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Le Zimbabwe a besoin de son #MeToo, réclame l’une de ses plus célêbres écrivaines

Trente ans après son roman culte "A fleur de peau", l'écrivaine zimbabwéenne Tsitsi Dangarembga revient sur le destin de son…

Trente ans après son roman culte « A fleur de peau », l’écrivaine zimbabwéenne Tsitsi Dangarembga revient sur le destin de son héroïne sous le règne de Robert Mugabe dans un pays toujours marqué par une violence endémique contre les femmes.

L’auteure de 59 ans, considérée comme une figure du féminisme, a acquis une notoriété planétaire en 1988 avec un roman racontant la lutte d’une jeune fille pour échapper à la pauvreté et accéder à l’éducation.

Mais depuis, peu de choses ont changé au Zimbabwe, estime-t-elle dans un entretien accordé à l’AFP à l’occasion de la Foire du livre de Francfort, qui a fait cette année la part belle à la littérature africaine avec 34 éditeurs en provenance de 19 pays.

« Les femmes sont toujours réduites au silence », dénonce-t-elle.

Même si ses efforts pour propager dans son pays, l’ancienne Rhodésie du Sud, la campagne planétaire #MeToo contre les agressions sexuelles visant les femmes n’ont pour le moment pas porté leurs fruits, elle ne se laisse pas décourager.

« Je veux parler des mauvais traitements dont j’ai souffert, qui m’ont volé huit années de ma vie. Je veux devenir l’une des figures du mouvement #MeToo », dit-elle.

« La violence est structurelle dans notre société et je pense qu’il faut s’en occuper (…) si on veut la vaincre », insiste l’artiste.

Son nouveau roman -qui clôt la trilogie des aventures de son héroïne Tambudzai (« Tambu »)- jette une lumière crue à la fois sur la discrimination contre les femmes pendant le régime du président Robert Mugabe, mais aussi sur une société à l’économie en déroute, marquée par les traumatismes de la guerre et de l’époque post-colonialiste.

– Fin du ‘mythe’ Mugabe –

« C’est l’histoire d’une Zimbabwéenne moyenne qui ne fait rien de particulier si ce n’est survivre de jour en jour », raconte-t-elle.

« Parfois, on ne le fait pas de façon très élégante, ou très morale, mais on s’en sort’, ajoute-t-elle.

« A fleur de peau », puis sa suite « The Book of Not » (non traduit en français), étaient tous les deux écrits à la première personne. Il en va autrement du dernier de la série, où elle opte pour la deuxième personne, car certaines expériences de la vie de « Tambu » étaient « tellement douloureuses » qu’elle a eu besoin de prendre ses distances vis à vis de son héroïne.

L’histoire, débutée à la fin des années soixante, se déroule au tournant du millénaire, à l’époque où l’écrivaine, qui est aussi cinéaste, est retournée dans son pays après avoir passé de longues années en Allemagne et en Grande-Bretagne.

Elle a vécu le coup d’Etat qui a renversé Mugabe en 2017, mettant fin à près de quatre décennies de règne.

Depuis les changements se font attendre regrette-t-elle, dans un pays économiquement à genoux et politiquement toujours instable.

Malgré tout, avec la chute de Mugabe, « c’est un mythe qui a également disparu », souligne-t-elle.

« Maintenant, les gens croit que changer les choses est possible, et c’est bien ».

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