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Le Premier ministre soudanais vient parler paix à Juba, sa « seconde maison »

Le nouveau Premier ministre soudanais, Abdalla Hamdok, a réservé jeudi à son voisin sud-soudanais son premier déplacement officiel depuis son…

Le nouveau Premier ministre soudanais, Abdalla Hamdok, a réservé jeudi à son voisin sud-soudanais son premier déplacement officiel depuis son investiture le 21 août, avec la volonté affichée de retisser des liens politiques et économiques très étroits entre les deux anciens belligérants.

M. Hamdok, un économiste chargé d’assurer la transition vers un pouvoir civil, après des mois d’une contestation inédite qui a fait tomber le président Omar el-Béchir, a rencontré le président sud-soudanais Salva Kiir.

« Je suis ravi d’être dans ma seconde maison, Juba. Nous cherchons à établir une relation très spéciale et très stratégique entre nos deux nations, et l’horizon est la (seule) limite à cette relation », a déclaré M. Hamdok, qui doit rentrer vendredi à Khartoum.

Pendant deux heures, les deux dirigeants ont évoqué des problématiques non résolues depuis la signature en 2005 d’un accord de paix qui avait mis fin à plusieurs décennies de guerre et mené à l’indépendance du Soudan du Sud en 2011, a expliqué la ministre sud-soudanaise des Affaires étrangères, Awut Deng.

Parmi les questions en suspens, figurent celles de la démarcation des frontières, de leurs relations commerciales, en particulier autour de l’utilisation des infrastructures du Nord pour l’exportation du pétrole sud-soudanais, et de la liberté de mouvement des citoyens.

« Le temps est venu pour les deux pays de faire taire les armes. La guerre n’est plus une option pour nos peuples. Nous avons besoin de la paix, d’une paix durable entre nos deux pays », a estimé Mme Deng. « Nous ne pouvons y arriver que dans un environnement où nous avons tous accepté de définir une feuille de route et de travailler pour la paix ».

Plus jeune État au monde, le Soudan du Sud a sombré dans la guerre civile en décembre 2013, deux ans après son indépendance, lorsque M. Kiir, un Dinka, a accusé Riek Machar, son ancien vice-président, membre de l’ethnie nuer, de fomenter un coup d’État.

Le conflit, marqué par des atrocités et le recours au viol comme arme de guerre, a fait plus de 380.000 morts selon une étude récente, et poussé plus de quatre millions de Sud-Soudanais, soit près d’un tiers de la population, à quitter leurs foyers.

– Rapprochement –

Si les questions frontalière et pétrolière restent sources de tension, les relations entre le Soudan et le Soudan du Sud se sont récemment considérablement améliorées.

« Nous sommes des frères et des sœurs. Nous avons formé un pays et maintenant nous sommes deux pays, mais nous ne sommes toujours qu’une nation et nous espérons développer nos relations », a déclaré la ministre soudanaise des Affaires étrangères, Asma Mohamed Abdallah.

La guerre civile au Soudan du Sud – un accord de paix a été signé en septembre 2018 à Addis Abeba mais reste encore largement inappliqué – et la crise économique au Soudan, qui a souffert de l’effondrement de l’industrie pétrolière sud-soudanaise, expliquent pour beaucoup le rapprochement entre les deux pays, selon les analystes.

L’une des dernières initiatives diplomatiques de M. Béchir, avant d’être renversé, avait été de faire pression sur MM. Kiir et Machar pour les inciter à signer l’accord d’Addis Abeba.

Mais avec la crise traversée ces derniers mois par le Soudan, les observateurs se demandent si son nouveau gouvernement aura la même volonté et la même capacité à pousser les dirigeants sud-soudanais à mettre en œuvre l’accord de paix.

MM. Kiir et Machar se sont vus cette semaine à Juba – leur première rencontre depuis avril – et ont réaffirmé leur engagement à respecter la date-butoir fixée à mi-novembre pour la formation d’un gouvernement transitoire d’union nationale.

Autre signe du rapprochement entre les deux pays, le président Kiir avait été désigné en novembre 2018 médiateur des pourparlers de paix entre Khartoum et les rebelles des États soudanais du Darfour (ouest), du Kordofan-Sud (sud) et du Nil Bleu (sud-est).

M. Hamdok a promis de mettre fin à ces conflits locaux, qui ont provoqué des milliers de morts et des millions de déplacés dans des régions qui s’estiment marginalisées par le pouvoir central.

Ces groupes rebelles se sont retrouvés cette semaine à Juba et ont signé un accord portant sur des « principes de pré-négociation » avec Khartoum.

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