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Le retrait de la CAN 2019 au Cameroun fait les choux gras de la presse locale

Les journaux camerounais parus lundi sont inconsolables après le retrait au pays, en fin de semaine à Accra (Ghana) par…

Les journaux camerounais parus lundi sont inconsolables après le retrait au pays, en fin de semaine à Accra (Ghana) par la Confédération africaine de football (CAF), de l’organisation de la Coupe continentale des nations (CAN) 2019 de la discipline.Aussi virulents les uns que les autres, les titres s’égrènent à la pelle : «Les Camerounais sont en deuil, mais en même temps mais saluent le retrait de la CAN» (The Post), «Inertie de l’État : Comment Paul Biya a perdu la CAN» (Le Messager), «CAN 2019 : incapables » (Le Jour), «Retrait CAN 2019 : qui va payer le prix ?» (L’Anecdote), «Retrait de la CAN : à qui la faute ? » (The Guardian Post) et «Retrait de la CAN : fin des mensonges d’État» (La Voix du Centre)

«Retrait de la CAN 2019 : un vilain complot contre Paul Biya» (Panels Hebdo), «CAN 2019 : pourquoi ces gens doivent être arrêtés» (La Nouvelle», «Humiliation du siècle : les têtes vont tomber» (Le Soir), «CAN 2019 : dans les coulisses d’un complot prémédité» (Défis Actuels), «La CAF humilie le Cameroun» (Eden), «La CAF poignarde le Cameroun» (The Sun), «Tout le monde en prison à Kondengui !» (La Météo), «Après la décision de la CAF : le Grand Nord pleure sa CAN» (L’œil du Sahel) et «Le Cameroun meurtri mais debout» (L’Essentiel) sont les autres titres de la presse locale sur le sujet du jour.

La palme de l’originalité revient sans conteste à Mutations, qui pour toute manchette, publie, à fond perdu, la photo têtes en bas représentant, pas plus tard que le 2 octobre dernier au palais présidentiel, le chef de l’État Paul Biya recevant le fanion de la CAF des mains du patron de cette institution, Ahmad Ahmad.

Plus loin, le quotidien à capitaux privés rappelle perfidement que ce jour-là, le ressortissant malgache avait affirmé que «la CAF n’a jamais réfléchi à un retrait de la CAN au Cameroun».

«Contrairement aux déclarations faites par le président de la CAF à Yaoundé en octobre dernier, l’institution avait bien un plan B.», constate l’hebdomadaire Intégration, accusant Ahmad Ahmad de tenir un double langage.

En même temps, pour la publication, cette triste histoire constitue le premier loupé du «septennat des grandes opportunités» : «À peine entamé, le nouveau mandat du président de la République doit faire face à une déconvenue de taille. Le retrait de l’organisation de la CAN 2019 au Cameroun prive le pouvoir d’un moment qu’il annonçait d’ores et déjà de ‘’communion nationale ».»

Dans les milieux des sports camerounais, renchérit Défis Actuels, la décision du Comité exécutif de la CAF ne surprend pas grand monde : certes, le pays champion d’Afrique en titre n’est pas exempt de tout reproche, mais des sources avisées croient savoir que le président de la CAF n’a jamais honnêtement souhaité voir le Cameroun organiser cette compétition, lui qui, depuis son arrivée à la tête de l’instance, a toujours remis en cause les capacités du pays de Roger Milla à relever le défi de l’organisation d’une CAN.

Avant d’aller soupçonner les autres de sabotage, répond en écho Le Messager, il convient d’effectuer une introspection froide pour relever le laxisme du pouvoir de Yaoundé, qui aura passé des années à louvoyer plutôt que de se mettre résolument au travail.

«Nous sommes entièrement responsables de ce qui vient de nous arriver», confirme La Météo : «À l’heure où certains s’attachent à rechercher chez les autres les origines de nos propres turpitudes, il convient d’être honnête et de reconnaître que le Cameroun n’était pas prêt à recevoir, dans les règles de l’art, selon le cahier de charges librement accepté et aux dates prévues (du 15 juin au 13 juillet 2019), la plus grande fête sportive du continent. L’improvisation chronique et la prédation endémique étaient à tous les étages.»

En dépit des assurances données aux inspecteurs de la CAF, force a été de constater, se désole The Sun, que non seulement rien n’était en conformité avec le cahier de charges, mais qu’en plus le volet sécurité, avec notamment le conflit sécessionniste dans les régions anglophones, représentait un gros risque pour la tenue de la compétition en terre camerounaise.

Pour le gouvernement, dont la réaction est reprise par The Guardian Post, il s’agit plutôt injustice flagrante, le pays ayant fait l’objet, dans le cadre de ce dossier, d’un traitement qui ne peut que susciter des interrogations.

Après le retrait de l’organisation de la CAN 2019 au Cameroun, il est question que les acteurs clés par qui le malheur de notre pays est arrivé soient tous interpellés, que chacun rende compte et, au cas où les malversations sont avérées, comme ça se murmure déjà en petit comité, rendent également gorge.

«Il reste encore six mois pour prendre le monde entier à témoin du vol et de l’offense dont le Cameroun vient d’être victime. Quatre mois pour que Paul Biya puisse dire aux Camerounais qu’il est allé au bout de leur rêve. Nous ne récupérerons peut-être pas l’organisation de la CAN mais l’honneur et la fierté du Cameroun seront sauvegardés. La balle est dans notre camp», exhorte L’Essentiel.

Mais qui sont donc les responsables de l’humiliation que vient de subir le Cameroun sur la scène internationale ? s’interroge The Info : «Comme toujours, personne. Personne ne sait toujours rien, mais les coupables sont bien là et doivent être sanctionnés.»

Il faut que les têtes tombent, insiste Le Soir qui ne s’imagine pas, un seul instant, le chef de l’État puisse balayer ce scandale d’un revers de la main.

«On n’est pas loin de ce qui s’apparente déjà à une haute trahison au sommet de l’État, car le président de la République ne peut pas avoir fermement pris un engagement et se voir ainsi humilié publiquement.»

Non contents de s’empiffrer sur les caisses publiques, les prédateurs, s’insurge La Météo, ont commis l’innommable en abreuvant le chef de l’État de rapports rassurants, voire de motions de soutien et de déférence circonstanciés, l’amenant, en août 2017 et alors que tout indiquait le contraire, à prendre «l’engagement» solennel que son pays «sera prêt le jour dit» pour l’organisation de la CAN 2019.

Après le coup de massue venue du Ghana, le peuple camerounais attend que tous ceux qui étaient impliqués dans l’organisation foireuse de la compétition payent pour cette impéritie, soupire La Voix du Centre.

Et «le patron du chaos», se trouve être, affirme InfoMatin, le secrétaire général de la présidence République, Ferdinand Ngoh Ngoh, aujourd’hui accusé de manière répétitive d’avoir concentré la quasi-gestion de tous les chantiers entre ses mains.

«Ceux qui ont pris la décision de retirer l’organisation de la CAN n’imaginent pas à quel point ils ont blessé le Cameroun au plus profond de lui-même. Ceux des Camerounais qui se sont rendus complices de la sentence mortelle d’Accra ne savent pas encore à quel point les Camerounais leur feront payer leur forfaiture», écrit l’éditorialiste de L’essentiel.

Pour Le Quotidien de l’Économie, ce dossier sulfureux, qui vient bousculer toutes les prévisions économiques du pays pour 2019, nécessite la convocation en urgence d’une session budgétaire extraordinaire du Parlement.

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