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Les Etats-Unis peuvent-ils laisser tomber Boeing ?

L'immobilisation au sol, depuis plus de quatre mois, du 737 MAX après deux accidents ayant fait 346 morts a terni…

L’immobilisation au sol, depuis plus de quatre mois, du 737 MAX après deux accidents ayant fait 346 morts a terni la réputation de Boeing, mais les politiques américains lui ont maintenu leur confiance, pour le moment.

Ce soutien est-il le signe que les Etats-Unis ne peuvent pas laisser tomber le fleuron de leur industrie aéronautique ?

Chantre de « l’Amérique d’abord », Donald Trump a certes critiqué Boeing en lui recommandant de rebaptiser son avion mais il n’est pas allé jusqu’à le clouer au pilori.

La presse négative n’a pas convaincu les parlementaires de convoquer le PDG Dennis Muilenburg pour lui infliger le type d’humiliations réservées aux banquiers de Wall Street, après la crise financière.

« Boeing est un des moteurs de l’économie américaine. C’est beaucoup trop gros et trop important pour les Etats-Unis », fait valoir Michel Merluzeau, expert chez Air Insight Research.

Il ajoute que si les politiques américains venaient à s’en prendre au fabricant du 777, ils se tireraient une balle dans le pied car « il y a beaucoup d’emplois en jeu, une chaîne de fournisseurs très très dense et ça ne peut pas se remplacer par Facebook ou Google qui ne produisent rien de tangible ».

– Air Force One –

Fondé il y a 103 ans, Boeing emploie directement plus de 150.027 personnes à travers le monde, dont 89,5% (137.000) aux Etats-Unis, selon son site internet.

Outre ces emplois directs, ses sous-traitants — General Electric (GE), United Technologies, Spirit Aerosystems — sont également un vivier d’emplois industriels américains.

La carte géographique des sites de Boeing ressemble en outre à une véritable stratégie de campagne politique.

Le constructeur aéronautique est présent dans l’Amérique des campagnes, qui vote républicain: Alabama, Oklahoma, Caroline du sud et Texas.

Il dispose de sites sur des terres démocrates — Californie et Washington — et dans d’autres Etats, décisifs lors de l’élection du locataire de la Maison Blanche (Missouri, Pennsylvanie et Arizona).

Signe des liens étroits entre Boeing et les cercles de pouvoir politique: les deux administrateurs proposés par Dennis Muilenburg au conseil d’administration sont deux personnalités ayant un carnet d’adresses puissant à Washington: Nikki Haley, ancienne gouverneure de Caroline du Sud et ancienne ambassadrice de Donald Trump aux Nations unies, et Caroline Kennedy, proche de Barack Obama et fille de l’ex-président John Kennedy.

Et le groupe de Chicago est un des gros fournisseurs du Pentagone.

C’est Boeing qui a produit les célèbres bombardiers B-17 et B-29 de la Seconde guerre mondiale, et le B-52 qui s’est illustré pendant la guerre du Vietnam et qui vole toujours.

Il fabrique aujourd’hui des tankers (KC-46), des avions de combat (le chasseur F/A-18 Super Hornet), des hélicoptères d’attaque Apache et de transport lourd Chinook, des drones de combat embarqués pour la Marine Uclass et le bombardier B-1.

Boeing fait partie, avec SpaceX, des deux entreprises qui vont opérer les voyages touristiques dans l’espace, à bord de l’ISS, organisés par la NASA.

Il est symboliquement au cœur du pouvoir américain puisqu’il construit l’emblématique avion présidentiel, Air Force One.

L’achat d’avions Boeing fait aussi partie des négociations commerciales avec la Chine, selon une source proche du dossier.

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