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Les patrons, les obligés et les relations: la galaxie Balkany au tribunal

Un ami redevable, un avocat fidèle ou un entrepreneur saoudien: c'est toute une galaxie gravitant autour des époux Balkany, poursuivis…

Un ami redevable, un avocat fidèle ou un entrepreneur saoudien: c’est toute une galaxie gravitant autour des époux Balkany, poursuivis pour fraude fiscale et blanchiment, qui se retrouvera à leur côté lundi au tribunal, pour complicité ou corruption à des degrés divers.

Les Balkany

Isabelle et Patrick Balkany sont tous deux renvoyés devant le tribunal correctionnel de Paris pour fraude fiscale et blanchiment de fraude « commis de façon habituelle », pour avoir dissimulé des revenus occultes au fisc et un patrimoine « tout aussi occulte » en ayant recours à des prête-noms et à des structures offshore, entre 2007 et 2014.

Patrick Balkany, maire LR de Levallois, est aussi accusé de corruption passive et de prise illégale d’intérêts par personne dépositaire de l’autorité publique.

Les époux sont également poursuivis pour avoir menti sur leur patrimoine.

Les juges d’instruction ont traqué ce patrimoine dissimulé, évalué à au moins 13 millions d’euros: une villa à Saint-Martin, qu’ils ont finalement reconnu posséder, un riad à Marrakech, dont ils nient toujours être les propriétaires. Et surtout, l’enquête a mis au jour des montages « très sophistiqués », avec des sociétés-écrans basées au Liechtenstein, au Panama ou aux Seychelles et des comptes en Suisse ou à Singapour, destinés à brouiller la piste des réels ayants droit économiques.

Leur fils Alexandre va comparaître pour blanchiment de fraude fiscale, pour avoir souscrit « deux baux de location fictifs » en 2011 et 2014 pour le riad de Marrakech, destinés à fournir une couverture à ses parents qui « bénéficiaient de la villa sans apparaître comme propriétaires ni comme locataires ».

Jean-Pierre Aubry

Ancien basketteur et bras droit de Patrick Balkany à la mairie de Levallois, il devient en avril 2008 (et jusqu’en 2014) directeur général de la Semarelp, société en charge de l’aménagement de Levallois présidée par le maire. Il comparaît notamment pour blanchiment de fraude fiscale, prise illégale d’intérêts et complicité de corruption passive.

Ce fidèle de Patrick Balkany a eu pour les juges « un rôle central » dans l’acquisition d’un somptueux riad à Marrakech en janvier 2010.

Il est décrit comme la cheville ouvrière du montage financier, étant le bénéficiaire déclaré des deux sociétés panaméennes créés en 2007 (Hayridge) et 2009 (Himola), dont les titres étaient au porteur.

Himola a servi à collecter 5 millions de dollars versés par l’industriel belge George Forrest. Le magnat du cuivre congolais a expliqué aux enquêteurs avoir versé cette somme au titre d’une commission destinée à Patrick Balkany qui lui avait « apporté une affaire » en Namibie. Une partie de cet argent (2,5 millions d’euros) a été versée en dessous de table directement au vendeur du riad.

Hayridge, qui détient les titres de propriété du riad à travers une SCI marocaine, Dar Guycy, a servi à la gestion de la maison.

Arnaud Claude

L’indispensable avocat, ex-associé de Nicolas Sarkozy qui fut longtemps un intime des Balkany, a assisté à de nombreuses négociations impliquant la commune de Levallois et son maire. Il est poursuivi pour blanchiment et complicité de corruption commise par Patrick Balkany.

Avocat de la Semarelp, « gros client » de son cabinet, il est désigné par les enquêteurs comme « maître d’oeuvre » dans la création de sociétés offshores au profit des Balkany.

C’est lui qui accompagne Jean-Pierre Aubry en Suisse pour créer deux sociétés, lui qui négocie avec l’agent immobilier pour le riad de Marrakech, lui qui donne des instructions au notaire marocain: il est « omniprésent » selon les juges. Lui affirme que son intervention a été « purement amicale pour aider M. Aubry sur les aspects de pure technique immobilière ».

Mohamed Al Jaber

Richissime homme d’affaires saoudien aux féroces appétits immobiliers, Mohamed Al Jaber est accusé de « corruption active envers une personne dépositaire de l’autorité publique », en l’occurrence Patrick Balkany.

Il est soupçonné d’avoir réglé en 2009, via un notaire, le prix officiel du riad marocain (2,75 millions d’euros) en échange de délais de paiement supplémentaires dans un juteux marché, celui de la construction des Tours de Levallois – qui ne sortiront finalement jamais de terre.

Les enquêteurs ont relevé qu’alors que Mohamed Al Jaber se voyait confier par la Semarelp le marché des Tours, il avait non seulement payé le riad mais aussi mis à disposition du maire de Levallois son jet privé et offert à Jean-Pierre Aubry une montre valant 15.000 dollars.

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