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Les forces irakiennes reprennent les opérations avec la coalition antijihadiste

Les forces irakiennes ont repris jeudi leurs opérations avec la coalition internationale antijihadiste menée par les Etats-Unis, après trois semaines…

Les forces irakiennes ont repris jeudi leurs opérations avec la coalition internationale antijihadiste menée par les Etats-Unis, après trois semaines de pause en raison d’un pic de tensions au Moyen-Orient.

Cette reprise annoncée par la coalition intervient en pleine crise politique et sociale en Irak où les partis négocient toujours pour trouver un successeur au Premier ministre sortant Adel Abdel Mahdi, qui a démissionné en décembre sous la pression d’un mouvement de contestation inédit déclenché le 1er octobre.

Le 5 janvier, la coalition avait interrompu ses opérations contre le groupe jihadiste Etat islamique (EI), invoquant des raisons de sécurité après des tirs de roquettes ces derniers mois sur des bases en Irak abritant ses soldats. Washington a imputé ces attaques à des factions paramilitaires irakiennes pro-iraniennes.

Le même jour, le Parlement irakien a voté en faveur du départ des troupes étrangères -dont 5.200 militaires américains- du pays, deux jours après la mort du général iranien Qassem Soleimani, émissaire de Téhéran en Irak, et de son lieutenant irakien Abou Mehdi al-Mouhandis, tués dans une frappe américaine à Bagdad.

« Nous reprenons nos opérations avec les forces de sécurité irakiennes pour éliminer les vestiges de l’EI », a déclaré à l’AFP, le porte-parole de la coalition, le colonel américain Myles Caggins.

Une source au sein des forces irakiennes a confirmé la reprise des opérations conjointes et précisé qu’une annonce formelle serait faite rapidement.

– Modalités –

La coalition entraîne depuis 2014 les forces irakiennes et leur fournit surtout un appui dans les airs dans leur lutte contre les jihadistes.

Avec le soutien de la coalition, les forces irakiennes lancent régulièrement des opérations dans les zones frontalières de l’ouest et du nord-ouest d’Irak, ciblant les cellules dormantes de l’EI. Ce groupe a été chassé fin 2017 de l’ensemble des centres urbains du pays dont il avait occupé de vastes régions depuis 2014.

La frappe américaine dans laquelle ont péri Soleimani et Abou Mehdi al-Mouhandis, numéro deux du Hachd al-Chaabi -une coalition de paramilitaires irakiens dominée par des factions pro-Iran- a provoqué la colère de l’Irak.

Les autorités irakiennes ont jugé que leur souveraineté avait été violée, tout comme le mandat qui encadre l’intervention de la coalition en Irak.

Le vote au Parlement en faveur du retrait des troupes étrangères a entraîné des discussions entre l’Irak et les pays de la coalition pour revoir les modalités de leurs relations.

L’une des possibilités évoquées, selon des responsables des deux camps, a été la prise en charge par l’Otan de certaines tâches de la coalition. Des responsables de l’Otan et de l’Irak se sont rencontrés en Jordanie mercredi.

– « Candidat du compromis » –

Dans la rue, le mouvement de contestation qui réclame des réformes et la fin de la corruption et du clientélisme, a un temps craint de voir ses demandes éclipsées par le pic des tensions irano-américaines sur le sol irakien.

Les manifestations ont été marquées de violences qui ont coûté la vie à près de 480 personnes, en grande majorité des manifestants, selon un décompte de l’AFP établi à partir de bilans fournis par des sources de sécurité et médicales.

Le président irakien Barham Saleh a donné au Parlement jusqu’au 1er février pour désigner un nouveau Premier ministre et prévenu que, passé ce délai, il assignerait à ce poste « la personne qu'(il) jugera la plus acceptable » pour son pays.

M. Saleh a accueilli « les différents blocs politiques pour trouver le candidat du compromis », selon une source à la présidence.

Ces discussions sont « tendues », a confié un responsable politique. Les blocs politiques « sont divisés sur les anciens noms qui ont circulé ces derniers mois et proposent maintenant de nouveaux noms. »

Parmi les éventuels successeurs à M. Abdel Mahdi, circulent les noms d’un conseiller du président, d’un responsable des services de renseignement ou d’anciens hauts responsables gouvernementaux.

Ces dernières années, Qassem Soleimani et Abou Mehdi al-Mouhandis avaient joué un rôle important dans les négociations entre forces politiques en Irak et avaient réussi à trouver des accords et des solutions.

« Il est temps de rétablir la confiance en mettant de côté les positions partisanes et en agissant dans l’intérêt du pays et du peuple », a plaidé dans un communiqué la représentante de l’ONU en Irak, Jeanine Hennis-Plasschaert.

« L’Irak ne peut pas se permettre que continuent cette répression violente (des manifestations, ndlr) ni cette paralysie politique et économique. »

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