatoires d’urgence visant à limiter les effets néfastes de cette situation. Ces mesures vont de la suspension temporaire de l’importation de certains produits au contingentement de l’importation de produits plus ou moins essentiels, en passant par la priorité au paiement des importations de produits et services essentiels, ainsi que des secteurs stratégiques.

En mai dernier, les milieux d’affaires camerounais s’étaient déjà émus du rationnement de fait imposé aux entreprises pour le règlement de leurs transactions internationales, se traduisant par des délais d’exécution des transferts beaucoup plus longs, le relèvement desdits coûts de transactions ainsi que la complexification des procédures..

Trois mois avant, le président de l’Union des patronats d’Afrique centrale (Unipace) et président du Gicam, Célestin Tawamba, avait attiré l’attention de l’opinion sur l’inquiétude des chefs d’entreprises face à cet épineux problème qui, selon lui, « met à mal la crédibilité des entreprises auprès des fournisseurs ».

Estimant que cette situation n’est pas de bon augure quant à la réforme structurelle portant sur l’amélioration du climat des affaires et la compétitivité des entreprises, amenant à la conclusion que la sous-région « est une zone économique malade, sous perfusion du FMI », il avait alors insisté pour dire que cette pénurie « est une piqûre de rappel quant à la nécessité de revisiter le modèle économique de notre sous-région, qui est précisément à l’origine de l’effondrement des réserves de changes ».

À la Banque des États de l’Afrique centrale (Beac), le gouverneur, Abbas Mahamat Tolli, avait qualifié d’«infondées et totalement inexactes» les informations faisant état d’une rareté des devises au sein de la Communauté économique et monétaire sous-régionale (Cemac).

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