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Les peines mais aussi les joies de l’équipage de l’Aquarius

Ils avaient secouru 630 migrants au large de la Libye, erré sept jours en Méditerranée à la recherche d'un port…

Ils avaient secouru 630 migrants au large de la Libye, erré sept jours en Méditerranée à la recherche d’un port qui accepte d’accueillir l’Aquarius avant d’accoster à Valence: des membres de l’équipage de l’Aquarius ont confié à l’AFP les peines mais aussi les joies de leur mission.

Il y a encore quelques semaines, le navire serait rentré à Catane, son port d’attache en Sicile, mais il y est désormais indésirable, comme l’a confirmé vendredi le ministre italien de l’Intérieur Matteo Salvini pour qui les ports italiens resteront fermés aux navires des ONG « tout l’été », y compris pour leur ravitaillement.

Son escale technique à Marseille, où il est arrivé vendredi matin, est prévue pour quatre jours, et l’équipage de l’Aquarius qui vient de débarquer se souvient des jours passés en mer et des situations d’urgence vécues jour après jour.

« Je me souviens d’un sauvetage difficile concernant 200 personnes. Ils étaient finalement 600 à bord. Cette nuit-là, j’ai pu lire la peur dans leurs yeux. On affrontait des creux de 4-5 mètres, c’était énorme pour leur bateau et ces gens n’avaient jamais vu la mer », raconte à l’AFP Jérémie Demange, un jeune sauveteur français. « Ils étaient traumatisés et j’ai réalisé que je l’étais aussi ».

Dragos Nicolae, reste lui à jamais marqué par cette nuit de janvier quand il a vu le corps étendu d’une jeune femme, au fond du canot où elle avait pris place dans l’espoir d’un avenir meilleur en Europe.

« J’ai vu cette femme allongée, cela ressemblait à une position normale et j’ai pensé qu’elle se reposait. J’ai espéré qu’elle bouge, mais quelques minutes après, j’ai compris qu’elle était morte. C’était une magnifique jeune femme de 24 ans. Je me souviens l’avoir mise dans un grand sac blanc. Elle a laissé derrière elle son enfant de huit mois », relate ce sauveteur roumain.

Mais il y a aussi des moments de joie comme lors de la naissance à bord de Miracle, dont la mère avait quitté la Libye à bord d’un canot pneumatique, se souvient la sage-femme ivoirienne Amoin Soulemane: « toute l’équipe était heureuse et c’était vraiment magnifique ».

Après neuf mois à bord, l’infirmier américain Tim Harrison a de nombreux souvenirs. « Mais il y en a un que je n’oublierai jamais, c’est quand j’ai sorti de l’eau un homme qui se noyait ».

« On lui a sauvé la vie. Il est en vie et travaille aujourd’hui, quelque part dans le monde espérons-le »

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