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Les Mormons du Mexique enterrent leurs morts

La communauté mormone du Mexique, frappée en plein cœur par le massacre en début de semaine de neuf de ses…

La communauté mormone du Mexique, frappée en plein cœur par le massacre en début de semaine de neuf de ses membres, enterre ses morts jeudi dans un climat de défiance à l’égard des autorités et de tensions avec les groupes de narcotrafiquants.

Le ballet des engins de terrassement qui creusent les tombes en bordure de la localité de Rancho La Mora, près de Bavispe, a commencé la veille, à l’ombre des pins qui recouvrent les montagnes arides dans le nord du Mexique, où sont implantés les Mormons depuis plus d’un siècle.

Les trois femmes et les six enfants des clans LeBaron, Langford et Millers, qui ont tous la double nationalité mexicano-américaine, ont été pris sous un feu nourri lundi soir dans cette région limitrophe des États-Unis. Leurs véhicules, dont un totalement carbonisé, ainsi que les corps calcinés, ont été découverts peu après par la police.

Des dizaines de voitures de proches des familles des victimes, de voisins et d’amis venus dès mercredi soir des États de Sonora et de Chihuahua sont déjà sur les lieux, dans l’attente de la cérémonie.

Certains ont traversé la frontière pour venir de l’Utah, l’État où la communauté mormone a planté ses premières racines aux États-Unis au milieu du 19e siècle. Ceux qui voulaient continuer de pratiquer la polygamie avaient ensuite préféré s’exiler.

Les habitants ont fabriqué des cercueils en hêtre clair, très sobres, munis de poignées également en bois. Les premiers à être enterrés doivent être Dawna Langford, 43 ans, ses enfants Trevor, 11 ans et Rogan, 2 ans.

Des inscriptions « Angels » (les Anges) et « Daughters of the King » (Les Filles du Roi) ont été accrochées au dessus des couffins sur lesquels sont posés des photos et des chaussons ayant appartenu aux enfants tués.

« Nous venons pour honorer leur mémoire, pour essayer de comprendre ce qui se passe. Il revient aux autorités d’enquêter et de nous dire ce qui s’est passé. (…) C’est un acte de terrorisme pour tous les Mexicains », a déclaré Alex LeBaron un des membres de la communauté, venu du Chihuahua.

– AMLO imperturbable –

Des propos qui font écho à la colère de la communauté des Mormons qui réfutent avec force la thèse officielle selon laquelle les voitures qui convoyaient les femmes et les enfants ont été pris sous le feu des tueurs qui les auraient confondus avec un groupe de narcotrafiquants adverses.

Selon eux, les tirs ont visé délibérément les membres de leur communauté qui ont aussi fait état de récentes menaces. Des tensions entre les Mormons et les agriculteurs locaux autour de la consommation d’eau surgissent régulièrement.

En dépit des chiffres records de la violence dans son pays, le président mexicain Andrès Manuel Lopez Obrador (AMLO) a réaffirmé jeudi matin que son gouvernement était sur la bonne voie.

« Je réaffirme que beaucoup a été accompli en peu de temps. Je peux d’ores et déjà dire que les fondements de la transformation sont déjà posés, même s’il y a encore du travail à accomplir. Cela va nous prendre encore une année. Dans un an nous aurons parachevé ce travail » entrepris contre la violence, a déclaré AMLO.

Une messe a déjà eu lieu tôt jeudi matin à la mémoire de Dawna Langford et ses deux fils, tous les trois morts dans l’embuscade.

Une autre aura lieu plus tard dans la soirée dans la municipalité voisine de Galeana, dans le Chihuahua, afin d’honorer le souvenir de Rhonita LeBaron et ses deux jumeaux, Titus et Tiana, morts à 8 ans. Deux autres de ses enfants ont également péri dans l’attaque, tandis que trois ont survécu. Les funérailles doivent se prolonger au moins jusqu’à vendredi.

« Il n’y a pas de mots pour décrire ce qui s’est passé, pas de mots », répond Howarth, son époux, lorsqu’on tente de l’interroger.

Des véhicules militaires patrouillent à l’extérieur du domaine. Ici, les Mormons produisent des fruits secs et des grenades.

« Je ne sais pas où il peut y avoir une confusion. Ils (les assaillants) savaient qu’il s’agissait de femmes et d’enfants et malgré cela, ils les ont attaqués et ont mis le feu (à un des véhicules) », lance Julian LeBaron, un des leaders de la communauté, à l’adresse des autorités.

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