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Les mutuelles, une composante charnière de la protection sociale (Président de l’UAM)

Notoirement, les mutuelles se situent au coeur des systèmes de protection sociale en tant qu'acteurs stratégiques de la santé durable…

Notoirement, les mutuelles se situent au coeur des systèmes de protection sociale en tant qu’acteurs stratégiques de la santé durable et vecteurs économiques et sociaux de la solidarité, contribuant ainsi à faire face aux inégalités et aux déséquilibres sociaux, a affirmé le Président de l’Union africaine de la Mutualité (UAM), Abdelmoula Abdelmoumni.« La mutualité s’impose, depuis ses prémisses, comme un levier plus proche du développement durable, notamment par l’absence de but lucratif et par ses objectifs d’équité sociale, ce qui l’habilite à soutenir l’amélioration des conditions de vie de ses membres et de leur situation économique et sociale », a souligné M. Abdelmoumni, qui participait, mardi 2 octobre 2018, à un panel sur la « Mutualité, une réponse intégrale aux défis du développement durable » dans le cadre de la 4ème édition du Forum mondial de l’économie sociale qui se tient à Bilbao (Espagne).

 En vérité, la mutualité, pilier de l’action et de la prévoyance sociales et acteur incontournable de l’économie sociale et solidaire, porte dans ses objectifs et son action les politiques nationales pour faire face aux inégalités et aux déséquilibres sociaux, et ce dans le cadre d’une transformation économique et sociale pour un développement vers plus d’équité et de justice sociale, a soutenu M. Abdelmoumni, qui faisait partie, lors de ce Forum, du Comité d’honneur composé de représentants internationaux soigneusement sélectionnés.

 Chose est sûre : les mutuelles jouent un rôle de relais dans la mise en œuvre de la politique publique en matière de protection sociale contre les risques liés notamment au chômage, aux inégalités et aux disparités sociales. D’où la nécessité de prendre des mesures de rééquilibrage des comptes, de diversification des financements, de révisions récurrentes des mécanismes de régulation et de mise en place de protections minimales pour répondre aux situations de précarité et aux déficits de couverture les plus criants, a-t-il souligné.

 C’est ainsi que le vrai défi du système de mutualité est de respecter tous les principes universels de mutualité notamment la fourniture de services variés de haute qualité, abordables et raisonnables et à but non lucratif. L’objectif étant de l’habiliter à jouer pleinement son rôle au service du mieux-être social, en oeuvrant au perfectionnement et à la diversification des services offerts non seulement à l’échelle nationale, mais également sur les plans continental et international, a encore précisé M. Abdelmoumni, qui fait également fonction de Vice-président de l’Union Mondiale de la Mutualité (UMM), chargé de l’Afrique et du Moyen-Orient et Président de la Mutuelle Générale du Personnel des Administrations Publiques (MGPAP-Maroc).

 Pour lui, la mutualité, qui se trouve au cœur du système de la protection sociale agit dans un écosystème à multiples dimensions. Elle veille à être proactive, à conseiller et accompagner les différentes parties intervenantes dans le secteur. Son action est tournée vers chacune d’elles et s’inscrit aussi dans une démarche collective pour le bien-être de tous. En mettant l’adhérent et ses ayant-droits en position centrale de son action, elle porte une réelle responsabilité sociétale.

 Au Maroc, la mutualité occupe une place « privilégiée » dans la mesure où elle permet de définir les enjeux qui traversent le secteur des soins de santé. En effet, le Royaume a placé la couverture médicale au cœur des priorités de son plan de développement durable et entrepris, par conséquent, d’importantes mesures pour améliorer l’accès aux soins de santé pour tous les Marocains, a indiqué M. Abdelmoumni.

 S’inscrivant dans le droit fil de la vision royale, la MGPAP, la plus grande structure mutualise en Afrique avec plus de 435.000 adhérents et près de 1,5 million de bénéficiaires, a pu réaliser une « série de projets visant à renforcer le développement humain durable et à consacrer la justice sociale et spatiale ».

