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Les démocrates assaillent le candidat de Trump à la Cour suprême

Les sénateurs démocrates ont lancé mardi une offensive pour empêcher la confirmation du candidat de Donald Trump à la Cour…

Les sénateurs démocrates ont lancé mardi une offensive pour empêcher la confirmation du candidat de Donald Trump à la Cour Suprême, qui pourrait durablement ancrer du côté conservateur cette institution chargée aux Etats-Unis de trancher sur les questions les plus sensibles, de l’avortement aux armes à feu.

Malgré la majorité républicaine au Sénat, les démocrates avaient promis de livrer une bataille féroce pour empêcher que Brett Kavanaugh, 53 ans, accède à ce poste à vie.

Sous les cris de manifestants rompant régulièrement l’ambiance d’ordinaire feutrée du Sénat, ils ont tenu parole dès l’ouverture de l’audition de confirmation, en commission judiciaire.

S’indignant de l’arrivée tardive de dizaines de milliers de documents censés alimenter les débats, ils ont exigé son report. Une demande rapidement rejetée par les républicains.

Le Sénat a le dernier mot sur les nominations présidentielles à la Cour suprême, qui arbitre sur les plus grands sujets de société comme l’avortement, les lois sur les armes, le mariage pour tous, le système de santé ou encore le poids des syndicats.

Arrivé tout sourire en famille, Brett Kavanaugh est resté de marbre alors que plusieurs membres du public dénonçaient, en criant, une « mascarade ».

« Plus de femmes vont être forcées d’avorter clandestinement », a hurlé une manifestante.

Outrés par ces interruptions, les sénateurs républicains ont souligné son indépendance et affirmé que jamais autant de documents n’avaient été livrés pour la confirmation d’un juge à la Cour suprême.

– Président « au-dessus des lois? » –

Les démocrates s’indignent de n’avoir pas pu consulter à temps 42.000 pages de documents liés au passage de M. Kavanaugh à la Maison Blanche en tant que conseiller de George W. Bush. Ils le soupçonnent d’avoir à cette époque joué un rôle dans les décisions liées aux techniques d’interrogatoires musclées menées pendant les guerres en Irak et Afghanistan.

Les démocrates s’inquiètent également de son opinion, exprimée en 2009, que les présidents américains ne devraient pas être entravés dans leurs importantes fonctions par des poursuites judiciaires, alors que le procureur spécial, Robert Mueller, enquête sur la campagne présidentielle de Donald Trump en 2016.

« Ce président ou tout autre est-il au-dessus des lois? » l’a interrogé le démocrate Dick Durbin dans son introduction.

Face à ce barrage de critiques, Brett Kavanaugh compte promettre d’être un juge « impartial » dans ses remarques préliminaires. Il devait prendre la parole seulement dans l’après-midi.

M. Kavanaugh s’engage à « juger les dossiers conformément à la Constitution », selon des extraits publiés par la Maison Blanche.

– Majorité républicaine –

Donald Trump a choisi Brett Kavanaugh le 9 juillet pour remplacer le juge Anthony Kennedy, qui a pris sa retraite après trois décennies à la Cour suprême.

Ce dernier y jouait un rôle de balancier, entre quatre conservateurs et quatre progressistes. Catholique pratiquant, sélectionné sur une liste approuvée par des organisations conservatrices, Brett Kavanaugh devrait l’ancrer du côté conservateur.

Brett Kavanaugh saluera le rôle d’Anthony Kennedy, pour qui il a travaillé. « Il a ardemment défendu l’indépendance de la Justice », doit-il dire.

S’il est confirmé, il deviendra l’un des plus jeunes magistrats de l’institution, avec Neil Gorsuch (51 ans), désigné par Donald Trump en 2017.

Son audition devrait durer jusqu’à quatre jours et voir défiler une trentaine d’intervenants, dont l’ancienne secrétaire d’Etat républicaine Condoleezza Rice.

Malgré l’ouverture électrique des débats, la confirmation du juge Kavanaugh semble pratiquement assurée au Sénat, où les républicains détiennent une courte majorité (51-49).

Deux sénatrices républicaines défendant le droit à l’avortement et trois à cinq démocrates faisant face à une dure réélection dans des Etats pro-Trump pourraient faire basculer le vote. Si aucun ne s’est encore prononcé, les républicaines ne semblent toutefois pas fermement opposées au juge nommé.

La Maison Blanche apparaît elle confiante sur une confirmation avant les élections parlementaires du 6 novembre, lorsque les démocrates pourraient regagner la majorité à la Chambre des représentants, voire au Sénat.

La promesse de nommer des juges conservateurs avait porté la campagne de Donald Trump en 2016, lui attirant en masse le vote des chrétiens évangélistes.

Depuis janvier 2017, il a déjà nommé une soixantaine de magistrats dans les tribunaux fédéraux.

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