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Les hauts lieux de la libération de Paris

De Denfert-Rochereau, où le colonel Rol-Tanguy a établi son PC, aux barricades du Quartier latin, en passant par les Champs-Elysées,…

De Denfert-Rochereau, où le colonel Rol-Tanguy a établi son PC, aux barricades du Quartier latin, en passant par les Champs-Elysées, Paris s’est transformé en champ de batailles pendant la semaine de sa libération en août 1944.

Voici quelques-uns des sites majeurs de ces jours historiques, qui ont mis fin à quatre années d’occupation allemande.

– Denfert-Rochereau –

Dans l’après-midi du 19 août, le colonel Henri Rol-Tanguy, chef des Forces françaises de l’intérieur (FFI) d’Ile-de-France, installe son poste de commandement dans un souterrain de l’immeuble du service des eaux, sous le lion de Belfort, place Denfert-Rochereau. Il dispose ainsi d’un réseau téléphonique indépendant, relié aux différents postes d’égouts de la capitale. C’est de là qu’il commande l’insurrection parisienne.

Non loin de là, le 25 au matin, le général Leclerc, entré dans Paris par la porte d’Orléans, au sud, installe son QG dans la vieille gare Montparnasse, qui sera détruite en 1969 pour être remplacée par un bâtiment moderne. Un musée de la Libération inauguré le 25 août prochain réunira place Denfert-Rochereau le musée du général Leclerc situé jusque-là gare Montparnasse et le musée Jean Moulin.

– Préfecture de police –

Dans la nuit du 19 août, des policiers occupent la préfecture de police, située sur l’île de la Cité, et arrêtent le préfet collaborateur Amédée Bussière. Lui succède Charles Luizet, gaulliste de la première heure, préfet de la Corse libérée en 1943. Pour la première fois depuis quatre ans, le drapeau tricolore flotte sur la préfecture qui résiste à plusieurs assauts allemands et devient l’un des quartiers généraux des dirigeants de l’insurrection. 167 policiers parisiens meurent dans les combats. Le 25, la reddition des troupes allemandes est reçue par le général Leclerc des mains du général von Choltitz, dans la salle de billard des appartements préfectoraux, en présence notamment du jeune général Jacques Chaban-Delmas, qui a alors 29 ans.

– Hôtel de ville –

Le 20 août, la « maison commune des Parisiens » est libérée par les FFI et Léo Hamon, vice-président du Comité parisien de libération (CPL), au nom du gouvernement provisoire. C’est là que s’installe, le 23 août, le CPL présidé par un syndicaliste communiste, André Tollet. Le 24 au soir, la première colonne des soldats du général Leclerc y arrive, avec trois chars et une quinzaine de half-tracks.

Le 25, à 19h15, le général de Gaulle y apparaît dans son uniforme kaki et prononce sa célèbre allocution – « Paris outragé, Paris brisé, Paris martyrisé, mais Paris libéré! » – avant de saluer la foule massée sur l’esplanade depuis une fenêtre dont il a enjambé la barre d’appui.

– Quartier latin, Pereire, Sénat, Belleville… –

Le 22 août, Paris se couvre de barricades destinées à entraver la circulation des Allemands. Du Quartier latin à Belleville, près de 600 sont édifiées avec des pavés, des grilles, des sacs de sable. Des arbres sont abattus. Rol-Tanguy fait même appel au secrétaire du syndicat des terrassiers. Les Parisiens renouent avec la tradition révolutionnaire de 1830, 1848 et 1870 où les barricades symbolisaient la résistance à l’oppression.

Mais en 1944, sauf très rares exceptions (comme autour du Palais-Bourbon, siège de l’Assemblée nationale occupé par les Allemands), « les barricades ne jouent aucun rôle militaire dans la bataille de Paris », estime l’historien Jean-François Muracciole, gênant même parfois le mouvement des blindés de Leclerc qui devront raser plusieurs d’entre elles. « La force de la barricade est devenue essentiellement symbolique. Réminiscence des luttes du XIXe siècle, elle est l’affirmation politique plus que militaire de la souveraineté du peuple de Paris », écrit-il dans son livre « La libération de Paris ».

– Champs-Elysées –

Dès le 9 août, les autorités allemandes installées au Majestic, avenue Kléber (XVIème arrondissement), commencent à évacuer. Le 25, les hommes du colonel Paul de Langlade (2ème Division blindée) attaquent l’hôtel. Les Allemands se rendent au général Jacques Massu. Les Français bivouaquent à l’Arc de Triomphe où les pompiers ont hissé un immense drapeau tricolore.

Le 26, de Gaulle va ranimer la flamme à 15h00, puis entreprend de descendre les deux kilomètres de l’avenue à pied, jusqu’à la Concorde. Une foule estimée à deux millions de personnes s’est massée sur les trottoirs et sur les toits et crie son enthousiasme. « Ce soir, je crois à la fortune de la France », écrit le général en évoquant cette « houle vivante ».

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