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Les nouveaux rapports de force au Parlement européen

Le raz-de-marée eurosceptique redouté par certains n'a pas eu lieu lors des élections européennes fin mai et les forces pro-UE…

Le raz-de-marée eurosceptique redouté par certains n’a pas eu lieu lors des élections européennes fin mai et les forces pro-UE sont restées largement majoritaires. Mais les équilibres politiques ont tout de même été chamboulés au Parlement européen.

L’assemblée, qui joue un rôle crucial dans l’adoption des lois européennes, apparaît plus émiettée que jamais. Voici un aperçu de ses nouveaux rapports de force.

– Fin du bipartisme –

C’est l’un des enseignements majeurs du scrutin. Les chrétiens-démocrates (PPE) et les sociaux-démocrates (S&D) sont restés les deux plus larges groupes au sein du Parlement européen, avec respectivement 182 et 154 eurodéputés (sur 751), mais ils ne sont plus en mesure de constituer ensemble une majorité comme c’était le cas depuis 1979.

Les pertes essuyées par les deux groupes (avec notamment les faibles scores en France des Républicains pour le PPE et du Parti socialiste pour les S&D) rendent impossible la réédition d’une « grande coalition » où se négocieraient à deux des compromis sur les législations européennes.

Le groupe parlementaire du PPE, mené par l’Allemand Manfred Weber issu de la CSU (le parti bavarois allié de la CDU d’Angela Merkel), et les sociaux-démocrates, dirigés au Parlement par l’Espagnole Iratxe Garcia, vont donc devoir chercher à composer des alliances plus larges pour faire adopter les réformes qui leur tiennent à coeur.

– Libéraux et Verts revigorés –

Le recul du PPE et des sociaux-démocrates a notamment profité aux libéraux. Bâti sur les bases de l’ancien groupe ALDE, le nouveau groupe centriste a été rebaptisé Renew Europe et devient le troisième plus important dans l’hémicycle avec 108 eurodéputés.

Il sera dirigé par l’ancien Premier ministre Roumain Dacian Ciolos, réputé proche de la France. Les macronistes français (21 députés) constitueront la plus large délégation nationale au sein de Renew devant celle des libéraux-démocrates britanniques (17).

S’ils ont renoncé à la présidence du groupe pour leur tête de liste Nathalie Loiseau, ils comptent obtenir des postes d’influence, comme la présidence de la commission parlementaire chargée de l’environnement pour le député Pascal Canfin.

Les Verts ont eux aussi enregistré des gains importants fin mai: ils forment le quatrième groupe avec 75 députés, co-présidé par l’Allemande Ska Keller et le Belge Philippe Lamberts. Comme Renew Europe, ils estiment désormais être devenus indispensables pour constituer des majorités.

– Le camp renforcé des eurosceptiques –

Arrivés en tête du scrutin européen en Italie et en France, la Ligue et le Rassemblement national (RN) constitueront le socle du nouveau groupe d’extrême droite rebaptisé « Identité et Démocratie ». Avec 73 membres, dont 28 députés de la Ligue, 22 RN et 11 Allemands de l’AfD, ce groupe sera le cinquième groupe du Parlement.

La Ligue et le RN n’ont pas réussi à convaincre les Polonais du PiS, au pouvoir à Varsovie, ni les Britanniques du Brexit Party de Nigel Farage de rejoindre leurs rangs. De la même manière, les 13 élus hongrois du parti du Premier ministre Viktor Orban sont restés au PPE malgré les appels du pied.

Mais le groupe ID estime qu’il sera malgré tout au coeur d’un « bloc souverainiste » de jusqu’à 200 voix, qui pourrait compter sur des alliances ponctuelles lors de votes avec des députés d’autres groupes proches de ses idées. Notamment ceux des eurosceptiques des Conservateurs et réformistes (CRE, 62 députés), groupe auquel participe le PiS.

Ce « bloc » inclurait aussi les 29 députés du Brexit Party, qui ne font pour l’heure partie d’aucun groupe, tout comme les 14 députés du Mouvement Cinq Etoiles (M5S) italien. Une situation qui les écarte de fait de la répartition en cours des postes d’influence dans les commissions parlementaires.

L’extrême gauche (GUE/NGL) forme de son côté un groupe de 41 eurodéputés. Elle a refusé d’intégrer dans ses rangs les élus du M5S, « en raison de la politique migratoire du gouvernement italien », auquel il participe avec la Ligue.

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