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Les chiites libanais commémorent Achoura sous le signe du défi à Israël

"Nous avons montré à Israël que notre peuple n'est pas faible", scandent mardi des milliers de fidèles chiites tout de…

« Nous avons montré à Israël que notre peuple n’est pas faible », scandent mardi des milliers de fidèles chiites tout de noir vêtu. Dans un bastion du Hezbollah à Beyrouth, les commémorations d’Achoura ont pris des allures de défi face à l’Etat hébreu.

Cette année, la commémoration religieuse chiite au Liban se tient dans le sillage d’une escalade de tensions entre le puissant mouvement chiite et le voisin israélien, deux ennemis qui se sont déjà affrontés en 2006 lors d’une guerre meurtrière.

« Pendant des années, nos familles et nos enfants ont dormi dans des bunkers à cause des Israéliens. Maintenant, c’est à leur tour de dormir dans des bunkers », martèle Mohamed Ali, bandana noir serré sur le front.

« L’ère de la défaite est terminée », assène cet homme de 49 ans, saluant l’attaque de missiles du Hezbollah qui a déclenché, le 1er septembre, des échanges de tirs limités à la frontière, sans faire de victimes.

Mardi, dès l’aube, des milliers de fidèles se sont rassemblés dans la banlieue sud de Beyrouth, brandissant de grands drapeaux, noirs en signe de deuil, ou jaunes aux couleurs du Hezbollah.

Certains sont absorbés dans le silence de leur prière, d’autres effondrés et en pleurs en écoutant les hauts-parleurs qui répètent inlassablement le récit de la mort de l’imam Hussein.

Petit-fils du prophète Mahomet, Hussein a été tué en 680 par les troupes du calife omeyyade Yazid dans le désert de Kerbala (Irak), un événement fondateur des grandes rivalités sunnite-chiite.

Point d’orgue de la journée: un discours diffusé sur écran géant du chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, promettant une « riposte adéquate » à toute attaque d’Israël et dénonçant les sanctions américaines contre son mouvement et l’allié iranien.

Le chef du mouvement chiite a toutefois précisé que le Hezbollah voulait respecter la cessation des hostilités avec Israël, telle qu’établie par l’ONU après le conflit de l’été 2006.

Pour monter la garde, les hommes armés du Hezbollah se sont déployés le long des rues mais aussi sur le toit des immeubles.

– « Pouvoir de la Résistance » –

« Les masses (rassemblées) montrent à Israël la grandeur de Hussein et le grand pouvoir de la +Résistance+ », se réjouit Fawzi Fawaz, 66 ans, une bannière jaune autour du cou.

Lundi, le mouvement libanais a annoncé avoir abattu un drone israélien à la frontière, une semaine après ses tirs de missiles antichars sur le nord d’Israël. L’armée israélienne avait ce jour-là riposté en bombardant le sud du Liban, provoquant des incendies limités dans des secteurs boisés.

Ces accrochages succédaient à une frappe de l’Etat hébreu en Syrie ayant tué le 24 août deux combattants de l’organisation chiite armée, qui intervient militairement au côté du régime de Damas.

Quelques heures plus tard, deux drones chargés d’explosifs avaient attaqué la banlieue sud de Beyrouth. Le Hezbollah et l’armée libanaise ont accusé Israël, qui n’a jamais commenté.

« L’attaque israélienne sur la banlieue sud s’est déroulée près d’ici », lâche Lokmane Hakim, 22 ans, en marge de la procession.

« Il y a 1.500 ans, l’imam Hussein s’est élevé contre l’injustice et la persécution », confie-t-il avec ferveur. « Toute force qui lutte contre Israël aujourd’hui s’inspire de cette position » de l’imam Hussein.

Un peu plus loin, les pères de « martyrs » se tiennent debout côte-à-côte, brandissant des drapeaux jaunes ou des portraits de leurs fils, tombés au combat en Syrie ou dans le sud du Liban.

Vieillard à la silhouette frêle, Yasseen Hamad dit avoir perdu deux fils –le premier en 2005 lors d’une opération contre Israël, le second en 2014 en Syrie.

« J’ai encore cinq fils, et ils sont tous sur la même voie », lâche-t-il d’un ton résolu.

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