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Les Orthodoxes en Ukraine: une communauté divisée

L'Ukraine compte parmi les plus importants pays du monde orthodoxe en nombre de croyants. Mais ceux-ci sont divisés entre fidèles…

L’Ukraine compte parmi les plus importants pays du monde orthodoxe en nombre de croyants. Mais ceux-ci sont divisés entre fidèles du Patriarcat de Kiev et fidèles de celui de Moscou, qui rejette le « concile de réunification » organisé samedi.

Si ce concile doit acter la création d’une Eglise indépendante de la tutelle religieuse de Moscou dans ce pays de plus de 40 millions d’habitants situé au portes de l’Union européenne, le sort d’une partie de ses orthodoxes reste incertain.

– Le chemin vers l’indépendance –

La Chrétienté est arrivée à Kiev, alors capitale de la Russie kiévienne, au 10e siècle depuis Constantinople, aujourd’hui Istanbul, dont le Patriarche reste la figure la plus respectée dans le monde orthodoxe.

La tutelle spirituelle de Kiev a été transférée en 1686 au Patriarcat de Moscou, qui jouit encore d’une influence considérable dans le pays.

Après la chute de l’Union soviétique en 1991, des figures religieuses ou politiques ont tenté à plusieurs reprises de créer une Eglise indépendante, sans succès.

En 1992, un ancien hiérarque du Patriarcat de Moscou, Filaret, proclame un Patriarcat de Kiev dissident. Celui-ci n’est alors reconnu par aucune autre Eglise orthodoxe dans le monde et Filaret est excommunié par Moscou.

Avec l’arrivée de nouvelles autorités pro-occidentales à Kiev en 2014 et le début d’une crise sans précédent avec la Russie marquée par l’annexion de la Crimée et un conflit meurtrier avec des séparatistes prorusses dans l’est, les autorités ukrainiennes ont plaidé auprès de Constantinople pour la reconnaissance d’une Eglise indépendante.

C’est chose faite en octobre avec une décision en ce sens du Patriarche de Constantinople, Bartholomée, qui décide également de lever l’excommunication de Filaret.

Furieuse, l’Eglise orthodoxe russe dénonce un « schisme » et rompt ses liens avec Constantinople.

– Trois Eglises –

L’orthodoxie est la principale confession en Ukraine avec 66% de croyants.

Cette communauté est actuellement divisée entre trois Eglises: le Patriarcat de Kiev, créé en 1992, le Patriarcat de Moscou et la minuscule Eglise dite autocéphale, qui représente 0,3% des croyants.

C’est le Patriarcat de Kiev qui revendique le plus grand nombre de fidèles (autour de 40%, selon des sondages), tandis que celui de Moscou (près de 20% de croyans, selon des sondage) dispose du plus grand nombre de paroisses, plus de 12.000, dont trois grands monastères (laures).

Si les autorités ukrainiennes assurent que chaque paroisse sera libre de choisir de rejoindre ou non la nouvelle Eglise indépendante, le Patriarcat de Moscou s’inquiète d’une prise de contrôle par la force de ses églises, dont plusieurs ont été récemment perquisitionnées par la police.

Le Patriarcat de Moscou a refusé de prendre part au concile de samedi, qu’il rejette comme « illégal », bien que certains de ses dignitaires pourraient s’y rendre malgré tout.

– Quel Patriarche? –

Le concile de samedi devra également se charger d’élire un Patriarche pour la nouvelle Eglise indépendante.

Filaret, qui approche les 90 ans et dont les critiques l’accusent d’avoir une famille en secret et d’avoir été un collaborateur actif du KGB, s’est dit prêt à assumer cette fonction, au risque de provoquer des crispations.

Considéré pendant un moment comme favori, il pourrait finalement ne pas présenter sa candidature, selon les dernières informations de presse.

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