InternationalAFP




Les principaux défis économiques du gouvernement italien

Le nouveau gouvernement formé par les sociaux-démocrates et l'inclassable Mouvement 5 Etoiles devra gérer une situation économique difficile. Voici les…

Le nouveau gouvernement formé par les sociaux-démocrates et l’inclassable Mouvement 5 Etoiles devra gérer une situation économique difficile. Voici les principaux défis qui l’attendent:

– Une croissance en berne

La troisième économie de la zone euro se porte mal. Après une « récession technique » au second semestre 2018 (en recul de 0,1% sur les deux derniers trimestres), l’Italie a connu une croissance nulle de son Produit intérieur brut (PIB) sur les six premiers mois de 2019.

Pour l’ensemble de l’année, la Commission européenne et le Fonds monétaire international (FMI) tablent sur une croissance de seulement 0,1%, et le gouvernement de 0,2%. Mais certains experts sont encore plus pessimistes, estimant que la péninsule pourrait de nouveau tomber en récession.

L’économie italienne est affectée par le ralentissement qui touche toute l’Europe, les tensions commerciales entre Pékin et Washington, mais aussi par la prudence des entreprises qui investissent moins, inquiètes à la fois de l’évolution mondiale et de l’instabilité politique.

– Chômage et pauvreté

S’il a reculé depuis le début de l’année, le taux de chômage touchait encore 9,7% de la population active italienne en juin, contre 7,5% en moyenne dans la zone euro et très loin des 3,4% affichés par les Pays-Bas ou les 5% de l’Allemagne.

Chez les jeunes, la situation est encore plus préoccupante. Quelque 28% des 15-24 ans souhaitant être actifs sont au chômage, soit près du double de la moyenne européenne (15,4%).

Cinq millions de personnes dans la péninsule vivent en situation de pauvreté absolue, ce qui représente 8,4% de la population.

Et l’écart entre le nord et le sud du pays est abyssal. Dans le Mezzogiorno (sud appauvri), 10% des familles se trouvent dans une telle situation, contre 5,8% dans le nord où se trouvent de nombreuses entreprises, en particulier les PME.

Outre la lutte contre le chômage, le gouvernement devra ainsi tenter de redynamiser le sud, qui se dépeuple faute d’emplois et d’infrastructures (routes, écoles, services sociaux).

– Une dette publique colossale

L’équation est compliquée par la colossale dette publique italienne. S’élevant à plus de 2.300 milliards d’euros, elle représente 132% du PIB italien, ce qui en fait le ratio le plus élevé de la zone euro derrière la Grèce.

Bruxelles ne cesse donc de presser Rome de réduire son déficit public. A plusieurs reprises, de vives tensions ont eu lieu entre la Commission européenne et la coalition populiste sortante, formée de la Ligue de Matteo Salvini (extrême droite) et du Mouvement 5 étoiles (M5S, anti-système).

L’exécutif sortant avait fini par accepter de réduire son déficit à 2,04% du PIB en 2019, au lieu de 2,4%, mais les regards se sont vite tournées vers le budget 2020 qui s’annonce encore plus compliqué.

En janvier est prévue une hausse automatique de la TVA, qui doit permettre de combler un trou de 23 milliards d’euros dans les caisses de l’Etat.

Cette mesure est extrêmement impopulaire et « risque de déprimer aussi bien la consommation, en touchant d’abord les pauvres, que les profits des entreprises qui décideraient de ne pas augmenter proportionnellement leurs prix », a expliqué à l’AFP Carlo Alberto Carnavale Maffe, professeur à l’université Bocconi de Milan.

Conséquence: « un cercle vicieux, car si les entreprises dégagent moins de profits, elles investiront moins », dans un contexte de croissance qui s’annonce déjà nulle, ajoute-t-il. Et ce alors même que « l’export est en crise, en raison de la guerre commerciale lancée par les Etats-Unis, et du ralentissement de l’économie allemande ».

Ce sera l’une des premières tâches à accomplir pour la nouvelle majorité PD-M5S dont avait eu l’idée l’ex-Premier ministre Matteo Renzi, en proposant un « gouvernement institutionnel » capable de stopper cette hausse de la TVA pénalisante pour les familles, après le dynamitage de l’alliance entre les Cinq Etoiles et la Ligue de Matteo Salvini le 8 août.

Pour parvenir à une équation acceptable par Bruxelles, il faudra tout de même soit couper des dépenses soit augmenter d’autres taxes.

Suivez l'information en direct sur notre chaîne