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Les ouvertures sauvages de bouches à incendie, un jeu « dangereux »

Pénuries d'eau, inondations, accidents de la route... En pleine canicule, les ouvertures sauvages de bouches d'incendie en pleine rue --…

Pénuries d’eau, inondations, accidents de la route… En pleine canicule, les ouvertures sauvages de bouches d’incendie en pleine rue — le « streetpooling »– font des émules et préoccupent pompiers et policiers, qui mettent en garde contre un jeu « dangereux ».

Jeudi, un enfant de 6 ans a été gravement blessé après avoir été projeté dans les airs par un geyser provoqué par l’ouverture d’une borne à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis). Hospitalisé en urgence, il restait vendredi sous surveillance mais ses jours ne sont plus en danger

– Quels sont les risques du « streetpooling »?

« Il peut y avoir de graves pénuries d’eau, dès qu’une borne est ouverte, toutes les autres du réseau sont concernées et cela diminue le débit d’eau », détaillent les pompiers. « Il y a des conséquences directes sur notre travail: la pression d’eau diminue, ce qui ralentit notre approvisionnement en cas d’incendie », indique Eric Flores, directeur de la communication de la Fédération nationale des sapeurs-pompiers (FNSPF), évoquant de possibles « conséquences dramatiques ».

Selon le groupe français de gestion de l’eau Suez, une bouche incendie ouverte équivaut à cinq baignoires gaspillées en 60 secondes. A La Verrière, près de Trappes, « la mairie a dû couper totalement ses points d’accès à l’eau » mardi après-midi pour éviter le gaspillage, a expliqué un officier du Codis 78 à l’AFP.

En plus d’entraver le travail des pompiers, les geysers peuvent entraîner des chutes et des accidents de la route, à cause de la présence d’eau sur les trottoirs et les rues, prévient la police nationale sur Twitter.

Par ailleurs, il y a des risques d’électrocution, si des équipements électriques sont touchés, et d’inondations de caves et parkings, ajoute la police, déplorant une « mobilisation inutile des services de secours » et un « engorgement » des centres d’appel d’urgence.

– Comment endiguer le phénomène ?

« C’est un problème d’éducation. La seule chose à faire c’est de la pédagogie chez les jeunes, ils doivent trouver d’autres endroits pour s’arroser », affirme Eric Flores. Selon lui, il est « inconcevable » de prendre des mesures pour rendre plus difficile l’ouverture des bornes.

« Le principe même de ces bouches c’est qu’elles soient faciles à ouvrir pour nous en cas d’incendie, ce serait contre-productif de complexifier le dispositif, cela nous ralentirait trop », précise le pompier.

Aujourd’hui, il suffit d’un carré de manœuvre, « une sorte de tournevis », pour ouvrir une borne car le geste « doit rester simple sous l’eau ou en en cas de grand froid ». Mais il est « impossible » de le faire à main nue, précise le pompier.

Certaines villes, dont Saint-Denis, ont toutefois installé des « kits anti-effraction ».

– Quels dangers pour les personnes ?

En fonction des bornes, la pression de l’eau peut s’élever à 4 ou 5 bars: « C’est comme-ci la personne qui ouvrait la bouche à incendie recevait un coup de poing violent et était projetée au sol, c’est dangereux », alerte Eric Flores.

L’enfant gravement blessé à Saint-Denis avait percuté le sol après avoir été projeté par le jet de la bouche à incendie. « Dans ce cas, on se rend bien compte que toutes les personnes qui jouent autour peuvent être aussi gravement blessées », ajoute le pompier.

Des « millions » de bouches à incendie parsèment les rues en France, selon M. Flores. « A Paris, ce sont essentiellement des plaques et dans le reste de la France, il s’agit plus de petits poteaux rouges qui font des jets d’eau plus verticaux et sont donc moins dangereux quand on les ouvre », raconte le pompier. Selon Suez France, la hauteur du jet d’eau peut atteindre 10 mètres.

Toute personne qui ouvre sauvagement une bouche à incendie risque une amende de 75.000 euros pour dégradation d’un bien « destiné à l’utilité publique », selon le code pénal.

Lors d’un épisode de canicule en 2017, un millier d’ouvertures de bouches à incendie avaient été recensées à Paris et dans trois départements limitrophes (Seine-Saint-Denis, Hauts-de-Seine, Val-de-Marne).

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