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Les alliés bavarois d’Angela Merkel menacés de débâcle électorale

Angela Merkel est confrontée dimanche à un scrutin régional clé en Bavière qui risque de tourner au désastre pour son…

Angela Merkel est confrontée dimanche à un scrutin régional clé en Bavière qui risque de tourner au désastre pour son allié conservateur à un moment où le gouvernement n’a jamais été aussi impopulaire.

« La grande coalition ne va pas devenir plus stable après dimanche », juge déjà le quotidien économique Handelsblatt, alors que les sociaux-démocrates du SPD, partenaire gouvernemental, s’attendent de leur côté à une complète déroute, face à la montée des Verts et de l’extrême-droite.

Les premières tendances à la sortie des urnes seront annoncées vers 16H00 GMT.

Tous les sondages prédisent à la très conservatrice Union chrétienne-sociale (CSU) une perte de sa majorité absolue dans ce riche Etat du sud qu’elle gouverne presque sans partage depuis les années soixante.

De quoi déclencher une crise profonde au sein de la CSU -dont le président est le difficile ministre de l’Intérieur Horst Seehofer-, susceptible d’avoir aussi des répercussions sur le fragile exécutif à Berlin.

Et dans deux semaines, une autre élection en Hesse s’annonce très serrée cette fois pour le parti de centre-droit d’Angela Merkel, l’Union chrétienne-démocrate (CDU), qui gouverne le Land avec les écologistes.

Les deux scrutins « affecteront la politique nationale et en conséquence la réputation de la chancelière », a d’ores et déjà prévenu le président de la Chambre des députés Wolfgang Schäuble, fidèle de longue date d’Angela Merkel.

– « Catastrophique » –

Au pouvoir de la première économie européenne depuis 13 ans, la chancelière est affaiblie dans le pays depuis les législatives du 24 septembre, marquée par une percée du parti de la droite radicale Alternative pour l’Allemagne (AfD).

Son ascension a été nourrie par l’arrivée de plus d’un million de réfugiés entre 2015 et 2016, même si la politique migratoire allemande est nettement plus restrictive depuis.

Il a fallu six mois à Angela Merkel pour former un gouvernement, avec un SPD en pleine crise et réticent à se lancer dans une nouvelle grande coalition.

Un sondage publié jeudi a révélé toute l’ampleur du mécontentement des Allemands envers ce gouvernement.

Le baromètre de la télévision publique ARD crédite le couple CDU/CSU d’un piètre 26% des suffrages. Aux élections, ils avaient encore rassemblé près de 33%.

Le SPD continue sa descente aux enfers avec 15%, devenant le quatrième parti au niveau national, derrière l’AfD (16%) et les Verts (17%).

Des valeurs « catastrophiques », estime die Welt. « La CDU/CSU emboîte le pas du SPD et perd sa couronne de grand parti populaire. Notre paysage politique s’érode, est-ce juste le début? », s’inquiète le journal conservateur.

– Le vert en poupe –

Dans la catholique Bavière, la CSU est créditée entre seulement 33 et 35% des suffrages, après 47,7% en 2013. Le parti a essayé de pêcher dans l’électorat de l’extrême droite, n’hésitant pas à imiter sa rhétorique agressive contre les réfugiés, mais apparemment sans succès.

Horst Seehofer a même conduit le gouvernement à Berlin au bord de la rupture en exigeant un nouveau durcissement de la politique migratoire et en soutenant sans faille le chef du renseignement intérieur, soupçonné de collusion avec l’extrême-droite.

Pourtant, le parti qui menace le plus la CSU n’est pas l’AfD, mais les Verts (19% des voix dans les sondages).

« Enfin il va y avoir une démocratie en Bavière. L’hégémonie va arriver à sa fin », a insolemment twitté le co-chef de ce parti Robert Hasbeck, avant de platement s’excuser samedi face aux critiques.

Une chose semble certaine, la CSU devra se chercher un ou des partenaires pour une coalition. Les « Electeurs libres », crédités de 9% et très proches idéologiquement, risquent de ne pas suffire. Les libéraux du FDP, s’ils passent la barre des 5%, pourraient être une option supplémentaire.

Le chef du gouvernement régional Markus Söder a pour le moment exclu toute alliance avec les écologistes. Mais reste à savoir s’il conservera son poste en cas de déconfiture électorale.

Entre 2008 et 2013, la CSU avait perdu sa majorité absolue, la contraignant à gouverner avec les libéraux et entraînant le limogeage de ses dirigeants de l’époque.

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