 Il s’agit de la proximité des prestations dans les contrées les plus reculées du pays, la régionalisation mutualiste pour plus d’efficacité, une opération qui se déroule en collaboration avec les autorités locales, qui mettent à la disposition de la Mutuelle Générale les locaux et le personnel pour mener à bien sa mission sociale.

 « Fort d’une large expérience dans le domaine mutualiste, le Maroc, sous la conduite éclairée de SM le Roi Mohammed VI, a toujours fait part de sa pleine disposition à partager son expérience et son expertise avec les frères africains et américains dans le cadre de la coopération Sud-Sud voulue par le Souverain dans un esprit de solidarité agissante entre l’ensemble des pays de ces deux continents », a affirmé M. Abdelmoumni dans son allocution prononcée lors de ce panel et dont APA a eu copie. 

 C’est dans cet esprit que l’Union Africaine de la Mutualité (UAM), dont l’accord de siège a été signé avec l’Etat marocain en 2012, s’est investi avec pour objectifs de défendre et représenter les intérêts communs des organisations membres et apporter une assistance technique de premier ordre en matière de mutualité et dans les domaines apparentés.

 Pour rappel, l’UAM compte parmi ses membres les mutuelles de 20 pays africains, dont 13 gouvernements ont ratifié les statuts de cette Union.

 Ces mêmes objectifs procèdent également à la création de l’Union Mondiale de la Mutualité qui se propose de positionner la mutualité comme pilier incontournable de l’économie sociale et solidaire, de développer le mouvement mutualiste, de renforcer le rôle qu’occupe la mutualité dans le système de la protection sociale, d’intensifier le réseautage, de faire entendre la voie de la mutualité au niveau de plusieurs tribunes, notamment l’ONU et l’ECOSOC, et de contribuer à la mise en place d’une justice sociale et spatiale.

 Selon le Président de l’UAM, il est impératif à ce que « les politiques publiques prennent en considération la dimension mutualiste, vecteur indispensable pour la réussite de tout projet social régional visant, entre autres, la réduction des disparités spatiales, la consécration des principes d’équité et de justice sociale et l’amélioration des niveaux de couverture sociale ».

« Aller dans le sens d’un ancrage des valeurs de la mutualité reste et restera un objectif pour lequel nos efforts convergeront dans l’avenir », a-t-il lancé.

Placé sous le thème « Valeurs et compétitivité pour un développement local inclusif et durable », le GSEF-2018 se veut une plateforme pour débattre du rôle l’économie sociale, dans ses diverses expressions, comme une option réelle pour progresser et se développer socialement et économiquement d’une manière différente.

 Il va sans dire que l’économie sociale a, durant les années de crise économique sévère et de perte significative d’emplois, fait preuve d’une plus grande capacité de résistance à la faveur principalement de ses politiques socio-économiques plus transparentes, durables et responsables.

 L’objectif du Forum de Bilbao est de faire connaître au monde l’économie sociale et de débattre autour de sa capacité à devenir une véritable alternative au développement économique et social des villes, dans la mesure où elle est capable de s’adapter, là où cela s’avère nécessaire, aux règles du jeu établies par le modèle économique.

 Plusieurs recommandations ont été adoptées lors de ce Forum, marqué par la participation de 1.700 congressistes venant de 84 pays. Ainsi, les participants ont plaidé pour que les Etats membres demandent une résolution de l’ONU sur l’économie sociale et solidaire (ESS) et appelé à mobiliser les financements alternatifs et solidaires ainsi que l’épargne locale pour soutenir le développement de l’ESS.

 Dans une déclaration dite de Bilbao, les congressistes ont aussi appelé à améliorer les pratiques environnementales pour devenir plus transparentes dans les circuits de production-consommation afin de générer une transition juste et écologique nécessaire et à tirer profit des rôles, des responsabilités et des forces de tout un chacun en vue d’assurer un développement « local, inclusif, résilient, juste et durable ».

 Secteur en pleine évolution et à la pointe de l’innovation sociale, l’ESS est un outil de développement durable et elle apparaît comme une alternative aux défis posés par les différentes crises économiques, environnementales, morales et sociales, que ce soit dans les pays développés comme dans les pays en développement.

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